inter-vious et murat

Publié le 7 Janvier 2014



     

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     Malgré l’activité de niche de ce  blog,  je suis quelques fois sollicité par des jeunes artistes (rappelez-vous Jeanne Cherhal, Françoise Hardy, Erik Arnaud, Bertrand Louis) et j’hésite parfois à leur ouvrir la porte... Mais en quelques jours, j’ai reçu deux albums de camarades facebookiens, dont j’avais eu d’ailleurs l’occasion de vous parler. Cette simultanéité d’actu autour de la sortie de leur premier album,   et leur goût commun, certes de Murat, mais aussi de la guitare, et de la musique américaine, m’a poussé à leur proposer une inter-ViOUS ET MURAT- croisée comme celle réalisée avec LE VOYAGE DE NOZ, PORCO ROSSO et  Karl-Alex STEFFEN…

 

 

A votre droite:   MATHIS, lyonnais, Il écume les scènes lyonnaises depuis quelques années, il  nous avait proposé sa reprise de JIM en 2011 déjà.  Il sort « CENTRE VILLE », un album pop-rock « varié » (on en reparlera) non dénué de belles envolées rock.    

 

A votre gauche, Antonin Lasseur.  Il est bien connu des muratiens fidèles sur les réseaux, où il avait déjà partagé quelques-unes de ses reprises de Murat. En janvier 2012,  après avoir  lu ici-même  l’annonce d’une rencontre (brunch musical)  à la bibliothèque de St-Denis autour de Murat,  il n’avait pas hésité à prendre sa guitare pour animer  l’événement.       Antonin sort « Made in Détroit », un album aux couleurs blues tranchant, qu’il a enregistré avec des musiciens américains… et ça déménage… si bien qu’on n’a pas à se poser la question « mais qu’allait-il faire au Michigan ? ».  

 

 Et… et .. j’allais presque oublier de le signaler : ils chantent en français… Et c’est bien-sûr décisif pour moi !  

 

  Bonjour, jeunes hommes! 

- Avant qu'on parle de votre musique, j'aimerais que vous vous présentiez d'abord un peu personnellement...  

 

Antonin: J’ai 24 ans et je suis originaire de l’Oise au nord de Paris. J’ai commencé la musique au conservatoire municipal de Creil à 6 ans, j’y ai appris le piano. Puis j’en ai eu marre des auditions de fin d’année (ratées évidemment !), j’ai migré vers l’école de musique actuelles Divine Mélodie. C’est là que j’ai appris la guitare et rencontré d’autres musiciens avec qui j’ai formé mon premier groupe. Evidemment, on jouait beaucoup de reprises de JLM. A tel point que tout le monde m’appelait « Jean-Louis » dans l’école !

 

Avec ce groupe, j’ai commencé la composition de chanson pour pouvoir participer au tremplin lycéen Picardie Mouv en 2006 auquel on a échoué sur la seconde marche du podium.  

Le groupe s’est séparé après le bac et je suis parti faire mes études d’ingénieurs sur Paris et je n’ai plus joué en groupe jusqu’à l’année dernière avant de partir pour ce stage d’un an aux Etats-Unis, où j’en ai profité pour enregistrer 9 chansons originales qui constituent mon premier album studio que j’ai tout naturellement choisi d’appeler « Made in Detroit ».    

 

 

Mathis: Contrairement à Antonin, je ne suis pas un grand voyageur : né à Lyon il y a 36 ans, j’y vis toujours, et c’est là que j’ai enregistré mon album, qui de plus s’appelle « Centre ville » ! La musique était d’abord très présente dans mon entourage familial : on écoutait toujours la radio, le top 50 à la télévision, ma mère achetait des 45 tours. Je baignais dans une ambiance « variétés françaises », et ça a conditionné mes premiers goûts d’auditeur : Goldman, Berger, puis Eicher, Daran, Bashung un peu plus tard. J’ai commencé la  guitare en autodidacte au lycée avec un pote, histoire de se donner du courage pour déchiffrer les tablatures des MTV Unplugged de Clapton et de Nirvana, albums qu’on écoutait en boucle au milieu des années 90 ! Progressivement, l’envie de monter un groupe s’est fait sentir, et j’ai continué comme ça, dans      une optique de reprises de tubes rock, jusqu’en 2007, en parallèle de mes études. Je me suis mis à écouter progressivement beaucoup de blues, puis Bob Dylan, Neil Young, Springsteen….    

 

A côté de ça, je bossais des chansons « personnelles », en français, un peu dans la tradition de mes références initiales, choses qui n’étaient pas vraiment compatibles avec le répertoire scénique que je développais en groupe au même moment (Beatles, Stones, Led Zeppelin, Radiohead, Pearl Jam…). Après quelques années d’hésitation, et beaucoup de maquettes solitaires, ça a fini par donner la trame de mon 1er album studio, après 12 ans de musique : « Centre ville », enregistré l’hiver dernier.  


   

- Mathis, tu as donc une assez grosse expérience de la scène… des bars… ce qui a d’ailleurs inspiré une chanson de l’album… et tu jouais parfois du Murat également (Tu nous as partagé ta version de « Jim » sur le blog)… Murat, pas un choix évident pour capter l’attention ?  Cela fonctionnait bien ?  


Mathis:  Oui, plus de 120 concerts, dont une bonne moitié en tant que « chanteur de bar », comme je le décris dans une de mes chansons, en effet, accompagné en groupe, mais aussi parfois tout seul à la guitare. C’est dans cette configuration que cela m’arrivait de placer quelques chansons françaises au milieu de mon répertoire anglo-saxon, et je dois bien dire…que cela ne marchait pas du tout ! ..Murat comme le reste. J’en ai de fait très peu interprété, je reprenais quand même pour me faire plaisir « Jim » donc, mais aussi « les jours du Jaguar » alors que le public de café-concert venait surtout pour écouter des trucs festifs on me demandait « femme libérée » par exemple….un autre monde, de l’animation en fait. Pas vraiment de la musique. C’est aussi pour ça que j’ai eu envie d’arrêter et que je me suis consacré à un projet plus « artistique », afin de changer de catégorie et de jouer dans des lieux où les gens viennent volontairement écouter de la musique.








- J’entendais encore ce week-end, c’est un classique, une artiste raconter que c’était une formation unique, de jouer dans les bars… Pour en revenir au « jaguar », Antonin, c’est aussi le surnom que tu t’étais choisi dans la « murosphère »… et tu avais partagé aussi une ou deux reprises (« qu’est-ce que ça veut dire »  plus récemment)… Est-ce que tu peux nous en dire plus sur ton histoire avec Murat ?  Tu le connais je crois…
 



Antonin:
Un beau jour de 1996, mon père se baladait au Virgin Megastore des Champs (RIP…) et ils y diffusaient une chanson de Dolorès, ça devait être Le train bleu je crois. Mon père a tout de suite été happé et il a commencé à acheter tous ses disques, à aller aux concerts, et à discuter un peu avec lui en after (c’est suite à ça que j’ai eu la chance de le rencontrer). Pour moi à l’époque, Murat, c’était « le chanteur de papa ». Je ne m’y intéressais pas plus que ça même si je me souviens que j’étais fan de « Jim » (comme Mathis !). Puis un jour mon père m’a convaincu d’aller le voir en concert pour la tournée Moujik. Manque de bol, le concert a été annulé pour la raison que l’on connait maintenant…  

Le grand basculement s’est fait avec Lilith. Comme tout le monde, j’ai pris une grosse claque avec Les jours du jaguar (d’où mon pseudo sur le forum). Je me souviens avoir passé des mercredis matins entiers à jouer à la console avec Lilith en boucle à la maison !

C’est à Murat que je dois mon apprentissage de la guitare, de l’harmonica, mais aussi mes découvertes musicales : Ferré, Neil Young, Cohen, Dylan, entres autres. Je ne peux pas en être sûr mais, je pense que sans lui, je n’aurais pas commencé à jouer en groupe et à écrire des chansons.

Bien sûr, j’ai tous les disques, un paquet de bootlegs de concerts et d’inédits grâce à quelques personnes bienfaitrices rencontrées notamment sur le forum. J’ai longtemps été très fanatique mais j’ai aujourd’hui pris un peu de recul par rapport à tout ça. J’ai mis du temps mais j’ai retrouvé un esprit critique et c’est beaucoup mieux comme ça !  

 

Mathis : C’est très touchant ce que tu racontes Antonin : c’est vrai que les rencontres artistiques sont souvent liées à nos entourages, à des souvenirs marquants. Pour ma part, ça ne s’est pourtant pas du tout passé comme ça vis-à-vis de Murat : je ne connaissais pas vraiment, ou du moins pas vraiment bien. Je n’avais que deux références éloignées qui, vers 20 ans ne m’avaient pourtant pas forcé à sauter le pas : un ami de fac qui ne jurait que par « Nu dans la crevasse », le titre m’intriguait, sans plus, et un papier dans Rock’n’folk je crois où Murat disait qu’il aimerait faire avec l’Auvergne ce que Springsteen avait fait dans ses chansons avec le New-jersey : une     sorte de territoire « à la marge » ou pourtant des choses significatives se passent. J’avais trouvé ça séduisant.  

C’est bien plus tard, 5 ou 6 ans après, que je suis tombé par hasard, sur…. « A bird on a Poire » : Antonin, tu disais que Murat t’avais fait remonter à la source du folk et des songwriters américains, moi ce fut le contraire : à force de le voir citer mes références préférées, j’ai fini par m’intéresser au personnage : cette allusion à Léonard Cohen m’a fait acheter…Lilith, presque par hasard, parce que j’avais entendu quelques chansons lentes qui me plaisaient beaucoup. Mais en mettant le cd, grosse claque : «les jours du Jaguar », chanson définitive pour moi aussi.

 

Après, et bien c’est le chemin traditionnel d’un amateur de musique, on se renseigne, on écoute les autres albums, on cherche de l’inédit. Je ne peux pas dire que je suis réellement « fan », j’aime surtout l’époque allant de Mustango à Taormina, puis aussi « Le cours ordinaire des choses » enregistré à Nashville, je crois : bel album, splendide chanson titre. Ce que j’aime surtout, c’est son côté impliqué, le type ne plaisante pas avec la musique, il ne fait pas semblant. Ce côté puriste se retrouve surtout dans ses textes, évidemment. J’aime assez cette sorte d’intégrité, qu’il revendique beaucoup d’ailleurs dans ses interviews.

 

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Murat Mathis 1Murat Mathis 2  

Mathis: j'écoute de la musique principalement dans ma voiture : le lieu où je peux mettre les disques à fond, où je me concentre sur les arrangements, où je vérifie les mixs de mes maquettes aussi ! ....photo prise dans les rues de Lyon au petit matin, "les jours du Jaguar" à haut volume !

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-  Alain Klingler, chanteur de mes amis sur FB, a aussi une passion, je crois qu’on peut utiliser le terme, pour les « jours du jaguar » : « la chanson la plus belle qui puisse exister, je me la chante tous les jours depuis 11 ans (12 ans ?) ! J'ai l'impression que jamais je n'en percerai le mystère » m'a-t-il écrit un jour !!! 

On passe du coup aux questions rituelles de l’interview… même si on devine certaines réponses :

  • Votre album préféré? Disons vos 2 ou 3 et pourquoi bien-sûr…   

  • Et s'il fallait retenir 3 titres?  … en enlevant le jaguar (hors classe)

  • Un concert en mémoire en particulier, une anecdote de concert  de Murat ? 

  •  Est-ce qu’il y a dans votre répertoire une chanson qui vous évoque Murat, ou dont Murat aurait participé à l’inspiration ?



   

Antonin:
Pour les albums, je dirais Mustango pour l’histoire spéciale de sa confection et puis parce que laprod est fabuleuse. En plus, c’est l’album qui a contribué à révéler le guitare-héro Murat de la période d’après. Ensuite je dirais Le moujik, parce que justement, Murat était galvanisé par son expérience américaine et que pour seulement 12 heures d’enregistrement, le résultat est bluffant ! Et malgré des textes plus « faciles » qu’à l’accoutumée, les chansons sont bonnes et assez entrainantes, c’est un album festif. Et puis enfin, je suis obligé de dire Lilith. Quand on y réfléchit, c’est quand même un triple vinyle, 23 chansons avec très peu de faiblesses et beaucoup de chefs-d’œuvre (Le jaguar,Se mettre aux anges,…)! Ces 3 albums, c’est pour moi l’âge d’or de Murat, un peu comme la période 64-66 pour Dylan avec la trilogie Bringingit all back home, Highway 61 et Blonde on Blonde.  

Pour ce qui est des chansons, Nu dans la crevasse, parce qu’il nous tient en haleine pendant 10 minutes avec son histoire,Qu’est-ce que ça veut dire, parce que c’est probablement la chanson que j’ai le plus écouté et qui m’a le plus ému depuis Les jours du jaguar, et Aimer, parce que c’est une ode à l’amour magnifique de quelqu’un que l’amour vient de trahir.

Evidemment mes premiers concerts m’ont marqué, quand il enflammait la Cigale pour la tournée Lilith et Parfum d’Acacia. Je me souviens d’ailleurs que sur cette tournée, il avait rendu un bref hommage à Nougaro qui venait de nous quitter en glissant un « c’est d’quelle côté la Seine » sur l’intro de Se mettre aux anges je crois bien. J’ai longtemps cherché un enregistrement de ce concert mais en vain.  

Il n’y a aucune de mes chansons directement inspirées par Murat puisque le seul fil conducteur, c’est moi-même. Par contre, ma façon d’écrire et de composer est très « muratienne » puisque j’ai tout appris en écoutant ses chansons. Par exemple, Le poète est, je pense, celle qui     « sonne » le plus Murat. D’ailleurs le dernier couplet m’est venu sur l’autoroute Clermont-Lyon (que tu connais bien Pierrot J) après une visite chez JLM justement.


    Muratphoto antoninAntonin, le jaguar...



Mathis :
Sans se concerter, on a exactement la même vision des choses avec Antonin ! Je pense aussi que sa période Mustango-Moujik-Lilith est son sommet. Le parallèle avec la période 1964-1966 de Dylan me semble tout à fait pertinent !

 

Mon album préféré est indiscutablement « Lilith » : il y a une atmosphère sombre, mortifère, une cohérence générale très probante. Réussir cela sur un double album, c’est très fort.

Ensuite, « Mustango », évidemment, qui contient quand même de sublimes chansons. Et laprod, en effet…. Ce que j’aime dans cet album c’est le son assez intemporel : ça sonne juste comme il faut. Enfin, je citerai « Le moujik et sa femme » : ces 3 albums comportent la même puissance évocatrice à mon sens. Je trouve les autres, notamment les 2 derniers beaucoup plus disparates…

En ce qui concerne les chansons…..« Nu dans la crevasse », pour la folie : plus de 10mn, un texte infini, trempé dans du venin, des choristes soul derrière : un vrai tour de force.
« Comme un incendie » : morceau puissant, j’aime le propos sans concession. Je n’ai jamais     compris pourquoi cette chanson, et plus globalement cet album, n’avait pas marché.
« Le contentement de la Lady » : j’adore ces ambiances intimes, comme sur le live Muragostang, ou qu’on retrouve aussi dans d’autres  titres de Lilith : on sent vraiment la sensibilité, sans faux semblants, notamment grâce à sa voix, vraiment mise en valeur dans ce genre de registre.

Sur le plan de la scène, ce sera assez rapide pour ma part, car j’aime assez peu aller voir des concerts, même des artistes que j’adore : au bout d’un moment, j’ai toujours envie de jouer à leur place, c’est très étrange et très frustrant ! je prends rarement du plaisir en tant que spectateur.

 
De fait, je n’ai vu Murat….qu’une fois, au Ninkasi Kao à Lyon il y a 2 ans. J’ai apprécié notamment le guitariste assez doué : on ne parle jamais de ça chez lui, mais il a un vrai feeling, un peu « laid-back » à la JJ Cale, saupoudré d’un petit côté Neil Young, tout ça me séduit beaucoup.  

Sur le plan de l’inspiration, non je ne retrouve pas d’influence directe, si ce n’est dans le traitement de ma dernière vidéo « Ca commence aujourd’hui » enregistrée live en studio, et en noir et blanc, comme le dvd « parfum d’acacia au jardin » par Nick Kent (c’est de l’écriture visuelle on va dire !)4

  - Ah, je vous ai soumis un peu à la torture avec ces questions, je pense qu’on peut l’avouer aux lecteurs !

On parlait des concerts… et il y a deux jours, Antonin, tu jouais à Paris… Comment cela s’est passé ? Tu as trouvé les musiciens pour t’accompagner ?      Et puis, puisque Mathis parlait du COURS ORDINAIRE des choses, on va parler de ton album : il m’a fait penser en effet à cet album de Murat… parce que derrière,  il me semble qu’on entend clairement  le « made in » States ! … ce qui nous fait revenir à la première partie de la question sur  la mise en « scène »  de cet album ?

 

Antonin:  Malgré quelques problèmes techniques et un manque de préparation, on va dire que pour un premier concert c’est encourageant. En rentrant de Détroit en mai dernier, je me suis mis à chercher des musiciens pour m’accompagner. Malgré internet et la multiplicité des annonces, c’est très difficile de trouver des musiciens fiables et dont le niveau, la motivation, et la disponibilité correspondent Sans compter qu’il faut aussi que le courant passe ! Et puis tant qu’à faire, j’ai pris quelques potes aussi: il y a Thomas, le guitariste soliste, qui est un peu mon Fred Jimenez à moi (sparingpartner) et puis Raphaël aux claviers. Lui, on est amis depuis la première année de maternelle et on a toujours fait de la musique ensemble.

Pour l’histoire de l’album, il se trouve que je suis parti faire un stage ingénieur d’un an à Détroit. J’avais dans l’idée de revenir avec 2,3 maquettes enregistrées sur place. Il se trouve que pendant cette année d’immersion, je me suis retrouvé à écrire pas mal de chansons et je me suis dit qu’il fallait en profiter pour aller jusqu’au bout et faire un album. J’avais un prof de guitare, Joe Mazzola, autour de qui le projet s’est articulé. Il m’a aidé pour les arrangements et il connaissait un studio pas trop cher avec de bons musiciens (ceux du groupe Wasabidream). A l’origine, je voulais que l’album soit produit par Matthew Smith qui est assez reconnu sur la scène de Détroit. Je l’avais rencontré dans un Record Store et il a été emballé par le projet. Il a fait la première séance d’enregistrement avec nous puis il a été appelé pour accompagner Rodriguez (Sugar man) à la guitare. J’ai donc du continuer sans lui et me débrouiller avec les autres musiciens mais ils ont été supers et je ne regrette absolument pas.

 

Ca sonne effectivement américain mais pas Nashville comme Le cours ordinaire des choses. J’aurais aimé avoir plus d’instruments comme du pedal-steel ou un vrai orgue Hammond B3 mais j’avais des contraintes de coût et de temps. C’est un album réalisé avec une paye de stagiaire mais je pense que j’ai bien réussi mon coup.  


Mathis :
Franchement, j’en profite pour te féliciter, Antonin, pour la qualité et la cohérence sonore de l’album : un vrai disque de puriste, comme j’aime !

Antonin: Effectivement, je vois qu'on partage beaucoup de goûts. J'ai notamment pu voir à travers tes vidéos lives ton goût pour la Telecaster et la Gibson J 45...Et puis ta reprise de Cortez the killer, chanson que j'aime beaucoup.

Mathis: merci ! …mais j’ai remarqué que les guitares sur ton disque sonnaient super bien aussi !




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- Effectivement, ça sonne d’enfer… Très blues (j’ai pensé un peu à Bill Deraime)… alors que toi, Mathis, ton album est peut-être un peu plus pop,  disons pop-rock, avec des inclinaisons sprinsteenniennes. Tu évoquais aussi Eicher plus haut, j’y ai pensé à l’écoute… ainsi qu’à… bon, allons-y… Pascal Obispo par moment dans la voix…  parle –nous de ton album !

Mathis: Oui, mon orientation n’a pas été vraiment la même que celle choisie par Antonin. Disons qu’après 10 années de reprises blues-rock, j’avais aussi un peu envie d’autre chose, même si ces chansons étaient nouvelles. On me cite beaucoup Eicher, Saez même parfois, Obispo, c’est la deuxième fois !

Au risque de faire bondir tes lecteurs, voir Antonin, ou même Murat lui-même, je vais te dire que cette dernière référence ne me gêne pas plus que ça ! D’abord parce que les chansons appartiennent aussi aux auditeurs, et qu’ils pensent ce qu’ils veulent (c’est ce que je pense en tous cas !) et aussi parce qu’au-delà de toutes les critiques qu’on peut éventuellement émettre, faut pas oublier que ces artistes estampillés « Variétés françaises » sont aussi des gens qui connaissent très bien leur métier.
Obispo a par exemple racheté le studio plus XXX dans les années 2000 : ces mecs-là sont des passionnés de musique, même si on peut toujours critiquer certaines facilités.  

Pour en revenir à mon album, je sais qu’il est reçu parfois avec étonnement dans mon entourage, par rapport à mon passé, mais j’assume complètement l’étiquette « chanson » : j’avais envie de confronter mes réflexes de musicien à un univers plus épuré, où le texte prendrait de l’importance. J’avais aussi l’idée de faire intervenir beaucoup de gens : il y a 14 musiciens en tout dans l’album, une dizaine d’instruments différents : ce qu’on appelle au sens strict de la variété, en fait ! Sortant de 10 années de groupes, je voulais organiser ce projet différemment, ce qui produit forcément une impression moins « compacte » qu’une série de chansons enregistrée par les mêmes musiciens. On y perd en unicité mais on y gagne en variations. Ca me semblait approprié à la thématique que je voulais exprimer : un type solitaire au milieu de la grande métropole, ses inquiétudes et ses espérances face à un monde qui le dépasse et qui le nourrit intrinsèquement.

 

   


 -  Un « premier album » en somme… où l’on peut discerner les différentes voies qui te sont ouvertes.   Pour évoquer les textes, est-ce que vous vous voyez  comme des véritables « ACI », ou c’est la musique, et le besoin de passer par des chansons, qui vous a conduit à écrire ? (je ne sais pas si je suis clair).  Pouvez-vous nous en dire plus sur cette partie ?  

 

Mathis: Pendant longtemps, mon rapport à la musique ne passait que par la guitare : j’aimais tout ce qui se rapportait à ça : le blues, mais guitaristique, le rock, mais avec des solistes, etc. Et puis évidemment, progressivement, ça s’est rationnalisé ! Donc au départ, c’est la musique, et plus que ça, l’instrument lui-même. Maintenant que je défends mes propres chansons et plus des reprises, mon rapport à la musique a changé : c’est devenu un ensemble. Récemment dans une interview radio on me demandait si j’étais prêt à m’inscrire à « The voice » pour réussir plus vite (ou pour réussir tout court d’ailleurs !) : spontanément, j’ai dit « non, non » car vraiment, cela me couperait de ce que j’aime le plus : écrire des chansons. L’interprétation est presque devenue secondaire pour moi aujourd’hui. Ce qui me plait le plus désormais, c’est l’élaboration d’un texte et d’une musique qui, associés ensemble pourront transmettre quelque chose, dans le message, comme dans le feeling.
Cette construction particulière me plait vraiment.


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Antonin:
En écoutant Mathis, c’est vrai qu’on pense à Obispo mais j’ai aussi tout de suite pensé à Saez. J’ai été très ému par sa chanson sur le chanteur de bar car je sais bien ce qu’il ressent. Pour moi, il n’y a rien de pire que chanter devant des gens qui n’en ont rien à foutre que tu sois là.

Pour en revenir à ta question Pierrot, textes et musiques sont pour moi des couples indissociables. Je rejoins Ferré là-dessus, je pense que la musique sert la poésie, elle la révèle. Je peux être aussi ému par un solo de Danny Whitten que par un vers de Baudelaire, pourvu qu’il soit chanté.  

Tout ceci vient je pense de la volonté de privilégier la musicalité au sens (oui, ça vous rappelle quelqu’un, je sais !). C’est ce que j’essaie de faire, trouver le bon couple paroles-musique. Mais dans « paroles » il faut y voir en fait « ligne de chant » et « rythme du phrasé ». Ce sont toujours ces deux paramètres qui m’attirent en premier l’oreille avant que je ne me penche sur le sens des mots.

 

 

- Une question sur votre vie d'artiste: comment vous voyez la suite (statut d'intermittence : graal ou pas un objectif pour toi Mathis), si vous vous voyez comme des "jobs à côté" (comme dirait Murat)... 
J'aimerais aussi en savoir plus sur ta gestion de la promo, ton automanagement Mathis... : diffusion du cd, deezer, booking... et Antonin, voir tes perspectives de ce côté là... 

 

 Mathis: Mon ambition est d'essayer de pousser le projet au maximum de ses possibilités : c'est à dire jouer en 1ère partie d'artistes, diffuser ma musique afin qu'elle puisse plaire au plus grand nombre puis aux professionnels.  

Je laisse les choses évoluer et me donne le temps de voir.

J'essaie pour l'instant de gérer ces choses-là pour m'aguerrir à ce milieu, et démontrer ma capacité à faire évoluer les choses à partir de ma "petite structure". C'est pour cette raison que j'ai beaucoup démarché les médias locaux (Lyon et alentours); tout passe par moi pour l'instant (booking, presse, diffusion numérique, etc).



Antonin:
Cela fait 2 mois que mon album est sorti, j’avais pas mal d’illusions et de fierté au début mais j’ai vite remis les pieds sur terre. J’ai compris qu’il faut ne rien attendre de personne et ne compter que sur soi-même. Il y a une maxime de JLM que j’aime me rappeler : « Prévoir le pire pour ne jamais être surpris ! ». Je fais tout tout seul depuis le début de ce projet et je fais ça en parallèle de mon boulot d’ingénieur, ce qui ne me laisse pas tout le temps que je voudrais. Je prends le temps qu’il faut et comme Mathis, je construis ma petite structure pierre par pierre, à mon rythme, pour ne pas en être dégoûté. Mais il ne faut pas se mentir, ce métier n’est pas un métier d’avenir et de toute façon, je sais que la musique que je fais est et restera confidentielle.

J’aimerais trouver un manager car je suis plutôt quelqu’un qui déteste se mettre en avant et qui attend qu’on vienne le chercher. Or, c’est exactement l’inverse qu’il faut faire si on veut se faire connaître. Pour l’instant, je m’occupe moi-même de distribuer l’album. Amis, famille, amis d’amis, le plus dur est de commencer à toucher des gens en dehors de ce cercle. Le problème, c’est que j’ai un peu de mal avec tout ce qui est plateforme de diffusion style iTunes, Deezer. Je suis un peu réfractaire à ce genre de choses mais je changerai peut-être bientôt d’avis.

Mon objectif à court terme est de faire le maximum de concerts, prendre de la bouteille de ce côté-là et avoir une formation stable avec une bonne ambiance pour que tout ça reste un plaisir.

- Mathis, une petite question lyonnaise : Tu as joué au Radiant à Caluire, quelques jours après Murat… Qu’est-ce que tu penses de cette nouvelle salle qu’a investie M. Bosch… avec une programmation particulièrement riche… Et bien que tu nous ais dit que tu allais peu aux concerts,  un ami me disait que l’autre soir qu’il y avait pas loin de 8 concerts sur Lyon…  Difficile d’émerger dans ces conditions, non ?

 

Mathis : Le Radiant est (re)devenu une superbe salle en effet, grâce à Victor Bosch, et à toute son équipe, avec la volonté de mettre la musique française en avant. Je crois que son ambition affichée est d’en faire « l’Olympia Lyonnais » . J’ai eu l’occasion d’y jouer en première partie de Laurent Lamarca (artiste que je vous conseille, qui vient de sortir son premier album « Nouvelle fraîche » chez Sony) en Octobre dernier, et j’ai pu savourer la qualité des conditions techniques.
Plus globalement, Lyon reste une ville de taille suffisamment importante pour qu’il y ait de l’animation musicale, des spectacles, des concerts, mais on ne peut pas dire qu’il soit facile d’y percer. D’une part car les musiques programmées sont essentiellement l’electro et le rock indépendant, c'est-à-dire la musique à la mode (ce qui est assez compréhensible quelque part) et la musique rock « de base » que font tous les groupes : guitares à fond, batteries tonitruantes….

Difficile d’être identifié avec un projet différent dans ce contexte. Il y a encore quelques années, une vraie scène « pop » existait pourtant : le Voyage de Noz (que tu connais bien, Pierre !), Fake Oddity, les Dejà vu, etc. Mais, pour sortir de l’ornière c’est autre chose….


Et puis, sur un plan plus pragmatique, j’ai vu la scène lyonnaise beaucoup changer en 10 ans : jusqu’en 2005 ou 2006, tu pouvais encore sortir avec ta guitare, et jammer entre musiciens un peu partout (j’ai d’ailleurs fait mon apprentissage comme ça, sur les pentes de la Croix-Rousse notamment, au Phoebus, au bec de Jazz, dans les pubs Irlandais…). Maintenant, c’est devenu difficile : la plupart des bars ont des limitations en termes de bruit ou d’horaires : beaucoup de lieux organisent des concerts de 20h à 23h, avant de virer fissa les musiciens pour laisser place à la soirée Clubbing ! ….et on est à Lyon, 2e ville de France !

 

- Pour se procurer vos albums, on fait comment?

Mathis : Pour se procurer mon album :
iTunes :  https://itunes.apple.com/fr/album/centre-ville/id771014353

Deezer :  http://www.deezer.com/album/721220
En achat physique : chez Gibert-Joseph à Lyon, ou par correspondance à mathis.officiel@yahoo.fr

   
Je fais la 1ere partie des BB Brunes le 9 janvier au Ninkasi Kao.
Sinon, 4 dates à l'agenda:
 

18 janvier : émission Chansomania sur Déclic radio 101.1 FM  

19 janvier : live radio au Ninkasi Tarare (Oxygène Radio - web radio)
25 janvier : showcase-dédicace chez Gibert-Joseph Carré de soie (Vaulx en Velin)
12 février  : concert au Sirius (Lyon)

et d'autres choses plus tard....    

 

 

Antonin:  Pour se procurer mon album, on peut maintenant le commander et le payer via paypal sur ce site https://antoninlasseur.bandcamp.com/    Version digitale ou version physique. Vous pouvez retrouver des vidéos de mon concert ici sur ma chaine: http://www.youtube.com/channel/UCtfiBbpYiRu_aRbXUpzdjeg . On peut également me retrouver sur FB: https://www.facebook.com/antoninchanteur
 




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Merci à vous Messieurs! Bonne continuation dans le monde de la musique! Merci d'avoir joué le jeu des photos originales et du partage des covers!

Inter-ViOUS ET MURAT réalisé par mails du 8 au 21/12/2013. Il n'y était pas question de quenelles et ça repose. On se quitte avec le cadeau d'ANTONIN :

   

           

 

LES LIENS EN PLUS:

Vu que je n'arrive plus à insérer des liens hypertextes actuellement, voici ceux que vous auriez pu retrouver dans le texte:

Retrouvez l'intégralité des inter-ViOUS ET MURAT: http://www.surjeanlouismurat.com/categorie-11422242.html

Notamment l'avant-dernière avec Bertrand Louis: un des disques de l'année:

http://www.surjeanlouismurat.com/article-inter-vious-et-murat-n-13-bertrand-louis-121088096.html

Et celles des autres petits "jeunes":

http://www.surjeanlouismurat.com/article-inter-vious-et-murat-voyage-de-noz-karl-alex-steffen-porco-rosso-61125576.html

J'évoque dans mes questions Alain Klinger:

http://alainklingler.net/

Voici le site de MATHIS: http://www.mathisweb.fr/    

Vous trouverez bien sûr d'autres éléments sur internet pour poursuivre votre découverte de ces deux artistes... avant de passer commande de leur disque.

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 20 Novembre 2013





BERTRAND LOUIS

    louis thibaut
                                                                                                                     Photo: Thibaut Derien



         Un  moment, j’ai cru pouvoir maintenir une  fréquence  régulière des Inter-ViOUS ET MURAT- mais l’énergie et la motivation ont un peu fléchi devant  l’insuccès de démarches auprès de, par exemple,  Olivier Adam, Arnaud Cathrine, Florent Marchet,  Bernard Lenoir, Paul Mac Cartney (l’ancien des Beatles là, vous voyez), le Dalaï Lama et Ginette (la caissière du Shopi)...  Et puis,  après Françoise HardyJeanne Cherhal, entre autres, et ceux qui nous ont livré tant d’histoires sur leur travail avec Jean-Louis Murat (Stéphane Prin, Cristophe Pie, Michel Zacha, et Alain Artaud),  difficile de ne pas prendre des  « goûts de luxe »…  et de renoncer au caractère exceptionnel de ces rencontres…
 
         Et c’est donc la promesse d’une Inter-ViOUS ET MURAT très riche, ainsi que le coup de main décisif de Matthieu dans la préparation, et mon souhait de vous offrir un beau cadeau pour les 4 ans du blog (né le 2/12/2009),  qui me fait sortir de ma retraite d'intervieweur.   En effet, BERTRAND LOUIS,  auteur-compositeur-interprète, sort un nouveau disque salué (encore une fois)  par la critique (« Un coup de maitre » pour Rock and Folk « qui se hisse au niveau des réussites d’un  Bashung et d’un Jean-Louis Murat », « le disque le plus jubilatoire et exaltant de cette année » selon Mandor).
 
         L’album « SANS MOI » est une mise en musique de textes de PHILIPPE MURAY…  l’auteur dont Murat  a si souvent parlé, recommandant sa lecture par exemple dans des rencontres publics à la FNAC. On sait également qu'ils avaient eu une courte correspondance.
 
         A la sortie d’un concert cette année, Murat m’a indiqué qu’il lui a été proposé de faire  cette mise en musique il y'a quelques années...  et qu'il avait ainsi écrit une musique pour « 10 septembre 2001 », poème également présent sur le disque de Bertrand Louis.  Murat a renoncé au projet…  peut-être par crainte du caractère un peu polémique de Muray : «  c’était avant qu’il soit à la mode*, avant Lucchini»  m’a-t-il dit.   Il garde en mémoire par contre d’avoir fait diffuser une des interprétations de Muray par lui-même, un soir chez LENOIR…  allant jusqu’à m’en citer  un court passage, ravi de ce mauvais coup joué aux oreilles chastes d’Inter…  Muray lui en avait été reconnaissant.
 
        Alors, alors, Bertrand Louis était-il informé de tout cela ?     Y avait-il l’ombre de Murat derrière ce projet ?     Examinons cela, entre autres choses,  avec celui qui pourrait devenir l’autre « ours » de la chanson française, ce qui  ne l'a pas empêché d'avoir été d'une grande gentillesse avec moi.  Bonne lecture... et écoute qui suivra j'espère, et j'exige, de "SANS MOI".


* "L'ironie féroce de l'écrivain, mort en 2006, le classa un temps du côté des « nouveaux réacs », avant qu'il ne bénéficie d'une reconnaissance quasi unanime". Valérie LEHOUX dans la chronique du disque de Bertrand LOUIS.

     

SAM 0709

   

Bonjour Bertrand Louis! 
-  Quand j'ai appris que vous réalisiez un album autour des poèmes de Muray, je me suis demandé si c'était par Murat que vous aviez connu Muray (ce qui est le cas de beaucoup de muratiens, puisqu'il en a beaucoup parlé ou l'a proposé dans diverses sélections -rencontres fnac-).  Quelle est la genèse du projet?
 
Bertrand LOUIS : J’ai découvert Philippe Muray dans une interview que Michel Houellebecq avait donnée sur le site « Le Ring », dans laquelle il parlait un peu de mon dernier disque et aussi de Muray.  

Cela m’a intrigué et je me suis tout de suite procuré « Minimum Respect ». Cela a été un vrai coup de foudre et j’ai lu tout le reste dans la foulée. Parallèlement, je cherchais à écrire des textes pour mon nouvel album, car j’avais pas mal de musiques en attente et un jour, cela s’est imposé comme une évidence puisque certains textes s’adaptaient parfaitement à mes musiques. J’ai envoyé quelques démos à sa veuve qui les a aimé et m’a donné son feu vert.  Ensuite, le gros du travail a commencé puisqu’il fallait trouver le moyen de mettre en valeur ces textes incroyables, les seconder en quelque sorte, sans pour autant perdre sa personnalité. La question des arrangements s’est posée également, notamment celle de l’utilisation de l’électro dont je pourrai reparler plus tard si ça vous intéresse. Le nerf de la guerre de tout ça était vraiment de trouver un style qui puisse rendre compte de ‘l’anti-poésie’ de Muray (j’utilise ce terme à défaut d’en trouver un meilleur).  

Et donc, non, je ne savais pas du tout que Murat s’intéressait à Muray et c’est aussi bien. Je me souviens quand même m’être dit qu’il pourrait très bien le mettre en musique également. Après tout Murat Muray, ils n’ont qu’une seule lettre de différence.
 

- Dans une Inter-ViOUS ET  MURAT-, et devant votre projet, je me dois d’aborder le travail de Murat  avec ses mises en musique de  Deshoulières, Béranger ou Baudelaire (que Muray admirait beaucoup). Est-ce que ce travail  vous a influencé  d’une manière ou d’une autre?
 
 
Bertrand LOUIS:   Oui, nous sommes là aussi pour parler de Murat, alors parlons-en. Je me souviens avoir beaucoup écouté Madame Deshoulières à sa sortie et j’en garde un très bon souvenir, le souvenir de cette liberté que l’on peut prendre par rapport au format chanson pour épouser un poème et aussi, de ces correspondances qu’il y a entre ces deux modes d’expression que sont la poésie et la chanson.
Pour le disque sur Baudelaire (qui est chanté sur des mélodies inédites de Léo Ferré), je me souviens m’être senti plus proche de l’idée que je me fais de ce poète, comparé aux interprétations de Ferré que je trouve un peu trop « lyriques ». Muray admirait beaucoup Baudelaire évidemment (qui ne l’admire pas ?), il en surtout parlé dans son livre « Le XIXe siècle à travers les âges », faisant de lui le premier homme à s’être opposé aux « valeurs » modernes, si je me souviens bien. Et puisque nous parlons de cela, j’avoue que j’ai le secret désir de mettre moi aussi Baudelaire en musique un jour si j’en ai la force, d’arriver à exprimer ce que je vois en lui, la concision, le diamant et le terrible.
 


- Ah, tiens donc !  Plus largement concernant Murat, quelle est votre « histoire » avec lui ?         
 
 
 Bertrand LOUIS:    Parler de mon « histoire » avec Murat, c’est un peu (déjà) replonger dans mes souvenirs.
Je me rappelle avoir entendu parler de lui pas mal de fois sans trop y prêter attention (mais il faut dire que je n’étais pas encore dans le milieu de la chanson) et puis un jour j’ai entendu Polly Jean à la radio et j’ai tout de suite acheté Mustango, cela a été un vrai coup de foudre et ce disque est resté un disque de chevet pendant un moment.
Il y a eu ensuite Madame Deshoulières dont on a parlé juste avant. J’ai aussi pas mal écouté A Bird on a Poire (le titre est marrant) où il y a un côté plus léger et plus ludique. J’ai la mauvaise habitude d’être assez passionné et j’ai le sentiment d’avoir tout brûlé en écoutant trop souvent ces trois disques, donc j’avoue que peu à peu, j’ai pris un peu mes distances même si je me tiens au courant de tout ce qu’il fait (Cette interview est d’ailleurs pour moi l’occasion de me replonger dans son univers).
Murat est aussi rentré dans une frénésie créatrice (que je comprends très bien) mais qui est difficile à suivre, cela serait presque un travail à plein temps !
 
Parler d’influence est délicat puisqu’on ne sait jamais vraiment comment cela se passe et d’où ça vient, mais il y a chez lui une grande exigence au niveau des textes, un style musical plutôt emprunté aux anglo-saxons qu’à notre bonne vieille chanson française, une élégance, un côté ours teigneux…etc…Tout cela me parle vraiment et je m’en sens très proche. Après je suis quelqu’un de beaucoup plus urbain, un Murat des villes si vous voulez. Sa place dans la chanson est en tout cas très enviable puisqu’il a un large public tout en étant en marge et sans concessions, je pense que c’est la chose la plus difficile à atteindre pour un artiste.
 
 
- Vous n’êtes pas le premier à exprimer une difficulté pour le suivre dans son rythme… Alors, questions rituelles de l’INTER-ViOUS ET MURAT-,  je ne vais pas vous poser la question de l’album préféré…Vous êtes Mustanguiste de toute évidence ! Mais à moi qui suis Lilithiste, il vous faudra nous expliquer : pas accroché plus que cela par Lilith ?
 
Bertrand LOUIS:   Et il faudrait penser aussi aux Lemoudjiketsafemmistes ou aux Birdonapoiristes ? Je viens de réécouter Lilith et non, je préfère vraiment Mustango, je préfère le son de Mustango pour tenter d’expliquer. Le tour de force qu’il a fait de mélanger Marc Ribot, le groupe Calexico et d’autres pour finalement faire du Murat est admirable.
 SAM 0708
             10 chansons que l'on devrait tous connaitre par coeur par Bertrand Louis (Baptiste Vignol, éd. carpentier)
                                                                                                                                                                 ©surjeanlouismurat.com
 
 


- Sinon, pouvez-vous nous donner vos 3 chansons préférées de Murat ? Et pourquoi ?
 
Bertrand LOUIS:   Question complexe car Murat est comme une coulée de lave et qu’il est difficile de choisir là-dedans. Alors je dirais Polly Jean évidemment (parce que c’est la première qui m’a touché et aussi peut-être que le tempo est plus rapide que la plupart de ses autres titres). Ensuite…ah c’est dur…allez allons-y pour L’au-delà parce que c’est un tube, enfin un tube, c’est un peu comme un jet de lave, et pour finir……………..euh……..un peu évident aussi mais je dirais Au mont Sans-Souci parce que je suis Mustanguiste et parce que c’est la plus simple et la plus belle. Et je dis ça très vite car dans 10 minutes j’aurai changé d’avis.
 

- L’avez-vous vu en concert ? Gardez-vous en mémoire un concert particulier ? Un souvenir, une anecdote ?
 
Bertrand LOUIS:     Je ne l’ai vu qu’une seule fois en concert au Café de la Danse à Paris je ne me souviens plus de la date mais cela devait être il y a au moins 5 ans, voire 10. Je me souviens avoir adoré cette attitude du mec qui chante ses chansons et n’a pas besoin d’en faire des tonnes à côté. C’était une époque où il y avait pleins de connards autour de moi qui pensaient que si j’étais plus sympa sur scène ou que si je me faisais « coacher », cela marcherait mieux pour moi ; son état d’esprit m’avait rassuré.
 

- Est-ce que dans votre œuvre, vous avez une chanson qui vous fait penser à Murat, ou dont Jean-Louis Murat aurait participé à l’inspiration ?
 
 
Bertrand LOUIS:       Il y a une chanson dans mon deuxième album qui s’appelle Disparaître et qui parle de la dépression ou du suicide selon comment on le sent. Le « champ lexical » comme on dit est plus axé sur la nature, la neige, l’avalanche…et aussi dans mon troisième une autre qui s’appelle  Au bord de l’eau  sur un poème de Sully-Prud’homme. Dès que je parle de nature j’ai l’impression d’être dans ses terres.
 





- Ah, oui, c’est une évidence pour Disparaître… aussi d’un point de vue musical, jusqu’au vent sur le final… Quant à Sully-Prud’homme, cela nous permet de faire la transition sur le thème de la poésie… Sully Prud’homme que Murat n’aurait pas choisi de mettre en musique : à propos de Manset : « Tu crois avoir rendez-vous avec Henri DE MONFREID et c’est ANTOINE qui t’accueille, tu t’attends à Rimbaud, et c’est Sully Prud’homme »… (J'en profite pour ajouter que Manset a souvent cité Muray...) 
 
Et justement, ce qui m’a un peu étonné, c’est le romantisme de certains textes (L’Existence de Dieu), assez loin de ce qu’on peut imaginer a priori du polémiste Muray… Que pouvez-vous nous dire de ces textes (dont Muray a souhaité faire précéder la lecture d’un très dense avant-propos dans le recueil « Minimum Respect »)?  Il semble qu’il veuille s’attacher au réel, et il pourfend ainsi « l’ivresse divine, l’incendie des cœurs, et autres âneries »,  ce qui le met  très en opposition avec la plume de Murat me semble-t-il. Murat s’attache à défendre la langue mais s’appuie sur les symboles et les images  que Muray semble refuser (Ce dernier cite même - p.2 de l'avant-propos -  l’image du « Pont Mirabeau » que Murat utilise dans un nouveau titre paru dans la réédition de Toboggan*).
   
 
 
Bertrand LOUIS:   C’est bien on rentre dans le vif du sujet. Juste un détail « Disparaître » est inspiré d’un prélude de Debussy musicalement. Sinon moi non plus je ne suis pas très friand de Sully Prud’homme globalement mais ce texte-là sur l’immobilité de l’amour m’avait touché il y a très longtemps et d’ailleurs « Mais n’apportant de passion profonde/ Qu’à s’adorer/ Sans nul souci des querelles du monde/ Les ignorer » cela pourrait être du Murat.
 
Pour ce qui est de L’existence de Dieu, c’est clair qu’il y a une très grande ambiguïté avec la préface de Minimum Respect  mais je ne pense pas qu’on puisse parler de « romantisme ». D’ailleurs il y a plein d’ambiguïtés chez Muray, cela me rappelle l’article que Baudelaire voulait rajouter aux Droits de l’Homme « le droit de se contredire ». Poétiquement si l’on peut dire, Muray se rapprocherait plus de Rabelais, chez qui il y a aussi de grands moments « mystiques ». Enfin tous ces termes ne sont pas évidents à employer car ils collent tout de suite une étiquette. Il est clair que dans cette fameuse préface que j’invite tout le monde à lire, il met à mal la poésie des poètes « La poésie, enfin, m’a toujours semblé proche des promesses électorales, cette autre rhétorique aux alouettes ; sauf qu’elle n’est jamais exposée à la résistance ou à la sanction du réel, ce qui lui permet de demeurer éternellement une forme de démagogie parmi d’autres.» et en cela il s’oppose à Murat, mais aussi à pas mal de monde. Mais cette préface est aussi une manière de déblayer le terrain, tel un bulldozer, pour se faire de la place. « Mais cette éternité elle-même finit avec mon commencement. » conclut-il. C’est énorme de prétention!
 
Quant à moi, qui suis plein de respect pour Murat et Bashung, et qui ai l’impression d’en être à mes balbutiements si je me compare à eux, je commence aussi à être fatigué - surtout par tous ces suiveurs et suiveuses qui pensent représenter leur héritage - de cette poésie qui suggère plutôt qu’elle ne dit. Quand j’ai lu ces alexandrins « Le moral des ménages qui a encore baissé » ou encore par exemple  « J’aime bien les routiers quand ils bloquent les routes / Et font de ce pays une longue déroute » dans Minimum Respect, j’ai  tout de suite adhéré.
 

- Oui, c’est vrai qu’on ne peut pas mieux rêver comme entame pour un album : c’est les premiers vers de la première chanson…
Muray indique donc qu’il veut rester dans le réel, parle de prose, mais tout en souhaitant rester dans les contraintes de la rime, et pour le coup, il y va à fond… presque dans l’assonance, et on est presque dans le rap ? (Titre 3) impression renforcée par les orchestrations peut-être ?
 
 
Bertrand LOUIS:       C’est là toute l’originalité de ces textes, dans le sens où ils décrivent le monde moderne mais sous une forme rimée et rythmée. Certains peuvent effectivement se rapprocher du rap (en mieux écrit quand même) et même si j’ai au maximum essayé de chanter sur cet album pour rendre au mieux la musicalité des textes, il y a quelques moments déclamés entre rap et slam, comme Lâche-moi tout dont vous me parlez et aussi le dernier titre La comédie humaine. Mais l’un des intérêts (l’un des « pourquoi ») de la chanson aujourd’hui ne serait-il pas de créer des liens entre le rap (ou ses dérivés) qui s’accapare le réel, le parler vrai en quelque sorte d’une manière pas toujours très heureuse et la chanson « cultivée » qui devient de plus en plus évanescente ?
 


- Oui, mais comme sur le thème très présent de l’amour, c’est également ce qui pourra surprendre l’auditeur porteur d’a priori sur Muray… Mais qui ne surprendra pas ceux qui vous connaissent.  C’est aussi la poursuite de votre propre travail, j’ai pensé à Slogan par exemple…  une forme de détournement pour avoir un discours... on pourrait dire « révolutionnaire » (il était marxiste au départ, je crois) ?
 
Bertrand LOUIS:      Philippe Muray était quelqu’un d’extrêmement vivant d’après ce que j’en sais, ce qui inclut évidemment l’amour, le sexe et aussi la déconnade si je peux m’exprimer ainsi.

Quand j’ai commencé à le lire, c’est surtout cela qui m’a marqué en premier, cette grande santé mentale (qui peut rappeler celle de Nietzsche parfois). « Minimum Respect » est une mine d’or dans laquelle j’ai creusé pour en extraire certains thèmes et il est évident que j’en propose ma propre lecture, c’est-à-dire une alternance entre la détestation et l’amour. Je trouve même qu’il y a une certaine bienveillance dans le dernier titre « La comédie humaine » et je ne sais pas si c’est moi qui l’interprète de cette manière ou si elle était déjà présente. Il est évident aussi que cet album s’inscrit dans la continuité de mon travail, ce n’est pas pour rien que j’ai choisi Muray. Un esprit critique, une forme de détournement mais dans un sens créatif, pas forcément « révolutionnaire », terme à prendre avec des pincettes. D’ailleurs la révolution est le mouvement d’un astre autour d’un autre. Et je ne pense pas que Muray était révolutionnaire puisqu’il ne propose rien pour remplacer. Sinon oui effectivement il me semble qu’il était un peu à l’extrême gauche au départ je ne sais pas très bien je ne voudrais pas raconter de bêtises. Ce qui est sûr, c’est que la démarche de Muray est plus axée sur l’étude des mœurs et de leurs changements (il était très admirateur de Balzac), plutôt que sur la politique proprement dite.
 
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- Passé les surprises éventuelles, on a quand même les thèmes que l’on attend  chez Muray comme le refus de l’hygiénisme (Murat a eu parfois ce discours)  comme dans "lâche-moi tout" (vidéo ci-dessous), et la critique de la modernité… Dans une auto-interview parue sur votre site, vous choisissez un peu la provoc sur une question concernant le caractère « réac » de Muray. Pouvez-vous détailler un peu plus ? (je précise que j’ai dû qualifier Murat plusieurs fois de ce terme dans ce blog).
 
Bertrand LOUIS:  Oui c’est un peu provoc parce que ces termes réac, bien-pensant, bobo…sont utilisés à tout bout de champ et qu’ils veulent dire tout et n’importe quoi.

Aujourd’hui, l’on voudrait nous faire croire qu’il y aurait les gentils progressistes et leurs lendemains qui chantent d’un côté, et les méchants réacs ringards FN de l’autre. Bon cela j’ai l’impression que tout le monde le sait, mais le pire, c’est que les gens qui veulent réfléchir là-dessus, ou tout simplement mener leur existence librement sans rentrer dans ces deux clichés sont d’emblée catalogués comme des réacs. Il y a eu, et il y a en France de vrais mouvements de droite réactionnaire qui sont effectivement dangereux, mais être à l’affût du moindre dérapage pour traiter quelqu’un de réac, de facho, d’homophobe ou de je-ne-sais-quoi, c’est très dangereux également. Ça banalise et c’est un peu comme l’histoire de ce petit garçon qui criait « Au loup ! » alors qu’il n’y en avait pas, le jour où le loup a été vraiment là, plus personne ne l’a cru. « Dans ce monde moderne/ Je ne suis pas chez moi….Moi le fumier du monde/ Où tu veux te planter » (encore Mustango désolé). C’est clair qu’avec des phrases comme ça on peut vite se faire épingler (je plaisante évidemment). Pourtant il y a aussi la chanson « Les gonzesses et les pédés » sur cet album qui pourrait être un hymne moderne, mais qui n’a pas empêché Murat de se faire épingler sur le mur des homophobes d’Act Up. Pauvre de nous ! 
Finalement puisque nous parlons beaucoup des différences et des ressemblances entre Murat et Muray, on pourrait dire que Murat a plus de points communs avec Muray dans ce qu’il dit en interview que dans ses chansons.

 
 
 - … dans ses chansons aussi… puisque « vendre les près », le Cours ordinaire des choses, « terre de France »  ont été l’objet de lecture orientée… dans une récupération dont Murat est victime depuis deux ans (notamment par rapport à une interview du Point).  Pour vous, est-ce qu’on peut parler d’une récupération fallacieuse de Muray par disons « l’extrême-droite » ou  par une mouvance rouge-brune ?  Et si oui,  est-ce qu'il y a à vos yeux des frontières nettes qui le séparent de cette mouvance et, si oui, à quels niveaux se situent-elles ? Au niveau politique ? économique ? moral ? esthétique?
 
     
 
Bertrand LOUIS:       Il va falloir que j’écoute ou que je réécoute ces chansons-là alors. Je viens de lire l’interview de Murat dont vous parlez et je la trouve vraiment juste, dure mais juste. Alors parlons de récupération, sujet délicat s’il en est. Déjà, je ne vois pas trop ce qu’il y a de récupérable dans l’interview de Murat, il tape sur la bonne conscience de gauche des chanteurs, d’accord, il dit qu’il aime Bloy et Bernanos, d’accord. Mais taper sur la gauche ne veut pas dire qu’on est de droite ou d’extrême droite. Personnellement j’utilise un joker pour régler ce problème qui s’appelle Pierre Desproges : « à part la droite, il n’y a rien que je méprise autant que la gauche ! » Muray a lui aussi tapé sur la gauche et il est normal qu’il soit récupéré par la droite, surtout en ce moment. Mais bon je ne sais pas trop quoi dire sur ces histoires de récupération à part que ça me débecte. Je revendique la liberté de lire Léon Bloy, Philippe Muray et d’autres parce que leurs qualités littéraires sont énormes, un point c’est tout ! Vous allez voir qu’un jour,  aimer la littérature française, écrire (bien) en français, cela va être considéré comme réactionnaire, si ce n’est déjà le cas. En tout cas ce qui sépare Muray de certains de ses récupérateurs, c’est que lui est dans le littéraire, je ne suis pas persuadé que les dirigeants ou les militants de ces partis extrêmes seraient capable d’en lire deux lignes et de les comprendre.
 
louis blondi photo
                                                                                 Photo: Blondie Photographe


- Pour en finir sur ce chapitre, je voulais vous interroger sur un paradoxe que Murat peut incarner, mais auquel vous êtes confronté également : s’il y a d’un côté quelques tentatives de  récupération, on a de l’autre côté un soutien assez constant d’une certaine gauche culturelle bien-pensante, sur laquelle Murat a tapé, et que Muray exècre, et qui pourrait paraitre tout aussi étonnant    Je pense bien-sûr à Libé, aux Inrocks, Télérama, et Inter et leur public… Vous-même, vous avez été invité sur Inter… Est-ce que cela vous inspire quelques réflexions ? Et comment ces médias accueillent votre album (si vous le savez) ?

 
Bertrand LOUIS:     Oui c’est effectivement un paradoxe car cet héritage de la culture française est évidemment très présent chez Murat, chez Muray et chez beaucoup d’autres mais qu’il n’est pas très bien vu de le revendiquer aujourd’hui. Je pense vraiment qu’un artiste n’a pas à se préoccuper de ces choses-là. Arriver à chanter Philippe Muray sur Inter relève de l’exploit et j’en suis très fier. Il est un peu tôt pour moi de parler de l’accueil de mon album, je crois savoir que les médias dont vous parlez n’y sont pas insensibles, mais s’ils vont s’engager, je ne le sais pas encore. Peut-être que Muray pose problème, mais je m’en fiche car, je le répète, la qualité littéraire est énorme.
 

- Je viens de prendre connaissance de la dernière polémique (la polémique du jour) à propos de l’appel des 343 salauds, lancés par CAUSEUR (qui publie du Muray). Bruno Roger-Petit cite Muray dans un article à propos de cet appel.  
(Le lien que donne B. Roger-Petit  vers une interview de Muray permettra de comprendre d’où proviennent quelques propos de Murat)
Une réaction particulière à cette actualité ?
 
 
Bertrand LOUIS:        Encore une fois on veut nous faire croire qu’il y a les gentils d’un côté et les méchants de l’autre. Personnellement j’aime beaucoup les prostitués, je pense qu’elles sont les gardiennes du Temple de l’Amour. Nous vivons dans un monde absurde et schizophrène, d’un côté tout est fait pour provoquer le désir du Mâle et de l’autre tout est fait pour le châtier. Mais concrètement, dans la « réalité » encore une fois, comment cela va-t-il se passer ? Ils vont laisser les filles exploitées tapiner et d’un autre côté guetter les clients pour les verbaliser. Vont-ils le faire avant ou après ? Ou pendant tant qu’ils y sont ? Bref, c’est ridicule et cela va donner des situations très cocasses ! Finalement, leurs lois sont tellement débiles que j’ai bien envie d’être le 344ème salaud. Et puis tenez, puisque c’est malheureusement aussi d’actualité, « Let’s take a walk on the wild side ».  


- Alors, pour en revenir à l’album et à la musique,  Muray a lui-même chanté certains des titres que vous chantez. Est-ce que vous vous êtes servi de cette première mise en  musique ou avez cherché justement à  partir de zéro ? 
 
 
Bertrand LOUIS:      Muray a fait un disque de son vivant mais il avait lu les textes d’abord et ensuite, des musiciens ont fait la musique. J’ai essayé dans ma version, comme je l’ai dit plus haut de « chanter » les textes et cela impliquait de repartir de zéro. Qu’il l’ait fait lui-même m’a tout de même conforté dans ma démarche en me disant qu’il n’allait pas se retourner dans sa tombe.

 
- Vous avez évoqué dans votre première réponse la question des arrangements, en parlant d’électro. Ce n’est absolument pas une image que je garde de cet album… peut-être du fait de l’utilisation du piano que j’ai vraiment apprécié. Parlez-nous de ces arrangements ?
 
 
Bertrand LOUIS:      Effectivement c’est l’utilisation du piano qui était primordiale pour moi puisque c’est mon instrument de départ, que j’en joue depuis mon plus jeune âge et que je l’avais un peu délaissé pour le moment. Dans ce disque particulièrement, il représente pour moi le classicisme qu’il y a chez Muray. Le côté rock basse batterie guitares met en valeur l’énergie, la « santé mentale » des textes et enfin « l’électro » et les synthés, même si ça ne date pas d’hier, mettent l’accent sur le moderne mais aussi sur l’ironie. En même temps, toutes ces considérations n’appartiennent qu’à moi et chacun peut le ressentir à sa façon.
 
    bertrand louis 11 09 blondie                                                                                                       Photo: Blondie Photographe


 - Si votre voix et votre interprétation collent parfaitement à Muray,  j’ai un coup de cœur terrible pour la voix qui arrive dans deux chansons… celle de Lisa Portelli*. Quelle est l’histoire de cette collaboration ?                                                              
                                            *la rencontre Lisa/Jean-Louis chez D. Varrod ici, où elle dit ceci :"j'aime ne pas me 
                                               sentir en sécurité avec les gens avec lesquels je travaille".   


Bertrand LOUIS:      Oui moi aussi je l’aime bien c’est pour ça que je l’ai choisie… Mais c’est vrai que sa voix est d’autant plus mise en valeur que le reste est vraiment très masculin. 
 
   
-  Vous chantez donc avec Lisa une chanson autour du 11/09... Un thème qui a inspiré de nombreux auteurs compositeurs, aux Etats-Unis, comme en France, dont Murat…  Est-ce que vous y pensiez en la réalisant ? Pouvez-vous nous parler plus en détail de cette chanson ?
 
 
Bertrand LOUIS:      Le 11 septembre 2001, c’était franchement difficile de passer à côté. Je me souviens m’être demandé qui allait faire une chanson dessus en premier. J’aime bien celle de Katerine. La musique m’est venue assez naturellement quand j’ai lu le texte, l’idée du duo également. Lisa et moi étions d’accord pour dire que sa voix est un peu jeune pour chanter cette histoire de vieux couple. Mais j’aime bien dans les duos, que cela ne soit pas trop cinématographique, sa voix est un comme prolongement féminin de la mienne.
     
     bertrand-louis-live.jpg                                                                            


 - Vous chantez bientôt à PARIS,  est-ce que vous avez un tourneur pour d’autres dates en France ?
 
Bertrand LOUIS:       Oui, je monte un spectacle piano voix et avec un guitariste électrique, Jérôme Castel. Le but étant de proposer une version plus intime du disque tout en gardant un esprit rock, afin de rendre au mieux la puissance des textes de Muray. Je me suis un peu inspiré de l’album Songs For Drella de Lou Reed et John Cale, album que je trouve admirable. Il y aura aussi sûrement quelques lectures qui vont s’insérer par la suite. J’aimerais « installer » ce spectacle musical dans un lieu parisien pendant longtemps et évidemment pouvoir « tourner » avec, cela démarre d’ailleurs plutôt bien, vu les trois premières dates que l’on vient de faire.


Un grand merci Bertrand Louis pour votre disponibilité et votre bienveillance!

Interview réalisée par mails du 6/10/2013 au 15/11/2013.
Cette inter-ViOUS ET MURAT- ne contenait toujours pas de questions sur la crise du marché du disque (ne mangez pas au mac-do, achetez un disque).   
 

LE LIEN EN PLUS :

- Le site officiel:
http://www.bertrandlouis.com/


- Pour que "Sans moi" ne soit pas sans vous:



 
- Concerts à l'espace Christian Dente, Paris:
les lundi 13 et mardi 14 janvier 2014

- Vidéos:
Les diverses ambiances du disque "sans moi" dans ces deux vidéos:
          * Avertissement: Ecouter de la musique ne provoque pas de cancer.

 


- Et pour finir, une émission en écoute: LA BANDE PASSANTE sur RFI
http://www.rfi.fr/emission/20131104-2-bertrand-louis
et une interview par Baptiste ViGNOL:
http://delafenetredenhaut.blogspot.fr/2010/11/bertrand-louis.html

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RETROUVEZ LES PRECEDENTES Inter-ViOUS ET MURAT-  :

http://www.surjeanlouismurat.com/categorie-11422242.html


Merci encore à Baptiste Vignol (inter-ViOUS n°2)  qui m'a permis d'entrer en contact avec Bertrand Louis.  
Ecoutez "l'armure" d'Erik Arnaud.    

 Avec également (ceux que je n'ai pas cité en introduction) : le journaliste Olivier NUC, Armelle PIOLINE d'HOLDEN, Eric Quenard (homme politique), Les groupes Le Voyage de NOZ , Karl-Alex Steffen, Porco-Rosso

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 20 Août 2013

 
 
OLIVIER NUC
                   nuc.jpg                                                                                                                                  droits  photos:    O.NUC          
 
 
Ayant effacé malencontreusement du blog la première édition de cette interview datée de MAI 2010, en voici une réédition... sous une nouvelle forme et  une introduction mise à jour. N'ayant pas de version sauvegardée,  ça a représenté un peu de travail... et je suis paresseux.  
 
Dans le petit cercle des journalistes musicaux parisiens, fidèles de Jean-Louis Murat, il y a bien sûr Bayon… et Olivier NUC qui a succédé à Bertrand Dicale dans les colonnes du Figaro, ce qui en fait peut-être le journal qui a apporté le plus régulier soutien à Jean-Louis Murat... que l'on rattache plus souvent pourtant à Libé et aux Inrocks.   Olivier Nuc, responsable des musiques actuelles du FIGARO,  était même administrateur d’un groupe «Jean-Louis Murat » sur FB, avant qu'une page officielle ne soit créée, ainsi qu’auteur d’une «conférence chantée» (Hall de la chanson) au côté de Florent Marchet (la Rochelle en 2007) . Plus récemment, il invitait encore Jean-Louis Murat pour deux titres live et une interview vidéo sur le figaro.fr.  Par ailleurs, il est aussi auteur de livres sur Neil Young et Hendrix.
 
 
 
Olivier NUC bonjour
 
 
-  Vous avez écrit que Jean-Louis était « indispensable à cette époque ». Quand vous recevez un nouveau disque, restez-vous journaliste avant tout ou bien ressentez-vous la fébrilité et l’émotion d’un fan lambda?
 
 
O.NUCJ'avoue que l'arrivée d'un nouveau Murat est toujours un moment que j'attends avec joie. Ceci dit, je veille à écouter chacune de ses productions avec la vigilance et l'exigence que j'applique à tous les disques qui me parviennent, qu'ils soient publiés par des artistes confirmés ou non. Je ne pense pas avoir jamais été aveuglé par la production du bonhomme. Il y a d'ailleurs des disques de lui que je n'écoute jamais.
 
 
- Oui, moi aussi… si bien que j’ai pris « Oiseau de paradis » pour un inédit… Donc je m’en veux ! Lesquels n’écoutez-vous pas ?
 
O.NUC :   Je n’écoute jamais Vénus ou Madame Deshoulières par exemple.
 
- Quand avez-vous découvert Murat ?
 
 O.NUC :   J'ai du entendre "Si je devais manquer de toi" à la radio à l'époque du succès de ce 45 tours. L'adolescent fanatique d'Hendrix que j'étais alors n'a pas du tout mais alors pas du tout aimé. Je le trouvais trop lisse pour être honnête, et, dans ma grande ignorance, je l'avais rangé dans la case "playboy variété", si une telle case existe d'ailleurs. Par la suite, je suivais son évolution au gré des sorties de 45 tours à succès. J'aimais déjà beaucoup plus les climats de "Col de la Croix Morand", mais je n'aurais jamais acheté un de ses disques par exemple. C'est à la sortie de Dolorès que j'ai complètement révisé mon jugement à son sujet. J'étais entretemps devenu journaliste, j'étais à l'époque (96 je crois) aux Inrocks, journal qui a beaucoup fait pour lui. Le disque m'a infiniment plus, au point de me précipiter à la Black Session de Lenoir organisée juste après sa sortie. Je crois que j'ai compris ce que Murat voulait faire en le voyant alors sur scène. Il me tardait de suivre son développement, ce que j'allais, par bonheur, être amené à faire dans le cadre de mon métier.
 
 
-  Quels sont vos albums préférés ? et s’il fallait retenir 3 chansons ?
 
O.NUC :   L'honnêteté me pousse à inclure Dolorès. J'ajouterai Mustango et Lilith. Trois chansons seulement ? Vous êtes dur ! Disons Fort Alamo, Bang Bang et le Désarmement intérieur.
 
- Ah, choix original (je serais bien embêter d’en faire un moi-même). Pourquoi l’honnêteté pour Dolorès ?
 
O.NUC :   C’est le premier disque de lui que j’ai vraiment aimé ? Honnêteté parce que j’ai un problème avec la production terriblement datée, mais je trouve que les chansons figurent parmi les meilleures qu’il ait écrites.
 
http://www.obiwi.fr/uploads/photos/userfiles/1157/1157-1223942806-conference-murat-olivier-nuc-florent-marchet-3---465fx349f.jpg
 
 Quels souvenirs avez-vous de rencontres ou d’interviews avec lui (en fait, je n'en ai pas retrouvé)?
 
O.NUC :   Ils sont nombreux et excellents. Je l'ai rencontré la première fois pour Aden, supplément culturel du Monde, en 1999, pour la promo de Mustango. Je crois que cet entretien a posé les bases de nos relations à venir. Il m'a titillé sur un truc, je l'ai rembarré, la glace était brisée. Ensuite, je l'ai interviewé pour Le Moujik (toujours pour Aden), puis Lilith (Aden encore). Je suis allé pour la première fois chez lui pour un numéro spécial d'Epok, dont il a été le rédacteur en chef, à la sortie de Taormina. Et j'y suis retourné l'été dernier afin de parler longuement du Cours ordinaire des choses. Dois-je ajouter les rencontres privées, et celles faites à l'issue de quelques concerts au fil des années ?
 
- Ah, Mince, j’ai justement relu Epok hier en cherchant vos articles…. mais je suis allé trop vite : j’ai raté votre nom ! C’est un excellent article, notamment car il constitue une belle visite guidée des greniers de Douharesse… Vous avez vu les malles remplis d’inédits ! Apparemment, même s’il n’a pas l’habitude d’y piocher, il est assez rigoureux dans son classement, avez-vous parlé avec lui de cette matière ? En fait, je suis curieux de savoir s’il la considère comme un héritage, exploitable un jour pour ses proches, ou s’il a jamais pensé en faire quelque chose ?
 
O.NUC :   Il était question de mettre un peu d’ordre dans ces archives, je crois, mais finalement, se retourner sur le passé l’intéresse assez peu : tant mieux, c’est le propre de l’artiste d’aller de l’avant. Je serais bien sûr curieux de plonger dans ces inédits. Peut-être procédera-t-il un jour comme Neil Young ou Dylan, qui ont tout classé et publient régulièrement de beaux inédits.
 
  
 
Et des souvenirs et émotions de concerts en particulier?
 
O.NUC :   J'ai en mémoire, c'était le 11 novembre 1999, un concert ahurissant au Trianon, époque synthétique avec Denis Clavaizolle, après la sortie de Mustango. Je garde le souvenir de plusieurs Cigales réussies dans les années 2002 - 2004. Mais ce que j'ai préféré, ça a été de le voir trois soirs de suite aux Francofolies de La Rochelle en 2007, année où Florent et moi avons donné la conférence chantée d'ailleurs. J'ai pu constater à quel point il se réinventait d'une soirée à l'autre. 
 
 
- Manset avait parlé d’un « repli problématique » à propos de Murat… Je pense qu’effectivement on pourrait résumer ainsi les critiques généralement émises sur Jean-louis Murat… mais en réalité, comme Manset, il construit une œuvre à la cohésion remarquable…Que pensez-vous de son évolution musicale, de sa carrière ?
 
O.NUC :   Je pense qu'il y a une rupture nette à partir de Mustango, lorsqu'il commence à renoncer aux productions synthétiques pour se rapprocher du blues et du folk qu'il affectionne tant. En particulier, la phase qui va de la publication du Moujik à celle du DVD Parfum d'acacia au jardin me semble représenter le sommet de son inspiration. Il publie énormément de disques alors mais loin de baisser, leur qualité ne cesse d'augmenter.
 
- La référence à Neil Young est un peu le cliché journalistique depuis Lilith. Jean-Louis a parfois tenté de s’en détacher, en disant que c’était un bon mais en division 2… Que pensez-vous de la comparaison ? et en matière de jeu de guitare ?
 
O.NUC :   Dire que j'ai manqué de peu l'organisation d'une rencontre entre ces deux-là... Murat a appris à jouer de la guitare en écoutant Everybody Know This Is Nowhere et Harvest, c'est assez manifeste dans la manière dont il approche l'instrument. Je sais qu'il place Neil Young très haut dans son Panthéon musical, alors la comparaison est assez flatteuse à mon avis. Je serais curieux de savoir ce que Young penserait de sa musique...
 
- Ah, oui, cette rencontre aurait été géniale (comme sa rencontre avec Wyatt pour Télérama) mais je pense qu’« il ne préfère pas » , question de ne pas briser le mythe (cf ses histoires avec Manset, Cohen, T. Jo White… ). J’ai été notamment assez surpris lors de la promo du Cours ordinaire des choses, de son caractère absolument non blasé quand il parlait du lieu, des histoires de musiciens… Depuis, il en a beaucoup rajouté sur le fait que Nashville, c’était juste un truc à raconter aux journalistes, mais je pense qu’il était vraiment ému de rencontrer Dugmore par exemple. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette rencontre avortée?
 
O.NUC :   Il m’avait donné son accord de principe, oui. Il était question qu’il vienne à Paris pour cela mais Neil Young a finalement annulé sa venue sur nos terres. Mais je ne désespère pas, un jour…


- Enfin, je voulais aborder un point particulier... l'aspect politique, qui n'est pas j'avoue, crucial à mon avis, pour cet artiste dégagé chantant l’amour… qu'est jean-louis Murat (... même s'il a été militant: Amnesty, la cause Kurde, sa chanson contre Mégret... : http://www.rfimusique.com/sitefr/biographie/biographie_8887.asp . Vous avez cosigné un article sur « ces intellectuels et artistes qui appellent à la révolte » qui avait suscité quelques réactions… Jean-Louis Murat appelle bien à une certaine forme de révolte, mais en citant des gens comme Muray, en faisant des sorties anti-écolos par exemple… Ses prestations télévisuels ont parfois été contre-productifs jusqu’à carrément se tirer une balle dans le pied (l’article en dernière page de Libération à la sortie du CODC)? Est-ce qu’il ne s’est pas finalement un peu coupé de son public traditionnel (et de ses soutiens classiques : Inrocks, Télérama, Libé) ?
 
O.NUC :   C'est peu de dire qu'il existe un nombre de malentendus à son sujet. Il n'a d'ailleurs pas cherché à les dissiper, loin s'en faut. Le drame, c'est que certains connaissent mieux ses passages télé que ses chansons. Il est trop complexe pour une époque qui veut des chanteurs souriants et inoffensifs devant les caméras. Je ne suis pas sûr qu'il se soit coupé de ses soutiens traditionnels, je pense qu'il n'a pas voulu jouer un jeu qui le cantonnait à quelques références médiatiques seulement. Quant à sa seule chanson ouvertement politique "Les gonzesses et les pédés" c'est à mon avis une de ses moins réussies...
 
- Oui, ses textes ne se veulent pas engagés (mais on peut parler du « coup de jarnac », de « Giscard », de « la complainte du paysan… », de « 1829 », de « suicidez-vous »… Vous-même , pour parler du CODC, vous avez écrit qu’il donnait sa vision de l’époque…
 
O.NUC :   Le cours ordinaire brosse le constat d’une époque peu brillante aux yeux de l’auteur en effet. Il n’est pas vain d’envisager l’angle politique mais cette forme d’écriture fait courir le risque de dater les choses lorsqu’elle a trait à des événements très précis et marqués dans le temps.
 
- Par rapport au CODC, difficile d’avoir des critiques plus élogieuses dans la presse, mais cela ne s’est pas traduit par le succès espéré ? Crise du disque certes! mais n'y a-t-il pas aussi une crise dans la fonction prescriptrice des journalistes culturels (je n'ai pas d'avis là-dessus!) ?
 
O.NUC :   Le cas de cet album est un mystère. Une couverture presse très élogieuse - à juste titre - des concerts excellents, et pourtant, trop peu de ventes. Difficile de donner une seule raison à cette désaffection, mais il est sûr que Murat est aujourd'hui cruellement sous-estimé par ses pairs. La crise du disque est une explication, mais ce n'est pas la seule à mon avis. Le manque de curiosité des radios est une réalité dont souffrent hélas les artistes comme lui.
 
- Le meilleur disque en français de l'année 2009, pour vous, c'était  "la superbe"?   
 
O.NUC :   A égalité avec La musique (Dominique A), Clair (JP nataf) et Le cours ordinaire des choses…
http://i.ytimg.com/vi/10RHLYuMS1k/0.jpg
 
- Quelle marque laissera Jean-Louis MURAT dans la chanson française?
 
O.NUC :   Une marque beaucoup plus importante que son peu de succès actuel ne le laisse présager. Enfin, c’est ce que j’imagine mais je dois être un peu utopiste…
 
 
- Avez-vous des projets en cours? un livre? et éventuellement, quel est le disque que les muratiens ne doivent pas  râter en 2010 (mise à part Courchevel)?  
 
O.NUC :   Beaucoup de projets en cours, beaucoup de disques à ne pas rater, plein de choses vraiment. Bonne route aux Muratiens !
 
 
MERCI OLIVIER NUC! Interview réalisée par mails en avril/mai 2010.  
 
 
LES  LIENS  EN PLUS :  
 
Jean-Louis Murat : vite, de la sauvagerie ! ADEN | 28.10.03                                                                    Outsider de la production française, le chanteur remonte sur scène, un double album sous le bras. Exit les fioritures intellectuelles : "Le rock, c'est d'abord affaire de générosité et de spontanéité."
aden : On vous sait prolifique, mais c'est la première fois que vous réussissez à imposer un double album à votre maison de disques.
Jean-Louis Murat : Face au business, je me comporte comme un mafioso : je travaille avec eux tout en étant contre eux. Je suis contraint par la logique du système, mais je suis couvert par les chefs. Dès le début, ils m'ont dit : " On est sûrs de ne jamais gagner une thune avec toi, mais tu es notre danseuse. " En contrepartie, je leur interdis de venir en studio ; ils ne voient le truc qu'une fois terminé. Cela vous met en porte à faux par rapport au reste de la production française... Avec ce qui marche, en France, musicalement, on a l'impression d'en être au même point que s'il n'y avait jamais eu l'électricité. Comme si la musique avait cessé d'évoluer après 1962. On est à une époque où les réacs arrivent à se faire passer pour des progressistes.
Comment avez-vous procédé ?
Toutes les prises ont été faites en quatre jours. J'avais envie d'assommer la concurrence. J'aime bien la compétition. Quand j'ai vu toute la presse qu'a eu l'album de Bashung, j'ai eu envie de frapper un grand coup. En même temps, le rock n'est pas une expression artistique qui demande des tonnes de préparation. Il exige surtout générosité, simplicité et spontanéité. On est plus proche du foot que d'un synopsis de Hitchcock.
Vos chansons ont un côté plus brut que par le passé.
J'ai préféré revenir au cœur des choses. L'impasse, ç'a été l'album Dolorès. J'ai passé six mois en studio avec trois logiciels Pro-Tools. J'en avais marre d'intellectualiser. Le rock est devenu chiant à partir du moment où il a eu des prétentions intellos. Le point de non-retour, c'est le jour où Lennon rencontre Yoko Ono et commence à vouloir faire de l'avant-garde. Il est temps de remettre la sauvagerie et l'innocence au cœur de la musique, d'en faire à nouveau un art premier. Et puis, on n'a rien trouvé de mieux qu'un larsen pour représenter le monde dans lequel on vit, n'est-ce pas ? Propos recueillis par Olivier Nuc



Murat : "Je veux rester un animal sauvage" ADEN | 09.11.04 Co-signé avec Fred Jimenez et la chanteuse Jennifer Charles, son dernier album est presque un hommage à la pop des années 1960. Cette semainbe, Jean-Louis Murat s'installe au Café de la danse.
aden : Si l'on compte le double album Lilith et le DVD de chansons inédites Parfum d'acacia au jardin, A Bird on a poire est votre troisième projet en un an...
Jean-Louis Murat : Tant qu'on ne me traite pas de stakhanoviste. .. Pour certains, c'est comme si j'avais une maladie mentale. Je trouve bien qu'il y ait des cadences infernales. La musique, ce n'est pas un truc de retraité. Le business de la musique a transformé les gens qui ont le sang chaud. C'est une manière de les domestiquer. Je n'ai pas l'intention de me faire domestiquer. J'ai envie de rester un animal sauvage.
Cet album, vous le cosignez avec le bassiste Fred Jimenez et la chanteuse Jennifer Charles.
C'est la première fois que je ne compose pas et ne joue pas de guitare sur un disque. C'est un truc d'amitié : Fred avait des compositions sensationnelles dans ses tiroirs. J'ai choisi celles qui m'inspiraient le plus pour écrire des textes et lui ai laissé les coudées franches. La première fois qu'il m'a fait écouter ses musiques, c'était en voiture, en Camargue, et on a pensé à Jennifer tout de suite. C'était bien d'avoir une présence new-yorkaise, de sortir du truc franco-français, parce qu'il y a beaucoup de références à la musique anglo-saxonne sur ces chansons. En enregistrant, on a essayé de ne pas perdre le charme des maquettes faites sur quatre-pistes. C'est comme si on était passés d'un film super-huit à du 35 millimètres. Avec ses harmonies vocales en cascade et ses mélodies,
 A Bird on a poire est presque un hommage à la pop des années 1960.
La musique, c'est comme le vin. Il y a de supermillésimes. L'âge d'or, c'est les années 1966-1968. Globalement, ça part en couilles après 1976-1977... La musique des années 1990, elle va faire rigoler les générations futures. Ce qu'on retiendra, ce sera que ça a été le règne de la technologie et des producteurs qui mettent leur nom plus gros que celui de l'artiste sur la pochette.
 A Bird on a poire tranche assez radicalement avec le reste de votre production.
 Lorsqu'elle l'a entendu, ma mère m'a dit : "Tu as enfin fait un vrai disque." C'est un disque qui rassure parce qu'il est très mélodique. Or, la mélodie, c'est le monde organisé : ç'a un côté apaisant, comme un baume qui cicatrise. Pourtant, je ne connais rien de plus triste que les Beach Boys. Leurs chansons, c'est la mort qui chantonne. Il y a plus de noirceur dans Surfin' USA que dans toute la discographie This Mortal Coil. La justification de A Bird on a poire est aussi dans le décalage. L'ambition, c'était d'additionner nos étrangetés : Fred est suisse, Jennifer est américaine et je me sens assez peu français. On a joué de ce côté décalé, presque marginal. Aujourd'hui, les gens ont l'impression d'être ultra-branchés en écoutant quelqu'un comme Björk, alors que c'est la chanteuse officielle de l'intelligentsia, la chanteuse préférée de Chirac et Sarkozy. On ne peut plus vivre en étant dans la marge dans ce pays, c'est ce qui me fait enrager le plus... On nous rebat sans cesse les oreilles avec les succès de formations françaises comme Air ou Phoenix à l'étranger mais j'ai vu des groupes de bal dix fois supérieurs à eux. Nile Rodgers, le guitariste du groupe Chic, a dit un jour que "comprendre la musique, c'est danser". Ce n'est pas gagné dans un pays comme le nôtre... Propos recueillis par Olivier Nuc 
 
 
Le texte de la conférence chantée et le podcast :
Une vidéo:
 



AJOUT RECENT :
En décembre 2012, nouvelle interview, en vidéo: 



 
 
 
 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 9 Avril 2013

  quenard.jpg
 
         Quand j’ai vu que l’ « inter-ViOUS ET MURAT »  pouvait devenir une série,  j’ai souhaité l’ouvrir à différents types de personnalités, pas seulement des chanteurs ou des amis de Jean-Louis Murat (voir des anonymes, qui sait ?). Et voilà quelques années que je croisais sur les réseaux sociaux ou sur le fil de l’actualité, un muratien un peu particulier (peut-être totalement sui generis), mais je cherchais une occasion...    « The end, etc… », le web-film de Laetitia Masson mis en musique par Murat  me l'a offert, avec l'ambition d'aider à répondre à  la question posée par la réalisatrice  : « c’est quoi l’engagement ? ». En effet,  l’homme que j’ai interrogé… est un «politique» et un « politicien » (même s’il garde une autre activité professionnelle)! 
         39 ans, diplômé de droit public, il s’agit d’Eric Quénard, premier adjoint P.S. de la Ville De Reims, 12e commune de France en terme d’habitants, conseiller général de la Marne.  Il n’hésite pas à partager sur le net, très régulièrement, son enthousiasme pour Murat aux milieux de commentaires plus attendus (informations sur ses nombreuses activités quotidiennes,  piques à ses collègues de l’opposition...).  Battu aux législatives par la député sortante, il reste élu de terrain pour l'instant… et s'est accordé un peu de temps les dimanche soir pour répondre à mes questions, poussé par une seule motivation : sa passion, pas si évidente à affirmer,  pour Jean-Louis Murat. Il ne sera pas donc  question de choc de compétitivité, de choc de simplification, ni même de choc de moralité...mais, sans aller jusqu'à convoquer le fantôme de Malraux pour autant... de "choc esthétique"!
   
 
- Première question qui est un peu celle qui vient rapidement quand deux muratiens se rencontrent: ça  a débuté quand? comment?

Eric Quénard : J'ai découvert Murat d'une manière assez originale. C'était à la fin des années 1980 avec l'album Cheyenne Autumn. J'avais 16 ans.
Ma mémoire avait imprimé certaines chansons telles que "le garçon qui maudit les filles", "Si je devais manquer de toi" mais sans pour autant que je me sois attaché à rechercher l'identité de l'artiste. C'est en écoutant un jour la chanson "L'Ange déchu" que j'ai entendu pour la première fois le nom de Jean-Louis Murat. Je me suis rapidement rendu chez un disquaire pour acheter l'album.
Et là en écoutant Cheyenne Autumn, je découvrais finalement que derrière Murat se cachait l'auteur et interprète des autres chansons que j'avais tant fredonné. Ce fut une heureuse surprise.. Cette rencontre avec l'artiste fut pour moi déterminante. Depuis cette époque, je suis resté un inconditionnel.
 
- Donc vous êtes un Muratien historique... car l'ayant écouté dès que sa carrière a réellement débutée.... ce qui n'était pas réellement mon cas.  Aimer Murat à 16 ans, cela m'évoque Arnaud Cathrine (né en 74 également) qui a écrit :
"
J’ai eu, disais-je, une vie musicale clandestine, d’autant plus impérieuse pendant les années collège et lycée. Je revois ces garçons férus de Cure qui débarquaient dans la cour les ongles noircis au vernis et les lèvres rouges… Je ne comprenais rien à Cure, pour moi il était entendu que les garçons avaient le droit de pleurer (je n’aurais jamais pensé à aller chercher un quelconque second degré dans une  chanson anglaise) et j’avais eu bien assez de leurs soupirs affligés lorsque j’avais  brandi le magnifique « Cheyenne Automne » de Murat. « C’est quoi cette voix de tapette ?! » Sans appel. Je repasserai. Et je continuerai à écouter Murat. Je ne suis pas un garçon pop, je crois".   ET
"Lorsque je tente de faire entendre la voix de Murat, je constate l'incompréhension crasse que l'Auvergnat aux yeux bleus inspire à mes congénères: sa voix alanguie désarçonne; le féminin qui s'y joue, il faut s'en défendre; quant à cet accent qu'il ne cherche pas le moins du monde à dissimuler, n'en parlons pas"
 
Eric Quénard : Oui effectivement je me retrouve assez bien dans cette description surtout d'ailleurs dans les réactions que pouvait susciter Jean-Louis Murat auprès de mes amis. J'ai toutefois toujours assumé avec une certaine fierté mon intérêt pour l'artiste, ses textes, ses mélodies. J'y trouvais même là une occasion de me singulariser par rapport aux autres.
  Mustango-s.jpg
 
 
- Est-ce que la politique ne vous offrait justement pas cette singularité? L'engagement est-il venu plus tard?  Quel adolescent étiez-vous?
 
Eric Quénard : Non, car je me suis engagé quelques années plus tard à 19 ans à mon retour sur Reims. J'étais à l'époque dans la ville du Mans un collégien puis un lycéen plutôt discret même si j'exerçais déjà des responsabilités en représentant mes camarades de classe. Je lisais, j'écoutais pas mal de musique puis je faisais du sport (football, cyclisme).
 
 
- Comment et quand vous êtes vous engagé dans la politique?  Et quel a été le parcours qui vous a mené à vos fonctions actuelles?
 
Eric Quénard : J'avais des convictions, des idées que je souhaitais défendre, partager mais aussi confronter avec d'autres. J'étais profondément touché par les injustices. J'avais souvent des échanges avec mes amis, des débats parfois vifs. J'étais aussi critique vis à vis des structures partisanes. Je le reste d'ailleurs encore aujourd'hui. Rien ne me prédestinait à ce parcours. Je voulais en effet devenir commissaire de police. Mais j'ai choisi à l'époque de m'engager en rejoignant à l'âge de 19 ans un parti politique (PS) auquel je suis depuis resté fidèle. Rapidement, je me suis aperçu que cet engagement ne pouvait se concevoir sans un engagement plus concret dans le monde associatif. Tout en poursuivant mes études universitaires en droit, j'ai donc milité dans le milieu de l'éducation populaire (Maison des jeunes et de la culture ), pris des responsabilités dans un foyer de jeunes travailleurs et dans une structure qui aidait les immigrés à s'insérer.

 La fin de mes études en 1997 a coïncidé avec la dissolution de l'assemblée nationale et la victoire de la gauche. De nouveaux députés ont été élus. Une opportunité s'est alors présentée à moi. Je l'ai saisi. C'était pour moi l'occasion d'enrichir mon parcours d'une nouvelle expérience. J'ai travaillé pendant deux années au côté d'un député dans la pointe des Ardennes, appelée aussi la vallée de la Meuse, pays des fonderies puis ensuite auprès d'une députée européenne.

J'ai été ensuite élu en mars 2001 plus jeune conseiller général de la Marne sur un canton urbain avec un grand quartier populaire de 20.000 habitants où je vis encore aujourd'hui. Je suis depuis mars 2008 Premier adjoint au Maire de Reims où je suis les questions de logements, de politique de la ville, d'urbanisme, de voirie et de tranquillité publique.
 
 
 
- Et la dernière "aventure" fut la "bataille" des législatives où vous étiez candidat..  mais la vague rose n'a pas conquis totalement la ville du biscuit... rose.  Alors, concernant ce champ du politique et pour en revenir à "Murat et vous",  est-ce que vous écoutez aussi ce qu'il dit?  et n'est-ce pas parfois devenu difficile d'assumer votre intérêt pour lui?
 
Eric Quénard : Oui j'écoute ce qu'il dit. Je suis souvent en accord, parfois en désaccord. J'aime par exemple la manière dont il aborde son rapport à la nature, sa connaissance de l'histoire de la musique, son engagement pour des causes humanitaires (concert de la coopérative de mai), les sentiments, le sport. Je m'y retrouve souvent. Mais en même temps, ce qui me passionne chez Murat, ce sont ses textes, ses mélodies et son interprétation si singulière. Je n'ai jamais éprouvé de difficultés à assumer mon intérêt pour lui même si je reconnais bien volontiers que certaines de ses prestations ont pu me surprendre. En même temps, je pense qu'il assume son côté direct, franc et rejette la pensée unique. C'est un artiste libre.
 
 
 
- Vous ne vous êtes jamais retrouvé à devoir vous défendre de votre "passion" pour lui, alors que l'extrême droite  tenteait de le récupérer (quand il évoque Bernanos, Muray...) ou qu'il était dans le viseur de la presse gay?  ... Vous ne craignez pas encore de le défendre ou de parler de votre intérêt/goût/passion  pour le personnage, malgré la polémique?
 
Eric Quénard : C'est vrai que certains de ses propos ont pu m'interpeller. Je suis très souvent en accord avec lui à quelques exceptions près. Je ne me retrouve pas par exemple dans les propos qui lui ont été prêtés sur l'homosexualité. Quant aux tentatives de récupération par l'extrême droite, je n'ai jamais considéré que c'était très sérieux. Ces différentes polémiques n'ont en rien freiné l'admiration que je porte à cet artiste authentique. Je continue à défendre son travail, parce que je pense qu'il mérite d'être mieux connu et apprécié.
 
 
- Il a écrit un texte remarquable sur Mitterrand, support désormais de cours d'histoire, mais ses propos sur 1981, ses explications autour de "suicidez vous le peuple est mort",  ne fait-il pas un peu mal à l'homme politique de gauche forcément attaché à la conservation du "mythe" ?


Eric Quénard : C'est vrai que l'inédit de 1997 sur la disparition de François Mitterrand est remarquablement bien écrit. Il a su faire ressortir avec talent l'extraordinaire ambivalence et la complexité du personnage. Entre affection et rejet. En même temps, tout en étant remarquable, ce texte n'en est pas moins sans concession. Et je trouve que 16 ans après "suicidez-vous le peuple est mort", il y a une constance et une cohérence entre ces deux textes de Murat. On a beaucoup écrit sur François Mitterrand, sur son parcours, sur sa complexité, sa double vie. Il a été beaucoup décrié. Et malgré tout il fait d'une certaine manière partie de la famille. Personnellement, j'ai toujours eu sur le personnage un sentiment partagé entre admiration et incompréhension. C'est pourquoi sans doute, j'aime beaucoup cette chanson de 1997.
  quenard-2.jpg
 
 
-  A l'occasion de la sortie du livre de mon camarade Baptiste Vignol, j'avais envie de vous faire subir La question... belle séquence de torture que ce Monsieur a infligée à 276 artistes: "pourriez-vous nous confier la liste de
 vos dix chansons préférées, celles qui vous accompagnent, (que vous auriez aimé écrire, enregistrer) peu importe vos critères?  Établir ce genre de classement étant quasi-impossible si l'on veut être sincère et sérieux, trop de chansons étant liées à d'innombrables souvenirs, je vous conseillerai peut-être de le faire dans l'urgence, en prenant un quart d'heure..."

Eric Quénard : C'est effectivement un exercice difficile tant Murat fait partie de mon quotidien musical. J'aime de très nombreuses chansons de Murat. J'ai une faiblesse particulière pour la "chanson de Dolores" qui correspond à une période de séparation dans ma vie amoureuse. J'aime les premières chansons qui m'ont fait connaître l'artiste : « amours débutants », « l'ange déchu », « si je devais manquer de toi », « te garder près de moi ». J'aime le « Terres de France » de Murat en plein Air et sa chapelle de Notre Dame de Roche-Charles. J'aime « Montagne » et « Par Mégarde » sur Vénus. J'aime « Bang Bang » sur Mustango. J'aime « foule romaine » sur le Moujik. J'aime la reprise de Ferré « L'héautontimorouménos ». J'aime la sensualité de « Chappaquiddick », « le baiser », « Aimer » comme d'ailleurs de « Plus vu de femmes » en duo avec Camille. Plus récemment, j'aime beaucoup « qu'est- ce que ça veut dire » sur Grand Lièvre.
 
- Et  puisqu'on en est aux choix, voici les questions rituelles de l'"INTER-ViOUS et MURAT" : 
    votre album préféré de Murat ?  et s'il fallait retenir 3 titres ? et bien sûr pourquoi?
 
Eric Quénard : Live in Dolorès. Trois titres : « la chanson de Dolores »  pour la rupture, « Amours débutants » pour les premiers émois, « Montagne » pour la référence familiale et le lien à la nature.
 
 
 
- Pour les artistes, je pose ceci :"Est-ce que dans votre œuvre, vous avez une chanson qui vous fait penser à Murat, ou dont Jean-Louis Murat aurait participé à l’inspiration "?...  On va la modifier ainsi : Est-ce que votre passion vous a déjà amené à mettre du Murat dans vos discours?   Et une place Léonard Cohen, une école Jean-Louis Murat, cela vous-a-t-il déjà traversé l'esprit?
 
Eric Quénard : Non je n'ai jamais mis de référence Muratienne dans mes discours. Quant à baptiser une école du nom de Jean-Louis Murat, c'est une bonne question ... merci de me l'avoir posée. Je trouve que c'est une idée séduisante mais je ne suis pas sûr que l'artiste y soit favorable.
 
 Roches-Tuiliere-et-Sanadoire--m31.jpg
 
- Gardez-vous en mémoire un concert de Murat en particulier? un souvenir? une ancdote?  
L'avez-vous vu régulièrement (dernière visite à la Cartonnerie en 2006)?
 
Eric Quénard : J'ai vu effectivement Murat plusieurs fois en concert à Paris et à Reims au Manège ou à La Cartonnerie. J'ai eu l'occasion de le croiser dans un resto après l'un des concerts qu'il avait donné au Manège de Reims avec Denis Clavaizolle dans le cadre de la tournée Dolores. J'avais pu échanger avec lui très brièvement. Je rêve de pouvoir un jour le rencontrer et échanger un peu plus longuement avec lui sur son œuvre et sur l'engagement.
J'envisage d'ailleurs d'aller le voir au Trianon le 5 avril prochain. [il n'a finalement pas pu s'y rendre]
 
 
- Vous avez partagé sur votre mur FB  "la marseillaise" de Murat. Je suis un peu surpris du peu de buzz autour de cette version il est vrai "respectueuse". Que représente cette chanson pour vous? et cette version? 
 
Eric Quénard : J'aime la Marseillaise pour ce qu'elle est et représente en tant qu'hymne national. Je frissonne à chaque fois qu'elle raisonne lors des rencontres sportives ou lors des manifestions commémoratives. Je trouve que la version de Murat est tout en mesure et sobriété.
 
 
Eric Quénard :  L'envers du Zébu : la création de Murat sur ce projet. 
L'Internationale : très belle interprétation. L'Internationale revue et modernisée par Murat.
Ni Dieu, ni maître : La devise de Murat, non ?
La Marseillaise : Mesure et sobriété. 
L'Idée :  une comptine enfantine dans la même veine que Noël à la Maison, Au Mont sans souci. Je trouve ce texte très beau.
 
Ces cinq chansons sont un hymne à la liberté. N'est-ce pas finalement cela l'engagement?
 
 
 - Une réaction sur son commentaire  sur le fait que la Marseillaise et l'internationale ça lui faisait ni plus ni moins d'effet que "la danse des canards"?
 
Eric Quénard : Murat est un homme de contrastes voire parfois même de provocations. En voilà une illustration. On se demande s’il ne recherche pas finalement chez ses contemporains la réaction, la confrontation. A cet égard, c'est un artiste engagé au sens noble du terme.
 
 
    http://www.rando-planetepuydedome.com/site/img/tourinsoft/414x311/Chapelle-de-Roche-Charles-4.jpg



- Les Inrocks ont fait un article laissant penser que Reims bataillait avec Clermont pour prendre la place de ville la plus rock... c'est vrai  que 2012 a vu l'arrivée de "jeunes gens modernes" venant de  cette ville. Y a-t-il une politique municipale en ce sens?  Vous-même vous avez été actif dans une salle de concert?
 
Eric Quénard : C'est vrai qu'il y a sur Reims une véritable dynamique culturelle depuis plusieurs années avec l'émergence d'une nouvelle scène rémoise dont sont issus des groupes tels que les Bewitched Hands (pop), mais aussi Brodinski (musique électro), Yuksek (musique électro), Alb (électro pop), Barcella (chansons françaises). 
L'ouverture de La Cartonnerie, salle des musiques amplifiées, en février 2005 a largement contribué à cet essor. J'ai été administrateur de cet équipement culturel pendant trois ans 2005-2008).
 
 
 
- Quelles photos souhaiteriez-vous pour illustrer l’article ?
 
Eric Quénard : J'aime la pochette de Mustango et de Cheyenne Autumn. Photos prises à l'extérieur et dans la Chapelle de Notre Dame de Roche-Charles pour Murat en plein air. Les roches Tuillière et Sanadoire.  J'aime beaucoup également cette photo officielle de Toboggan:
muratpicto.png
                                                                                                                        C. Frank Loriou
 
 
 - et ce "toboggan" justement?

Eric Quénard :  Je trouve le nouvel album très réussi. Le CD tourne en boucle. Murat renoue avec ses fondamentaux.


    
- Qu'entendez-vous par "ses fondamentaux"?

Eric Quénard :
Quand je fais référence à certains fondamentaux, ce n'est naturellement pas un jugement de valeur mais bien une appréciation. Je trouve que cet album me rappelle d'une certaine manière Cheyenne Autumn ou le Manteau de pluie avec en particulier l'utilisation dans plusieurs titres de de samples d'animaux, des bruits de craquement et de vent. Mais aussi l'utilisation d'un clavier. Je reste en ce qui me concerne très attaché à ce travail sur les sons. Je le trouve très juste et minutieux. Il renforce l'impression de flottement comme sur "Il neige". J'aime beaucoup l'idée de la résistance au nihilisme que ce disque évoque. J'aime enfin plusieurs titres comme"Amour n'est pas querelle", "Belle", "Robinson" qui me rappellent des berceuses de l'enfance et certains titres de Murat "Au Mont sans souci", "Noël à la maison".
Murat reste incontestablement un artiste unique dans le paysage artistique. Je reste aujourd'hui plus que jamais un inconditionnel. J'espère avoir un jour la chance de le rencontrer.
 
 
 
--------------------------------------------------------------------------------------------------
 Merci de cette conclusion!
Merci à vous de nous avoir accordé un peu de temps, hors de toute promotion et d'élection!
 

Inter-VIOUS ET MURAT- réalisé par mails du 18/11/2012 au 08/04/2013.
Cette interview ne contient pas de questions sur la crise du disque, ni sur la crise du le/la politique (une pensée pour Paul Bacot- private iep'joke) et encore moins sur Woodkid. Parce que.  
 Et que Reims reste en ligue 1... et que l'OL soit en champions league.      
 

Liens:
 
  - http://www.surjeanlouismurat.com/article-reveil-calme-en-suisse-et-avec-jean-louis-murat-85563733.html


Eric Quénard a été une des personnalités à signer la pétition "Pour une émisson spéciale pour les 30 ans de carrière de Jean-Louis Murat", avec Laure D. et  Jean Théfaine... Et oui, c'est ça l'engagement...
           ;.)
           
 
 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 15 Mars 2012

Inter-ViOUS ET MURAT-, Numéro 12 :

 

Michel ZACHA   2e partie.

  

  
  

Dans la première partie que vous lirez ici, Michel Zacha, musicien, producteur, arrangeur, preneur de son, mixeur, nous racontait sa collaboration avec Jean-Louis Murat sur le LP "Murat" de 1982, et quelques infos inédites...  Voici la suite, qui m'a tout autant passionné : le punk français, ses amis Desproges et Kent,  une tournée en Chine, une autre autour du monde et une visite en Auvergne... entre autres...  

  1976 Machinacoeur

  "Au studio 1 d'EMI en 1980  (dans lequel j'ai mixé "Murat").   Le clavier au premier plan est la fameuse "machinacoeur"  que   j'avais  conçu en 1977 (à l'époque il n'y avait pas d'échantillonneur) pour mon album "INUTILE"   et dans l'ombre on distingue Danièle Chadelaud et Annie Vassiliu qui étaient là pour faire quelques choeurs".     

 Michel Zacha

 

  

 

- Alors, concernant MURAT, as-tu continué à suivre sa carrière?    assidument ?(puisque beaucoup de monde n' a pas réussi à le suivre) ...  Peux -tu me donner 3 titres préférés?  (c'est les questions rituelles de l'inter-ViOUS ET MURAT! ).

ZAC:  Je n'ai pas suivi la carrière de Murat car je n'en ai pas eu le temps. Les chanteurs et les groupes français je les écoute en général quand je suis derrière la console. Je n'écoute plus jamais ce que je produis une fois que c'est fini et je laisse les chansons me parvenir à travers le filtre des média et du temps, en zappant parfois sur une chaîne de télé ou sur une radio (rarement). C'est ce qui n'existe pas encore et qu'il faut découvrir qui m'intéresse, l'inconnu. Pendant toutes ces années j'étais en studio ou en tournée dans le monde. Un explorateur rentre rarement dans un musée ;-) 

Je n'écoute que très peu de musique, en tout cas celle que je ne sais pas faire, et jamais en bruit de fond.

 

Donc tu peux dire que je n’écoute pas Murat, mais j'écoute pas les Beatles non plus ! Quand je quitte mon ordi pour aller prendre l'air c'est pas pour me brancher un iPod dans les oreilles. Silence, lecture, cinéma, relations humaines, grandes marches, ça prend beaucoup de temps  mais je sais, à travers les bribes de Murat que je capte de temps en temps à travers l'espace et le temps, qu'il n'a pas dévié de sa route. Estime et respect... mais pas trop quand même.  Faut pas déconner non plus, c'est jamais qu'un être humain ! ;-)

 

 

 

Je me demandais si tu connaissais Marie Audigier avec qui vous partagez l'amour de la musique africaine ?

 

 

ZAC : Je l'ai croisé une ou deux fois mais je garde un jolie souvenir d'elle quand je suis allé voir Jean-Louis pour la première fois en Auvergne avant notre aventure. Je me souviens d'une maison en bordure d'une forêt froide et sombre sous la neige, du regard de Jean-Louis que je rencontrais pour la première fois, intense comme celui d'un husky et, à l'intérieur de la maison chaude, il y avait une personne fine et délicate mais un peu sauvage qui m'a servi du thé. Quand je suis ressorti dans la neige après avoir entendu les maquettes de Jean-Louis il y avait des ombres qui bougeaient dans la forêts et j'ai cru entendre Murat/husky chanter “ On chasse on sépare des montagnes en deux, on porte des colliers du plomb sur les mains, et pour la fin on mord dans des hanches de daims" et quand je me suis retourné, j'ai aperçu Marie derrière une fenêtre de la maison des "sévices amoureux".

 

 

 
- Sur ton parcours ce qui m'étonne, c'est comment tu es passé du "barde de Katmandou sur Seine et David Crosby de la vieille Europe" (comme je l'ai trouvé sur le net)  au  Big Zak punk... du fan des Beatles  à Get baque,    et    "célèbre musicologue et accoucheur des cas déspérés" sur la pochette d'Higelin 82... c'est-à-dire qu'en 6 ans, tu acquières l'image d'un sorcier du studio... 

J'ai trouvé des propos du patron de seveteen records  , spécialiste du punk, sur un forum à ton sujet :  "Big Zak aka Michel Zacha, was one of the rare breed who    recorded music in the late sixties / early seventies, both performing and producing, until he became one of the top punk band producers, in the late seventies. He knows how to record / remaster punk, prog, classical, as well as traditional songs / performer. Very versatile.
He is, as far as the "above 60" people I know, the only one who had 25+ years experience in both mixing, recording and mastering on analog, and who can master digital as well better than I do").

 

 

ZAC:  Les journalistes écrivent n'importe quoi et adorent faire des mots : Barde de Katmandou tu parles ! Tout ça parce que je jouais dans HAIR, que je m'accompagnais à la guitare acoustique et que j'adorais harmoniser les voix. Mais j'étais tout sauf un baba cool. J'ai certes appris à chanter avec les Beatles (je n'ai jamais été fan de personne) mais c'est le Lennon des champs de fraises qui me branchait et quand John a fait exploser les Beatles (il était temps !), c'est lui que j'ai continué à écouter et pas la guimauve que devenait le génial Mac Cartney. "How can you sleep " lui chantait John ...

 

 

1969 Hair Julien et Zac

                                                        Zacha et Julien Clerc à l'époque de HAIR (Juin 1969 à Paris)

  En 1976,  j'avais fini ma trilogie chez EMI (le dernier volume s'intitule comme par hasard "INUTILE" !) alors qu'un Disco laminoir et éléphantesque envahissait les radios et je me rendais compte en me tapant la corvée de la promo que je n'étais vraiment pas fait pour faire reluire les pompes de présentateurs débiles en chantant en play back entre deux pubs.

Avant, j'avais été skieur, gardien de but, basketteur, apnéiste et presque prof de lettres classiques et je n'avais jamais eu l'intention de devenir un vieux chanteur et d'ailleurs je n'étais pas un chanteur, ce que Constantin avait bien compris : je n'étais heureux que dans un studio, assis derrière une console comme dans la cabine d'un vaisseau spatial parti explorer des univers musicaux inconnus et croiser quelques extra-terrestres aux grandes oreilles. Fabriquer de la musique c'est quand-même autre chose que d'aller faire le cabot chez Michel Drucker (déjà là y’a 30 ans !).

La matière sonore c'était ça qui m'intéressait, qu'elle soit de moi ou d'un autre n'avait aucune importance, pourvu qu'elle soit originale et inventive. Alors que j’adorais les Beatles, quand j'ai entendu Get Baque de Starshoot ça m'a vraiment mis la banane. J'ai foncé là-dedans avec le même plaisir que j'avais eu à m'échapper de la Fac de lettres en 68, en comprenant que je ne serai jamais prof ! 

Et puis dans Starshoot y'avait Kent, et nous avions bien compris la même chose, Constantin et moi : Dans le fou furieux aux cheveux rouge qui bondissait sur scène sur une rythmique maladroite et des riffs de guitares simplistes se cachait un véritable auteur.

    

19780729 Lyon Th--tre Romain

 

 

vidéo et photo de 1978 au premier festival de Fourvière (Lyon)...

 

(Soirée culte:  Marie et les garçons se font chahutés... et Bijou, Kent, Kolinka viennent les rejoindre sur scène:  vidéo-là . Quelques jours avant, c'était  l'enregistrement de "le Rock d'ici à l'Olympia", admirablement produit par ZACHA.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ZAC:   Tous ces groupes avaient l'énergie, la virginité des nouveaux talents, la soif de vivre et la naïveté de croire qu'il allaient décrocher la lune. Ils étaient d'une inconscience totale, avec leur agressivité de façade et leur air d'avoir tout compris alors qu'ils ne savaient rien ... la jeunesse quoi. Comment résister au plaisir de partager avec eux cette expérience inoubliable du premier vol, du premier disque, et de leur offrir les meilleures chances ?

Rock'n Folk m'avait surnommé le gynécologue du rock et je trouvais ça plutôt flatteur...

 

Pour ta petite histoire on a tourné l'année dernière en Chine avec Kent et Bastello et j'ai enregistré un live "Made in China" avec un simple MacBook Pro. Je te garantis qu'on a toujours la même pêche et le même enthousiasme qu'il y a... trente ans ! Faut dire que les universités pleines d'étudiantes chinoises déchainées, ça le faisait vraiment ... même si j'ai souvent ramé avec la sono.

Comme le disait Bastello à la fin du premier concert (triomphal) : " C'est pas tous les soirs qu'on est les Beatles ! " 

 

Tu vois, t'avais pas bien compris ; j'ai jamais quitté les Beatles, les vrais, ceux du Star Club à Hambourg ;-)

 

 

- Oui, j'avais bien vu cette tournée en Chine, et voulait t'en parler,    histoire de fin un clin d'oeil à un "inoxydable", leader du groupe DEUCE, qui interrogeait Kent sur l'absence de live de Starshooter     :         

                       

 Kent: "- Je regrette qu'il n'y ait aucun live de Starshooter. Et il n'existe aucun enregistrement de concert correct, digne de ce nom, du moins à ma connaissance, hormis ce fameux soir à l'Olympia. Tout le concert a été enregistré et il ne tient qu'à EMI de ressortir les bandes et les faire mixer. Je suis certain que Michel Zacha serait partant pour ça. Et moi aussi ! 'Hygiène', qui figure sur la compil' 'Skydog Commando', a été enregistré à Paris par Marc Zermati dans un petit studio 8 pistes. Bien évidemment, nous n'avions pas le droit de le faire à cause du contrat avec Pathé, d'ou le pseudo les Scooters"

                                                                                http://www.steviedixon.com/Rockalyon/Starshooter.html

 

          

ZAC:  On ne retrouve pas les bandes !! Mais je vais en reparler à Kent. On connaît un responsable à EMI.

 

 

 

- J'ai bien sûr envie de revenir à CLAUDE DEJACQUES  dont le parcours m'a tant intéressé.... Que peux-tu nous dire de lui, lui qui dresse de toi un portrait plus qu'élogieux dans son livre ?


ZAC: C'est mieux d'en parler, ce serait trop long de l'écrire : c'était un véritable baroudeur au coeur d'or. Un frère.

Même chose pour Constantin : c'est ce déchirement perpétuel entre son amour des textes, de la musique et des artistes et son travail quotidien au sein des multinationales ultra libérales qui ont fini par le tuer.

 

  Michel+Zacha+Zacha_Michel_Inutile_F1.jpg

 

- J'aimerais bien savoir  si tu peux citer quelques productions dont tu es le plus fier, ou qui ont compté sur toi, mise à part Kent avec lequel je pense tu as vraiment une relation particulière?

   

ZAC:   Je vais t’étonner mais l’une des prods dont je suis le plus fier c’est l’intégrale de Pierre Desproges!  C’est l’exemple même de ce que peut être le métier du son :

Pour "La Scène", pas de problème (j’avais enregistré les deux spectacles sur mon Tascam 8 pistes) ; pour "les Chroniques de la haine ordinaires" idem ; mais pour les Réquisitoires :

Imagines-tu la somme de travail qu’il a fallu pour aller récupérer à l’INA les enregistrements sur bandes magnétiques de trois années de tournées dans toute la France du Tribunal des Flagrants Délires : 600  enregistrements qu’il a fallu numériser sur bandes DAT puis transférer dans mon ordinateur ( un Mac du moyen-âge :1992 ! ). Ensuite , avec Hélène Desproges, nous avons TOUT écouté, choisi les meilleures prises et là le véritable travail a commencé : tous les Réquisitoires de Pierre étaient écrits et nous avons décidé de respecter son texte à la virgule près. Cerise sur le gâteau, pendant le déroulement des réquisitoires Luis Rego et surtout Claude Villers faisaient des commentaires et des réflexions qui faisaient rire le public. Si on les avait gardés, non seulement ce n’était plus le texte de Pierre mais en plus notre cher « Massif Central » réclamait des droits exorbitants.

 

pierre-desproges-pierre-desproges-l-inte

 

 

Nous avons donc décidé de NE CONSERVER QUE LE TEXTE DE PIERRE !

Ce qui veut dire qu’il a fallu couper toutes les interventions de Villers/Rego, tous les rires, les hésitations, les digressions, pour reconstituer le texte de Pierre, à la virgule près sans que personne n’entende les montages, comme si Pierre avait parlé naturellement sans être interrompu. Accessoirement il fallait que la prise faite à l’hôtel de Ville de Lyon devant 200 personnes, soit "raccord" au niveau du son avec celle enregistrée en plein air sur le port de Dieppe !

Un immense travail pour que, finalement, le public ne se doute de rien !

C’est-ça une bonne réalisation. Et je devais bien ça à mon ami.

 

Un autre grand souvenir, c’est mon travail avec Geoffrey ORYÉMA (et Jean-Pierre Alarcen) tout simplement parce qu’il était dans l’écurie de Peter Gabriel et qu’après le tube "Yé,Yé,Yé", nous sommes partis en tournée avec WOMAD dans le monde entier… et sonoriser un concert devant 20 000 personnes  un jour à RIO, deux jours plus tard à ADÉLAÏDE… puis  le lundi à WINIPEG, le Jeudi à CACERES  etc … après LOU REED et avant PETER GABRIEL, c’est quand-même quelque chose !

 

Avec Geoffrey je me suis retrouvé aussi sur la tour-son de WOODSTOCK et dans la loge des Beatles avant de monter sur la scène du STAR-CLUB à Hambourg…

 

Geoffrey avec Alarcen à One shot not
   

 Il y a aussi  "TABLEAU N° 2" de Jean-Pierre ALARCEN, un poème symphonique pour Piano et Orchestre … produit à la maison dans les années 80s avec un Tascam 8 pistes  synchronisé avec un ATARI, un séquenceur midi Hybrid Arts - 2 AKAI S1000 et un D550 Roland. Rock’n Roll !!

 

J’en ai plein d’autres comme ça : Le Rock d’ICI à l’Olympia, Starshoot ou Xavier Lacouture, Asphalt-Jungle   ou les Mamy cubaines de la CASA de la TROVA rien ne m’a arrêté, rien que du plaisir !

 

 

-Il n'a jamais été question de rééditer tes disques en CD?

 

  ZAC:  Je remasterise petit à petit mes trois albums … quand j’ai le temps !

Là tu peux écouter le Vol d’Icare remasterisé  ( c’est dans la Part 2 : 2h00 du mat ) avec les commentaires sur l’ambiance de l’enregistrement :

  http://frenchup.blogspot.com/search/label/triangle

 

 

-  Tu peux nous parler de ton actu?  MAMIENCO ?

     

ZAC:    Pour Mamienco, tu vas sur leur site. Y’a tout. Je les sonorise le 23 mars au SEL de  Sèvres.           http://www.mamienco.com/

 

Et le 25 au Théâtre La Bruyère je sonorise Dassin d’Odessa qu’ils accompagnent.

 http://www.dassin-dodessa.com/

 

Je travaille en ce moment avec Erol Josué  http://geomuse.fr/?p=120      

 

Je viens de mixer et masteriser le dernier spectacle de Michèle Guigon au Théâtre Vidy Lausanne "Pieds nus traverser mon cœur"

 http://michele-guigon.com/

 

Kent vient de sortir en CD son MADE IN CHINA

http://kent-artiste.com/03musique/kent2011_alb18_0accueil.php

 

 

 

 

- Un énorme MERCI, Michel, pour ta disponibilité,  ta confiance, les  3 superbes photos tirés de tes archives...

Longue route à toi!

 

 

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INTERVIEW REALISEE PAR MAILS DU 22/01/2012 au 10/03/2012

 

Bien que je ne suis pas favorable à cette façon de faire, en raison de la spontanéité des échanges, de différents allers-retours sur les sujets,   l'interview a été  bricolée, "mixée" en collaboration avec Michel. 

 

©surjeanlouismurat.com    15/03/2012

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LES LIENS EN PLUS :   

  

- rappel : Mon premier article  évoquant Michel :  http://www.surjeanlouismurat.com/article-zacha-et-desjacques-producteurs-de-murat-en-82-84-part-1-97335518.html

 

- pour les fans de Manset : On trouve Zacha et Manset sur le même disque : compil Pop made in France (EMI c17812400/1), mais également sur un disque canadien  de Pierre Dufresne dont Manset a fait les arrangements et dirigé l'orchestre : Zacha est crédité d'un texte sur une musique d'André Popp. Ce grand compositeur était son éditeur, et c'est grâce à lui, et à Dejacques et Julien Clerc, qu'il a pû décrocher ce fameux contrat de 3 disques chez Pathé.

 

- En attendant une réédition de la trilogie de Zacha, 2 titres ont été réédités sur une compil "LOVE ENCHANTE" en 87 avec deux titres.

 

- Zacha a évoqué le groupe MAMIENCO :  

http://www.arcadi.fr/beneficiaires/bdd/structure.3805/fiche.1066/

 "Ça c’est Michel, le garant de la matière artistique, tour à tour coach, consultant, psy express, très présent, parfois râleur, souvent gouailleur, mais toujours de bon conseil. Et puis, faut qu’on reste sympa avec lui… c’est lui qui a les bandes et qui va mixer l’album !"

http://fr.ulule.com/mamienco-nouvel-album/news/ouf-morceaux-boite-655/

   

- Zacha évoqué rapidement sa récente collaboration avec l'haitien prêtre vaudou EROL JOSUE, celle avec ORYEMA, il faut ajouter au rayon "word" : Mama Sissoko  http://www.mali-music.com/Cat/CatM/MamaSissoko.htm  :

  "Michel Zacha (ouïe d’or, doigté d’horloger et patience de vieux sage" écrit Rémy Kolpa Kopoul de Radio Nova 

 

- Au rayon Punk, et petites histoires dans l'histoire du Rock, je ne résiste pas à évoquer les Guilty RAZORS:

http://www.seventeenrecords.com/seven001.html

"Les Guilty Razors n'étaient pas recommandables, et de nombreux faits divers leurs sont attribués : braquage du directeur artistique de Pathé Marconi à l'entrée d'un concert, vols de mobylettes diverses, mise à sac des salons de soirées cocktails du show biz français... " Ils sont virés de chez Polydor et leur disque passé au pilon!  Zacha a retravaillé sur leur disque à sa réédition.

Quant aux Asphalt Jungle... seul reste en vie du groupe Patrick Eudeline... 

 

- Une partie de la disco de Zacha:

http://www.discogs.com/search?q=Michel+Zacha&type=all&page=4

 

- Allez, on se quitte (mais on reparlera rapidement du LP MURAT -82-) avec un peu de ZACHA:

-

 

 

 

 

 

 A+ Merci de votre attention. ET VIVE MURAT 2012!  

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 15 Mars 2012

Inter-ViOUS ET MURAT-, Numéro 11 :

 

Michel ZACHA

  Murat-Zac.JPG                                                                                                                              ©Michel Zacha

                                                                                                         

 

"Ce message vous est envoyé par un visiteur grâce au formulaire de contact accessible en bas de page de votre blog:    

  Bonjour, je suis Michel Zacha!   Je suis à ta disposition ;-)"

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             - Oh, mince!  Zacha - prononcez Zaka - !  Il me contacte!  J'avais bien vu sur le net qu'il était encore dans le circuit, que du côté des studios d'ALIGRE FM, on l'avait croisé... mais je n'osais plus espérer quelque contact avec le producteur du  LP MURAT (1982) et de tant d'autres disques, notamment avec Kent, Higelin... Mais je ne vais pas vous le représenter : je l'ai fait en détail dans l'article Zacha et Dejacques: producteurs de Murat en 82/84. 

             La découverte de sa musique, de son parcours (débuté en 1969 dans Hair aux côtés de Julien Clerc)  et l'éloge dressée par Claude Dejacques avait aiguisé ma curiosité... C'était l'assurance d'une "Inter-ViOUS ET MURAT"  passionnante... et l'occasion de lancer les festivités pour les 30 ans du premier LP de Jean-Louis Murat.  

             Après avoir vérifié la bonne identité du propriétaire du mail,  je fonce:

 

 

- Bonjour,
Votre mail était tombé dans la boite de spams... et je  viens juste de le voir...
Merci de cette prise de contact!     J'avais essayé de vous trouver lors de ma première publication de l'article vous concernant.
Etes-vous d'accord pour répondre à quelques questions?  Par mails ? (je préfère)...

 

 

ZAC: Pose-moi tes questions, amitié, Zac

 

 

 

- Vu qu'en fouillant un peu sur le net, je n'ai pas trouvé de bio suffisamment complète, j'aimerais bien que l'on en profite  pour la faire... et on évoquera l'épisode Murat... en espérant que vous l'avez bien gardé en mémoire!

 

 

ZAC:  Je ne sais pas si j'ai envie de partir sur une bio.

 

Ce que je peux te dire pour le moment c'est que je vois, posé à côté de mon Mac, le mini album 6 titres intitulé "MURAT" sorti en 1982 chez EMI :

Face A : MURAT (3'35) - SEVICES AMOUREUX (5'05) - CASSIS MOUILLÉ (3'11)

Face B : LES HANCHES DE DAIM (3'40) - LES MILITAIRES (3'10) - LE CUIVRE (4'22)

 

C'est Claude Dejacques, qui était mon directeur artistique entre 1970 et 1976 quand j'enregistrais ma trilogie "les Promesses d'Atlantides", qui m'avait fait écouter le joyeux premier 45 tours de Jean-louis Murat "Suicidez-vous, le Peuple est Mort !" -comme tu le vois, il ne nous a pas déçu depuis- en m'expliquant qu'il s'était déjà fait mettre le grappin dessus par Jean Bernard Hebey et son label SUMO qui pensait tenir un nouveau Manset, et s'était évidemment adressé à EMI...  Je sais que la première chose dont nous avons parlé avec Dejacques c'était justement d'essayer d'éviter toute référence à Manset... évidemment ! 

 

A l'époque, j'étais devenu, avec la complicité de mon ami Philippe Constantin -mon éditeur chez Pathé-EMI -  le spécialiste des accouchements difficiles d'artistes et de groupes de rock jugés pas commerciaux par les sourds du showbisenes  qui n'avaient, comme d'habitude, rien vu venir et signaient tout çà "au cas où"( je peux te faire la liste).

J'ai donc réalisé ce 1er album de MURAT...

 

Je l'ai enregistré dans un studio à la campagne et mixé aux studios d’EMI, rue de Sèvres à Boulogne. 

 

Je dois avouer que c'était difficile, je n'avais pas pu, au dernier moment, réunir l'équipe de musiciens idéale  (je voulais faire ça avec Jean Pierre Alarcen et Georges Rodi mais ils  étaient en tournée, l'un avec Béranger et l'autre avec Jonasz,  et je dois dire que c'est l'un des grands regrets de ma vie de producteur d'avoir raté cette rencontre entre Jean-Louis et ces deux oiseaux) et j'ai foiré quelques titres (j'ose pas réécouter "Murat" ! mais je remixerais bien "Les Hanches de Daim" et "Le Cuivre"). 

Jean-Louis était exactement comme il est aujourdhui, en plus jeune et donc complètement à vif, intraitable et inspiré.

 


P.S.: Quand à "L'Étrangère" je n'en ai aucun souvenir ! je viens d'écouter un extrait sur internet. ça me dit vaguement quelque-chose mais j'ai plutôt l'impression que c'est une maquette et pas une "prod".

On se tutoie?


 

pochette lp

 

 


- Tant pis pour la bio  (il semble que tu aimes la discrétion... Trop? Mais soit...).   Concernant Murat,  un flot de questions:  je n'avais pas tilté sur ce label "sumo"... un label mais qui ne faisait ni production, ni distribution?  donc à peu près, rien?
 

 

 

ZAC: C'était justement le label qu'avait créé J.B. Hebey pour coincer Murat (contrat de cinq ans, édition et tout le bazar... sans aucune structure conséquente). En effet, il avait été l'un des premiers à avoir entre les mains le 45 tours "Suicidez-vous le peuple est mort ".  Murat à l'époque ne connaissait rien au showbizz et mettra plusieurs années à s'en débarrasser.

 

 


- Constantin n'a pas joué de rôle à ce moment là ? Où bien était-il le supérieur de Dejacques?

 

ZAC: Dejacques qui était un free-lance arrivant en fin d'une longue carrière, et  déjà malade, avait accepté la sécurité d'un poste de directeur  de la production française  salarié chez EMI. Constantin, lui, gérait les éditions. Ils faisaient partie de ces quelques rares personnes infiltrées dans les structures rigides du "métier" de la variété qui avaient de l'oreille, un véritable amour pour les créateurs et défendant véritablement les artistes sur le long terme. 

Des alliés et des amis:  En 1976 Le Directeur Artistique était Michel Poulain (Michel Bonnet Directeur général) qui, intelligemment, nous laissaient faire. EMI avait du blé à l'époque, car l'argent gagné avec les Beatles... ou Tino Rossi restait dans le secteur du disque et servait à produire de nouveaux talents et pas à engraisser des trust mondiaux. C'est justement grâce à ce système qu'on pu exister chez Pathé de gens aussi différents que Manset et Yves Duteil.

 

 

 

 

- Concernant le lp Murat, ton nom ne figure pas sur le site officiel... Est-ce que c'est le signe d'une collaboration vraiment difficile?

 

  ZAC: Non. La collaboration était rude. C'était difficile parce que je découvrais comment Murat fonctionnait réellement (il était exactement comme aujourd'hui en plus jeune, en plus écorché et en plus intransigeant -si tu vois le topo-, intraitable et inspiré). Et si c'était délicat de travailler avec une personnalité aussi forte, j'étais bien obligé de me rendre compte qu'il avait raison !  Il fait partie de cette poignée d'artistes rares avec qui j'ai travaillé et que je respecte encore aujourd'hui. 

 La vie est un éternel apprentissage et un disque à moitié raté, c'est pas la fin du monde...  surtout quand on à affaire à un artiste aussi prolixe.

 

Si, à cause de nos parcours individuels, on ne se croise pas souvent, y'a pas de malaise. Nous sommes finalement restés assez fidèles à nos idéaux d'il y a 30 ans et je partage toujours avec lui des colères identiques sur l'apologie faite de la médiocrité et du panurgisme par tous les pantins du prime time, même si nous n'avons pas l'occasion d'en parler ;-).

 

Concernant ce mini LP, sur le site,  effectivement, les crédits sont faux, mais Murat n'a rien à voir la-dedans et je le vois mal perdre du temps à visiter son site pour vérifier ce genre de détail!

 

Je te confirme bien que c'est bien moi qui l'ai réalisé. Qu'il a été enregistré au Studio de Flexanville par Vincent Chambraud.    

Pour les crédits,  il y'avait Bernard Paganotti à la basse et Georges Rodi qui a pu venir plus tard,  et ça, c'était du gâteau ! 

Je ne suis pas sûr du batteur mais ce devait être Jean Paul Prat celui d'Elisabeth Wiener dont je venais de produire l'album "Sauver sa Peau" dans ce même studio.

 

Je l'ai mixé au studio 2 Pathé Marconi avec Claude Wagner.  Dominique Blanc-Francard n'est pas intervenu sur cet album référencé: 2C 030-72642 Z 1982

 

 

 

    - Bon, tout ça m'a  obligé de repartir dans des recherches... J'étais un peu perdu, notamment parce que j'avais oublié que Dejacques ne raconte dans son livre que l'épisode  du disque de 84... pas "suicidez-vous le peuple", ni ce LP MURAT ... qui sont donc tous issus de sessions différentes d'après ce que tu nous apprends!

Donc, pour résumer puisqu'on est en train de lever un grand lièvre...  Il y a le 45 T   "suicidez-vous..", puis il y a la session que tu diriges (et là, on ne laisse pas le choix à Murat des musiciens...

 

 

ZAC:   ...Il n’a pas été obligé d’accepter, j’étais allé le rencontrer en auvergne et il m’avait laissé choisir le studio et les musiciens.  

 

 

 - Ah... ok...   Puis c'est l'enregistrement de "passions privées", où Murat reprend ses musiciens (Pie, Bonnefont...et encore RODI)...Et  c'est ces mêmes musiciens qui sont indiqués sur les deux disques sur le site officiel et musikafarance  (site d'où provient peut-être l'erreur)...

J'aurais bien aimé quand même que tu me dises qui était le guitariste : je le garderai pour moi! 


      

ZAC:  J'étais libre de choisir les musiciens mais j'ai du remplacer Alarcen à la dernière seconde. Ensuite on était en studio et je me suis rendu compte que ça ne collait pas avec Norbert Galo (tu l'aurais trouvé sur le site de Wiener crédité sur le disque que je venais de produire au même endroit). Norbert est un excellent guitariste, mais si il collait pour Wiener, ça n'a pas collé avec Jean-louis, en particulier dans "Murat" ou c'est du sous-Christopher Cross qui ne ride pas du tout comme le vent !

Je te l'ai dit :c'est un de mes grands regrets de producteur: Les Hanches de Daim, le Cuivre ou Sévices Amoureux en direct live avec Alarcen, Rodi au Fender Rhodes et à l'Arp Odyssée, Paga et François Auger... Mea Culpa.

 

 

 

 

- J'ai eu confirmation de la part de Jean-Paul Prat (via FB): il se rappelle effectivement d'une session, pas du disque. Je ne sais pas si c'est du fait d'avoir croisé Murat, mais  Il a trouvé la foi....

 

 

ZAC:  Ah, rigolo!   A l'époque, il était plutôt bon vivant et  j'ai été vraiment surpris en apprenant, en 86, qu'il avait joué à Lyon, devant le pape, et qu'il a viré mystique!  Les batteurs, c'est vraiment une drôle de race et les voies du seigneur sont impénétrables!  



 

- Pour faire un point le plus précis sur cette session,   tu dis qu'il ne connaissait rien au milieu, mais même s'il débutait,  savait-il déjà parfaitement ce qu'il voulait musicalement?  Et c'était quoi : être réellement neuf par exemple?   (je t'ai mis deux chroniques du disque en pièces jointes: sont cités  "Manset, Higelin, Simple Minds, Brian Eno, Capdevielle, Bashung")? Etait-il curieux aussi de la technique?

 

 

ZAC:  Je n’ai pas le souvenir qu’il savait exactement ce qu’il voulait (comme moi d’ailleurs). Dans ce genre de projet on avance au feeling, mais il savait parfaitement ce qu’il ne voulait pas et en particulier les influences trop perceptibles, les citations et le manque d’imagination créatrice.   Ce n’était pas une volonté de sa part ou une simple attitude : Il était  réellement original et désespéré quand ça ne volait pas assez haut, et encore plus exigeant avec lui-même ; d’où son insatisfaction permanente, qui se manifeste encore aujourd’hui dans cette débâcle artistique qui nous entoure.

Pour la technique, c’était à moi de me démerder …

 

 

 

 


- Pour en revenir sur la référence à Manset, dont tu dis que vous avez cherché à l'éviter, il faut croire que c'est un peu raté, car elle a été faite immédiatement par la presse...

 

 

ZAC:  (Nous, on le savait depuis le début, connaissant le panurgisme des médias de variété...)

 

 

-  Emi avait d'ailleurs demandé à Manset de  produire Murat en 81/82...

 

 

ZAC:  (ce qui prouve la connerie des gens du marketing qui commençaient à s'immiscer dans l'artistique).

 

 

 - ...D'où une fameuse rencontre sur les champs entre les deux...  Murat en a tiré la conclusion qu'il n'aimait pas le bonhomme, et Manset, que Murat  n'avait besoin de personne...

 

ZAC:  Sur MANSET, "Murat en a tiré la conclusion qu'il n'aimait pas le bonhomme" et bien, moi non plus...  Ni Constantin, ni personne, sa vie privée n'étant vraiment pas à la hauteur de son talent.

 

 - Ca m'a amusé de découvrir que vous figuriez sur une même compile : "pop in france"... que j'ai dû du coup acheter...   Est-ce que,  - mise à part la personnalité du Monsieur - ,  Manset est pour vous quelqu'un qui a joué un rôle important pour la pop française?  

 

ZAC:  Pas vraiment ! D’alibi, oui !

 

pop-in-france.jpg

                                                                                                                       PopFrance Tome 2 

 

 

 - Sur le LP MURAT, pas de Dominique Blanc Francart donc... Tu le connais?

 

 ZAC :  Il était déjà à l'époque un des meilleurs ingénieurs du son, un des rares qui possédait la technique ET la feuille !   C'était de plus un excellent "mixeur" et un véritable producteur. Moi j'étais un musicien qui faisait de la prise de son et lui un ingénieur du son qui faisait de la musique. On a souvent travaillé ensemble d'ailleurs et il nous pliait de rire en nous racontant son passé de galérien ( il était bassiste dans des groupes de rameurs des sixties, dont "les pingouins").  Il était déjà sur la route quand moi je finissais ma licence de lettres classiques à la fac de lettres de Nice !  On a le même âge (66 ans), mais on est resté très rock an roll.

Et toi, t'es vieux de combien?

 

 

- Je ne sais pas si je donne cette info sur le net: 35 +3...!... Mais je peux te dire que je n'ai pas grand chose de rock and roll j'avoue...  A 18 ans,  je devenais fan de Manset au lieu d'écouter du grunge...   et reste un peu centré sur Murat, Manset, Marchet...  Depuis 20 ans, le groupe lyonnais VOYAGE DE NOZ  qu'a produit YVES ROTHACHER, ex-starshooter et Factory (que tu connais donc!),  m'accompagne (je dois citer ce groupe ici le plus régulièrement possible: obligation contractuelle!).  D'ailleurs,   as-tu un rapport particulier avec Lyon pour avoir travaillé avec autant de lyonnais : Starshooter, Factory, Taha, Marie et les garçons?

 

ZAC:  Lyon, c'est grâce à Constantin : il m'a emmené écouter Starshooter et tout s'est enchaîné...

marie et les garçons

                                Disque culte de Marie et les garçons (avec RE-BOP):  John Cale, Michel Esteban et Zacha

 

 

- Je suis vraiment content de t'avoir en interview, après celle de Stéphane Prin et peut-être bientôt celle de Dupouy (l'invitation avait été faite et acceptée...).  On avait discuté avec Stéphane Prin de savoir si l'ingé-son devait avoir un son particulier, ou être neutre. Qu'en penses-tu?   et y a-t-il un son ZACHA?

 

ZAC :  Je ne me suis jamais posé ce genre de question ! Chaque groupe, chaque artiste est particulier.

Je n’ai aucun ego en tant que réalisateur et je n’ai aucune frustration en tant que musicien. Je sais parfaitement comment obtenir techniquement le son que je veux mais je sais aussi ce que c’est d’être devant un micro et de chanter comme si ta vie en dépendait. Le gros son de caisse claire, j’en ai rien à foutre…  sauf quand c’est nécessaire ! J’ai bien sûr une manière de mettre en image la musique. Une chanson, c’est comme un tableau, j’aime bien une certaine symétrie, une mise en perspective, un point de fuite. Mais c’est le chanteur ou le groupe qui dessinent, qui proposent des couleurs. Moi je suis la pour encadrer, éclairer et transmettre. On n’encadre pas un Warhol comme un Fragonnard. Le son, c’est d’abord les musiciens. Je peux faire du très joli mais j’aime bien aussi quand c’est vraiment brutal. Je ne laisse rien passer question justesse et mise en place, j’ai une oreille de chauve-souris mais je suis indulgent si l’artiste est généreux et je ne suis là que pour le mettre en valeur tout en ayant le plus grand respect pour le public qui va l’écouter. La phrase que je déteste le plus c’est «  on verra au mixage".  Un autre test, c’est d’écouter le play-back sans la voix du chanteur : si tu ne t’emmerdes pas, c’est que la chanson est ratée. Je peux passer trois heures pour "faire" un  son de piano mais j’ai aussi capté en 5 minutes, pendant une répétition, une chanson à la volée qui a été gravée telle quelle sur un CD ( “Elle voulait revoir sa Normandie“ de Gérard Blanchard ) … Disons que je fais de la mise-en-son.

 

 

 Hommage d'Higelin (pochette d'"HIGELIN 1982")  à Zacha  (et Dejacques) :"le musicien Michel ZACHA célèbre musicologue et accoucheur des cas désespérés" :

higlein 82

 

 

 

 

 

LA SUITE :  

  http://www.surjeanlouismurat.com/article-inter-vious-et-murat-n-12-michel-zacha-part-2-101352425.html

 

 

 

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 30 Mai 2011

Inter-ViOUS ET MURAT-, Numéro 10   :

 

 Alain ARTAUD

  

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 Alain Artaud, voilà assurément un homme discret  (peu de choses sur le net !) qui a eu la gentillesse de répondre à mes questions… car quand on dirige une maison de disque, comme LABELS, puis POLYDOR, et que l’on s’occupe de Lady Gaga,  des Black Eyes Peas, Mylène Farmer, Eddy Mitchell… on pourrait facilement devenir un people, façon Valery Zeitoun et  Pascal Nègre… Mais il n’est pas, semble-t-il, du même moule… D'ailleurs,  c’est peut-être pour cela que l’expérience chez Polydor  a pris fin en début d’année (il venait tout juste de négocier l’arrivée de Daho dans la maison… et le nouveau disque de Murat !), on en avait parlé ici même…  

 

 

       En tout cas, moi qui cherchais une personnalité spéciale pour réaliser une  inter-ViOUS et MURAT- spécial à l’occasion des 30 ans de carrière discographique de Jean-Louis, j’ai été ravi d’avoir l’accord d’ALAIN ARTAUD. En effet,  il travaille avec Jean-Louis depuis 1989… et après des musiciens (Erik Arnaud,Christophe Pie, et les 3 jeunes prometteurs...), de remarquables chanteuses (Françoise Hardy, Jeanne Cherhal, A. Pioline), des journalistes et écrivains (Olivier Nuc, Baptiste Vignol) et le "technicien" Stéphane Prin, voici l'interview d'une toute autre catégorie: le "Directeur"... Il n'a pas de gros cigares mais il y avait  matière à faire un beau voyage dans le passé ! Beau... et trop court car il y avait de centaines de questions à lui poser (autour des choix marketing de chaque album, notamment la dernière pochette, le marché du disque, l'avenir de Jean-Louis chez Polydor, etc...). Il faudra se contenter d'une grosse douzaine!

 

 

 

- Alors, M. Artaud, je pense que vous avez connu Murat à l'époque de Virgin. Quel était votre rôle à cette époque?

  

ALAIN ARTAUD : J'étais le directeur marketing de Virgin quand Jean Louis a été signé. J'ai été tout de suite séduis par sa musique, par Cheyenne A. et par la personnalité de Jean-Louis. En tant que directeur marketing, je travaillais sur ses pochettes, ses clips, les campagnes de pub. Pour Cheyenne A,  Jean-Louis voulait travailler avec Jean-Lou Sieff : j'ai accepté même si la dépense dépassait un budget classique de pochette. Je me suis fait tapé sur les doigts mais je m'en foutais car nous savions avec Jean-Louis que le résultat serait top.  Puis,  j'ai contacté  Charles Petit du Village pour le graphisme : je suis aujourd'hui toujours très fier du résultat. 

Pour le spot de pub pour le disque,  nous avons travaillé avec l'agence BDDP pour concevoir un film qui essaierait de raconter l'univers de Jean-Louis :  lui,  assis, filmé en train de regarder un film de Tarkovski et un autre de John ford ! Bref,  il fallait se remuer car toute l'équipe était motivée pour donner le meilleur pour un artiste d'exception. 

Nous avions inventé un jeu de société avec un copain sur la révolution française et j'ai invité Jean-Louis à  le tester : quelle surprise quand je l'ai entendu nous raconter toute la révolution jour par jour...

  

  

  la pub de l'époque, tiré du clip!

 

 

- J'ai retrouvé un article, fameux (peut-être sa rencontre avec Bayon, Libé 15/02/88),  où il disait à propos des photos: "Jamais personne n'a réussi. J'ai fait Mondino, Bettina Rheims, je vais faire Sieff, à chaque fois, c'est des catastrophes. Depuis que je suis petit, je ne me reconnais pas, personne ne me reconnait" (d'ailleurs, dans l'article, "l'histoire de la révolution" de Michelet est évoquée!). C'est rigolo comme il considérait déjà comme échoué cette prochaine séance!  

ALAIN ARTAUD : Il était très content de la séance avec SIEFF qui a fait la couverture de Cheyenn Autumn mais c'est vrai que dans l'ensemble il ne s'aime pas en photo et n'a donc plus confiance dans les photographes ce qui explique son absence des pochettes ou les auto-portraits. Plus généralement, il se trouve transparent en télé quand il chante ce qui est bizarre quand on a le physique qu’il a !  Il a peur de ne pas imprimer la pellicule.

 

 

 

- Dans cet article,  Il est également évoqué les discussions de l'époque autour du premier single... qui devait au départ être MARENDOSSA... Si je devais manquer de toi, avait été enregistré pour CBS en 1985 , et a été finalement réenregistré.... pour être le succès que l'on sait.... Vous rappelez-vous un peu de ces histoires?

 

ALAIN ARTAUD : Je ne me rappelle pas du choix du single, du débat : en revanche,  manquer de toi faisait l'unanimité chez Virgin - ce choix s'est avéré juste puisque cela a été un tube.

 

  SDC11450

 

 

- A l'époque, on sent un Jean-Louis Murat prêt à faire de la promotion, et à écouter sa maison de disque... et aussi à faire quelques concessions (écrire des chansons de 3 minutes 30 par exemple)...   C'était la période où tout était presque facile pour sa maison de disque?  

 

ALAIN ARTAUD : Rien n'est jamais facile pour une maison de disque surtout avec des artistes de la personnalité de Jean-Louis. Mais,  à l'époque,  il  a plutôt confiance, tout est neuf ou presque. Il fait de la promo, parfois trop poussé par la maison de disques vers des trucs trop « variété » mais pas seulement. Beaucoup de radios, télés, presse : les médias le veulent de Sacré Soirée  [et Dimanche Martin] à Libé en passant par les Inrocks.

Ce n'est pas une contrainte pour lui d'écrire des chansons de 3 minutes, ni un ordre de la maison de disque : il a la culture du single ou du concept album, du morceau pour la radio ou du truc de 7 minutes,  bref il aime aussi bien Talk Talk qu’un Dock of the bay de Otis.  

 

- Une des choses peu évoquées, c'est le travail de management ou de direction artistique (comme on dit maintenant) de MARIE AUDIGIER. Que pouvez-vous nous en dire?  Y avait-il une vraie répartition des rôles?  

 

ALAIN ARTAUD : Jean-Louis est son propre directeur artistique, il ne délègue pas vraiment, écoute d'une façon polie, mais il a le final cut : il est son propre producteur donc à ce titre il finance lui-même ses enregistrements et cela, depuis que son contrat avec EMI/VIRGIN/LABELS a expiré. En revanche, Marie bien-sûr est son manager et l'aide à ce titre dans le choix du producteur de concerts, ses rapports avec la maison de disque, rapports aux medias, stratégie ...

La direction artistique a toujours existé dans une maison de disque et tant mieux car c'est une des raisons d'être de ces maisons : produire ! Travailler avec l'artiste sur le choix des chansons, la couleur du disque, le choix des musiciens, du studio, du réalisateur... Je pense souvent que Jean-Louis aurait besoin de ce conseil extérieur même si je pense que c'est un des plus grands artistes français : il est trop seul dans ces décisions.

 

SDC11439                                                                                                                        © 2011- surjeanlouismurat@over-blog.com

                                                                                                                        le fameux objet collector promo du Manteau de pluie.

 


-  ... On en revient souvent à ça...  (Erik Arnaud nous racontait qu'avec Marchet, ils leur étaient arrivés de fantasmer de bosser avec Murat.. et Manset...)... et d'ailleurs, ça va nous permettre de reprendre le fil... L'accouchement du "manteau de pluie" est difficile, et dans le fameux article de Libé paru le 7/10/91 (déjà mis en ligne sur le blog)...  il est souvent question de désaccord avec la Maison de disque (Il est évoqué des insultes et la menace de sortie  d'un fusil à pompe!)...   Des souvenirs de cette période?   Une toute autre époque... puisque Murat évoque un budget de production de 800 000 à 1 million  de F.. 

 

ALAIN ARTAUD : Je ne me souviens pas du tout de l'histoire du fusil ! Dommage c'était rigolo ! «  Je monte à Paris avec un fusil à pompe !  Son coté Ranchero! Jean-Louis peut piquer des colères qu’'il regrette trois minutes après et il n'est pas le genre à tirer avec un fusil à pompe. Je ne me souviens pas de l'enregistrement du disque pour la bonne raison que j'intervenais une fois le disque terminé (directeur marketing à l'époque). Le budget me semble le bon. 

Par contre, je me souviens bien du truc de la pochette car l'éditeur (Emmanuel de Buretel) proposait toujours des idées directement aux artistes ce qui venaient compliquer ou retarder mon boulot et les projets (soyons juste souvent de très bonnes idées!)…  mais là,  le truc du Japon, je sentais la galère !  Le japonais qui pond un truc magnifique, genre David Sylvian avec Russel Mills mais pas ouvert du tout ! Et je sentais le truc difficile :  récupérer l'artwork au japon, les délais brefs.. 

Qui voulait de la couleur ? Qui voulait une photo ? De la nature ? moi ? lui ? virgin? je ne sais plus mais nous avons contacté je crois StyloRouge [ils ont fait le "park life" de Blur*] qui faisait beaucoup de pochettes pour un label qui s'appelait Circa dont j'adorais les pochette... Rien à voir avec Bryan Ferry que j'ai du reste présenté à Jean-Louis pendant un diner au Privilège!  Bryan ferry avec un épis de blé sur sa pochette : impossible  . non…  Un type un peu flou avec du bleu vif et du rouge Ferrari , un épis de blé, un lettrage un peu japonais, un regard que l'on devine droit et qui regarde loin, bref MURAT.  Cette pochette avec Cheyenne et Mustango sont à mon avis les plus réussis d'un point de vue marketing et artistique... 

 

* cf les interviews in english d'un grand "album cover designer" : here  et de StyloRouge here aussi

 

 

 - Le disque se vend bien, je crois, poussé aussi par "REGRETS"...  On commence à voir à ce moment-là la prolixité de Jean-Louis Murat, avec des titres pour les autres, Murat en plein air... et puis, les MAXI 45 T avec des inédits...  Il y avait une volonté d'occuper le terrain? et ça se vendait?   Je repense aussi aux différentes versions de "cours dire aux hommes faibles" (et aussi à ses 3 clips différents...)...     

 

ALAIN ARTAUD : Désolé mais j'ai travaillé avec Jean-Louis sur la préparation de Cheyenne A. et sur la sortie,  puis sur le manteau de pluie. 

J'ai vécu ses sorties ensuite plutôt comme un fan de ses disques car je commençais à enfin signer des artistes et avoir l'envie de diriger un label et de m'éloigner de Virgin pour des raisons perso. A cet époque, j'ai signé et travaille avec Dominique A, Sylvain Vanot et les Occidentaux. Murat m'a encouragé en aidant Sylvain (première partie et reprise rare d'un titre rare de  Sylvain(Pétain fm [inédit live, pas de copie à ma connaissance]) et en me présentant indirectement les Occidentaux.

En 1996, je crois ou 1997, Jean-Louis a demandé de quitter Virgin pour travailler avec moi et donc de signer sur LABELS  (label appartenant à Virgin et dédié aux artistes et labels indépendants). J'étais très fier car LABELS marchait fort et surtout car un artiste comme Jean Louis voulait travailler avec nous (pour moi, c'était bien sûr une forme de reconnaissance). Cependant j'avais une certaine appréhension : allait-il s'acclimater à notre façon de travailler ? S'entendre avec l'équipe habituée à travailler avec des artistes nouveaux ?

Il a enregistré MUSTANGO et cela a calmé tout le monde ! Quel disque! Quelle façon de travailler, d'enregistrer !  Nous lui avons présenté CALEXICO, groupe signé sur City Slang/labels et avec qui il a enregistré je crois deux titres. Et il a été à New-York ou chaque soir, il allait voir des concerts et donnait sa carte aux musiciens qui lui plaisaient pour enregistrer !

Nous avons très bien vendu ce disque et c'était le début d'une nouvelle aventure. 

 

 labels

- oups...  Je pensais que vous aviez travaillé avec lui sur l'ensemble de la période…

Mustango, et oui, cette longue immersion aux Etats-Unis... Il n'a plus travaillé ainsi ensuite (je pense qu'il évoquait souvent l'envie de rester proche  de sa famille) ...   ERIK ARNAUD nous disait qu'il voyait la signature chez LABELS comme l'envie de se rapprocher d'une "culture plus rock et indé" et un certain renoncement au "commercial". Qu'en pensez-vous?

citation complète:  "Je pensais plutôt à Dolorès qui sans être un échec artistique (loin de là) et commercial (ça je ne sais pas trop) représente une sorte de cassure chez Murat. Disons qu'avant de vivre un échec artistique et commercial, il a préféré le devancer en frappant à la porte du label d'à côté (en passant de  Virgin à Labels) et en se rapprochant d'une culture plus rock et indé (sa volonté d'enregistrer avec Calexico). J'ai un peu l'impression que Dolorés était son dernier grand disque commercial - ou plutôt à visée commerciale avec gros budget, gros studio, etc... - et qu'après il a muté (fini les gros studios, les longues séances d'enregistrement, les claviers, le romantisme à tout va...). Et même si j'ai une préférence pour sa première période, je trouve sa mutation très réussie". 

 

ALAIN ARTAUD : Je suis assez d'accord avec cette analyse : il n'était pas content chez Virgin de plusieurs choses : De la proximité avec les autres artistes de variété, la peur ( injustifiée selon moi ) qu’on le présente comme un nouveau Julien Clerc ( c'est compliqué car il le respecte par ailleurs, « le verrou » :  quelle chanson!), échapper à la pression d’Emmanuel de Buretel pour vendre plus (la peur d'être dénaturé), le cirque de la promotion (comme tous les artistes à un moment de leur carrière, il était saturé de passer son temps à répondre à des questions alors que la composition, l'enregistrement, le live,  sont la priorité). Il avait envie qu’on lui foute la paix,  il savait que chez LABELS, les artistes étaient plus libres, plus autogérés. Bon, c'est un gros débat mais je pense que les artistes ont besoin de direction artistique fine et adaptée  à chaque cas particulier ce qui peut créer des tensions bien-sûr entre artiste et producteur. L'histoire retient plus les pressions malhabiles des producteurs (Demander à Neil Young une suite à Harvest quand celui-ci  décide de graver les deux brulots que sont time fades away et tonight’s the night, deux échecs commerciaux qui permettent à Neil Young  d'être adoré 20 ans après par la génération grunge et finalement de vendre encore des disques !) ou les erreurs (Motown refuse que Marvin Gaye grave what's going on car ce chant black révolté éloigne Marvin de l'image du gendre idéal...). Mais personne ne s'intéresse aux passionnés de musique, jeune ou vieux DA qui poussent les artistes vers le chemin de leur public car ils ont la vision, les grands DA  de Canetti [qui a précédé Alain chez Polydor...] à Berry Gordy, Ahmet Ertegun [d’Atlantic records],  Alan Mc Gee, Geoff Travies (Rough Trade) etc....

Donc, Jean-Louis se sent du côté des Calexico, Elliot Smith  (qui, fer de lance de l'Americana, sont les jeunes frères des Neil Young dont JLM est fan), du côté de la démarche sans concession de Robert Wyatt, autre artiste LABELS de l'époque.

 

motwn.jpgatlantic-records.jpg

 

Après, il fait un choix effectivement plus modeste en terme de budget recording, des albums moins onéreux que Dolores car il déteste la poudre aux yeux, le gâchis, le luxe inutile : on retrouve le Jean-Louis qui a la tête dans les étoiles mais les deux pieds bien dans la terre. Je pense aussi qu’il en avait marre de travailler avec des alter egos qui l'avaient souvent déçus : photographes, réalisateurs, clipeurs. Il veut garder un maximum de contrôle. Je pense qu'il aime une certaine rigueur, celle qui pousse les écrivains à être à leurs écrits très tôt le matin, comme une discipline. Il a aussi envie de supprimer un maximum d'intermédiaires entre lui et son public : il se lance dans la création de son site internet, gâte ses fans de covers et d'inédits avant d'être là aussi déçu par la culture libertaire du net ou tout est  finalement pillé au profit de quelques grosses entreprises fournisseur d'accès...

 

 

 

- J'ai  envie de connaitre votre sentiment sur la fin de la période, et la multiplication des disques,  et finalement, un certain épuisement de l'équipe (S. PRIN nous en parlait*)

 

 *S. PRIN :"Effectivement les 2 disques ont été enregistrés en même temps. Très peu de temps après avoir fini  « Bird » je crois, on avait aussi enregistré le DVD pendant la même période, donc je pense qu'un double album de plus à enregistrer à ce moment était un peu indigeste pour tout le monde. Ces albums étaient donc moins agréables à enregistrer, Jean-Louis  plus stressé,  moins préparé aussi. Mais la promo de Bird ayant été assez  bonne, il voulait surement en profiter et ne pas faire redescendre  l'attention du public. Je pense que ça a été un mauvais choix. La vitesse et les contraintes pratiques et techniques pour ces disques étaient encore plus grandes que pour les autres albums, donc un  confort moindre, et des chansons moins travaillées aussi je trouve.  Tout ça a laissé des traces dans les têtes de chacun et la fatigue  de l'enchantement des albums commençait à se faire  sentir". 

 

 

 

ALAIN ARTAUD : Oui, je pense que Jean-Louis a sorti trop de disques à une période, le rythme était trop accéléré et la qualité en a souffert. De plus, ses apparitions télés étaient trop éloignées de l'univers poétique de sa musique et de ses textes : comment retrouver le poète derrière les coups de gueule ou de griffe adressés lors des émissions de télé, comment retrouver l'artiste tellement cultivé, un des plus grands auteurs français quand il trash tout le monde et que les télés sont trop contentes de finalement l'inviter pour ça ( pas toutes!) ?  quel piège! 

 

Pour conclure, je voudrais dire que la démarche artistique de JLM est semblable à celles des artistes qu'il  admire : Dylan, Neil Young ..... et que, à ce titre la comparaison est marrante : leur discographie à l'instar de celle de Jean-Louis est peuplé de chefs d'œuvre,  d'échecs commerciaux ou de réussites, de faux pas et de vrais remises en question artistiques. 

Il y aura encore plein de surprises et moi j'attends le chef d'oeuvre,  le truc qui de nouveau rencontre un public large et exigeant et qui replace Jean-Louis Murat là où il doit être : Au sommet.  

 

 

 

- Voici les questions rituelles de l'inter-ViOUS et MURAT:

*Vos 3 chansons préférées?  L'album?

ALAIN ARTAUD :  Pour l’album, le prochain !                      (NDLR : M. ARTAUD  l’a signé pour Polydor)

Les 3 chansons :

   Le troupeau

   Nu dans la crevasse

   Le train bleu

 

 

polydor1.jpgpolydor 

 

 

- Gardez-vous en mémoire un concert particulier? un souvenir, une anecdote d'un concert?

 ALAIN ARTAUD : Un concert à St-Gervais en Haute-Savoie en décembre juste avant Noël je crois. Il faisait très froid dehors et la version de « nu dans la crevasse » était fantastique. Toutes les allusions à la montagne dans ses textes prenaient une résonance spéciale. L'oreiller Killy, et je ne sais plus quoi. Il a neigé toute la nuit et le lendemain nous sommes allés faire du ski dans la bonne humeur. J'ai adoré cette tournée car il avait décidé de prendre tout le monde à contre-pied : après un album très réussi (Mustango) de facture plutôt acoustique, il avait décidé de tourner en trio et de vraiment réarrangé chaque titre avec par exemple une version machine de « JIM » à couper le souffle et cela a donné un super disque live. 

 

 

- On trouve une chronique de ce concert sur le lien défait…J'aimerais aussi achever historiquement l'interview...   Après Labels, c'est vous qui faites venir Jean-Louis  Murat chez Polydor? Que pouvez-vous nous dire sur cette période?  

 

  

ALAIN ARTAUD : Après LABELS, j'ai  fait venir Jean-Louis Murat chez V2 où nous signons un contrat disque par disque, c'est à dire que le contrat est juste un cadre qui fixe des pourcentages, mais la notion de durée dépend de nos envies réciproques : si le disque me plait, on y va et si lui a toujours envie de bosser avec moi on y va!  Nous faisons des belles choses : Charles et Leo édité par V2/Gallimard, Tristan .... Puis V2 est racheté par Universal et je vais diriger Polydor : Marie Audigier m'appelle et me dit "ben voilà Jean-Louis et moi nous voudrions continuer à travailler avec toi ",  je réponds que c'est une bonne envie! et c'est reparti. 

 

 

- Enfin, avez-vous des projets professionnels dans la musique? 

 

ALAIN ARTAUD :  oui. Je viens de monter une boite qui s'appelle MANASSAS  [ville américaine et  nom d'un album  de Stephen Stills] dont l'objet est l'édition musicale et le conseil aux  artistes et d'autres choses dont il est trop tôt pour parler. Dès l'âge de 3 ans, j'écoutais des disques et je repérais les chansons à écouter par le couleur des labels sur le rond central des 45 tours. Alors c'est reparti pour un tour !

 

ALORS, BONNE CONTINUATION, M. ARTAUD! UN GRAND  MERCI A VOUS!

 

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Interview réalisée par mails du 18/02 au 30/05/2011, sans trucage... mais quelques  sueurs tout de même.

© 2011- surjeanlouismurat@over-blog.com

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 2 Avril 2011

Inter-ViOUS et MURAT-, numéro 9 :  

 

ARMELLE PIOLINE (Holden-Superbravo Girl) 

 

                    

Voilà donc la 9e interview murat-centrée  de Surjeanlouismurat@over-blog. C'est la première de l'année 2011, une année particulière,   pas seulement du fait de la sortie d'un album de Murat (c'est celles  sans album qui sont spéciales...) mais  surtout car  on essayera de célébrer  les 30 ans de carrière discographique  de M. Bergheaud*! En effet, en 1981,  sortait  "suicidez-vous le peuple est mort"...  J'espère (mais ce n'est pas facile) vous proposer à cette occasion un certain nombre d'interviews...   Alors, voilà, pour débuter les célébrations,  et faire plaisir à beaucoup de muratiens qui ont été conquis quand celle-ci a croisé la route de Jean-Louis, j'ai le grand honneur d'accueillir ARMELLE PIOLINE. Son temps était compté au milieu de tous ses projets, et de la sortie du nouveau disque d'HOLDEN (l'essentiel)... mais elle a quand même pris le temps de répondre à quelqu'unes de mes questions.

            

  

 

*signez la pétition en ligne : http://www.petitionenligne.fr/petition/pour-une-emission-speciale-reservee-a-jean-louis-murat-pour-ses-30-ans-de-carriere/956#

 

 

 

 jlm-pioline.jpg 

Photo (magnifique)  prise à la boule noire à Paris  de ãBruno LEVY

Retrouvez les photos de B. Levy sur http://bobines.blogs.liberation.fr/bobines/2007/10/index.html et http://photolevy.free.fr/Site/accueil.html

 

 

 

 

 

Bonjour Armelle,

 

 

 

- Mocke, votre alter ego d'Holden,  a travaillé avec Sylvain Vanot, au moment où celui-ci faisait des premières parties pour MURAT, vous avez connu Murat à ce moment-là?

  

 

A. PIOLINE:   non, on l'a vraiment rencontré quelques années plus tard au moment de "lilith";  il disait aimer nos disques, et il le disait fort, ça nous rendait fiers .... et puis un jour il m'a appelé pour que je le rejoigne en studio à paris; j'ai chanté 2 morceaux avec lui, et puis j'ai trainé dans le studio, je ne voulais plus partir, j'étais hypnotisée par la formule murat et consorts, qui roulait des mécaniques en chaussettes, et maniait la réthorique comme personne;  on s'est retrouvé peu de temps après pour enregistrer un morceau d'Holden, qui figure sur chevrotine, dont murat a écrit les paroles :  "l'orage"

 

  

 

-  Oulalala... vous avancez vite ! Marche arrière : Avant de le rencontrer, c'était quoi votre "histoire avec Jean-Louis Murat" (était-ce une référence ? quand l'avez-vous découvert?...) 

 

 
A. PIOLINEC'était pour ainsi dire un collègue de label .... je ne le croisais jamais dans les bureaux de la rue des Tournelles où se situait Lithium et Labels, mais Emmanuel Plane, le DA de Murat à l'époque, me filait tous ses disques et me parlait beaucoup de lui ... Murat a commencé par être un fantasme, j'entendais des tas d'histoires sur lui, sur sa capacité à envoyer sur les roses les patrons de majors et les journalistes; et je découvrais sa musique ...
 
 

Après l'orage par henryspencer  (il nous manque!)
 

 

 

  - Il y a eu la session lilith, "l'orage"  mais aussi un titre "la belle vie" interprêtée avec jean-Louis, sorti en Cd promo... D'autres souvenirs de ces sessions?  

 
 
A. PIOLINE: Murat avait clairement envie de nous donner un coup de main, il savait qu'on était sur un label fauché, pendant que lui profitait encore des largesses de sa major; il nous a proposé d'enregistrer quelques morceaux en duo, dans un magnifique studio destiné à l'enregistrement de son propre album; personne d'autre ne fait ce genre de choses ....
J'aime beaucoup "l'orage", Murat y a mis tout ce que j'aime de lui, sa poésie fatale et sa voix de velours ; il nous a gâté ...
 
 
 
- Est-ce que vous en profitez pour charrier un peu Jeanne Cherhal (interviewée ici même), sur le thème: "oui, mais moi, j'ai chanté avec Murat, et pas toi!")? 
 
 
A. PIOLINE:   ... impossible pour moi de chambrer Jeanne, je l'aime trop; elle danse la vie plus qu'elle ne la chante, elle s'en tire incroyablement bien en tant que personne...  et puis, elle a sans doute chanté avec des tas de gens qui ne chanterons jamais avec moi.
 
[on a appris depuis, grâce à Baptiste Vignol,  que Jeanne Cherhal avait proposé à Jean-Louis Murat de chanter une chanson:  http://surjeanlouismurat.over-blog.com/article-jeanne-cherhal-en-duo-avec-jean-louis-murat-68901416.html
 
 
 
 
- Vous avez fait sa première partie aux Sables D’Olonnes. Murat et la scène, ça vous inspire quoi?  L'avez vous vu souvent?
 
 
A. PIOLINE:  On a fait pas mal de double affiche Murat/Holden, surtout à l'époque de "Chevrotine"; Murat était en trio, avec Stéphane à la batterie et Fred Jimenez à la basse, c'était un groupe parfait ! Murat prenait de plus en plus de place à la guitare et avait complétement laissé tomber les claviers 80's, un vrai bonheur ! Et il chantait vraiment très très bien aussi.
On aimait passer du temps dans sa loge après les concerts, et dévisser sur l'état du music-business et de la musique tout court: c'est dans ces moments là que j'ai découvert un Murat beaucoup plus nuancé et juste que ce qu'on voulait me faire croire;
certes, des tas de gens me l'avaient décris comme quelqun de tranchant, voire, blessant, mais j'ai pû constater que ça n'était jamais gratuit, jamais sans fondement, et pour tout dire, je le félicite d'avoir eu l'audace d'envoyer chier quelques personnages nuisibles qui se considéraient comme intouchables...
 
 
 
 
 - Holden, cela vient de l’attrape-cœur de Salinger. Je me rappelle d'un article sur Jean-Louis qui évoquait ce livre posé sur sa table de chevet... Vous rappelez-vous avoir évoqué ce livre avec lui? 
 
   
A. PIOLINENon, je ne crois pas,   on a assez peu parlé littérature avec Murat,   étrangement, nous faisions peu de cas de nos textes et de nos influences.    Je crois qu'il a eu très vite un respect mutuel sur notre façon d'écrire, on se l'ai dit, on ne se le répétera pas.
Ce qui nous préoccupait surtout, c'était la place de l'artiste dans la société, comment être libre et écouté, indépendant et audible, comment être respecté au fond ?
Pour revenir à Salinger (qui peut faire penser à Murat par certains aspects, bien que beaucoup moins productif), je ne suis pas étonnée que le personnage d' Holden Caulfield ait percuté l'esprit de Jean Louis; pour moi, Holden est le 1er punk de l'histoire; j'étais follement amoureuse de lui quand j'ai lu le livre.
 
 
 
 
- Murat avait indiqué qu’il avait projeté d’enregistrer Tristan en Irlande… Vous y avez vécu. Avez-vous parlé de ce pays avec Murat ? ou est-ce que vous pensez que l’Irlande aurait sied à la musique de Murat ?
 
 
 
A. PIOLINEBien sûr que Murat trouverait en Irlande des tas d'influences très motivantes, comme Holden en son temps.   La musique est partout, vraiment, dans n'importe quel pub perdu au fin fond du Connemara, il y un groupe qui joue;   et l'esprit est resté beaucoup plus fraternel qu'ici  et ça n'est pas rien quand on choisit de faire carrière dans la musique. 
Mais pour moi, Murat resterait Murat où qu'il aille,   il pourrait enregistrer au Pakistan et revenir avec un album proche de Neil Young ...
 
 
 
- Sur Wikipédia : "Holden joue une musique qui se rapproche des compositions de Jean-Louis Murat".   Qu’est-ce que vous en pensez ?  

 

 

A. PIOLINE: Disons que nous faisons partie de la même famille!

 

 
  la-belle-vie.jpgla belle viela belle vie
 
 
- L’article de wiki indique ensuite : "Comme lui, ils ont du mal à se faire reconnaître au-delà du succès d'estime".  Sauf… au Chili… Est-ce que vous pensez que Murat pourrait intéresser les Chiliens ?
 
 
A. PIOLINE  Le succès d'Holden au Chili, c'est de l'ordre du miracle .... un bon disque au bon moment, qui est passé dans les bonnes mains, à une époque où le Chili avait une soif désespérée d'écouter quelque chose de vrai venant de l'étranger.
On a sans doute ouvert une brèche (Jp nataf, qui nous a accompagné sur la dernière tournée, a eu un succès fou !), mais je ne suis pas sûre que les maisons de disques françaises aient ce genre de priorité en tête ... les Directeurs artistiques  de chez universal ne savent sans doute même pas où se situe le Chili ... (mais là, je parle comme un Murat de base !)
 
 
 

- JP Nataf... qui fait  partie des chanteurs français proches de Jean-Louis (ils se connaissent depuis Dolorès)... et qui a recruté le clavier d'HOLDEN pour sa dernière tournée...
 
Passons aux questions rituelles :  
 * Avez-vous une chanson qui vous a été inspiré par JLM ou qui vous fait penser à JLM ? »  
  (Une chanson comme « les animaux du club »  avec les grillons, son ambiance, me fait penser au « manteau de pluie »…il y a également une chanson intitulé Margot...)
 
  
 
A. PIOLINE:    "la belle vie", sans aucun doute,    et puis un morceau tout neuf, qui sera sur le prochain album d'Holden : "rapproche le  (ton amour)";    je pense toujours à Jean Louis lorsque je le chante. A écouter bientôt ...
 
 
 
 
 
 *Ah, on attend ça avec impatience....
 L'exercice terrible : -vos 3 chansons préférées  de Murat? et pourquoi ce choix?      
                          -vos trois albums préférés?
 
 
 
A. PIOLINE:   Foule romaine - pour la voix invraissemblable au refrain (fou ou ou ou ou oule romaine ...)
Le coup de jarnac  - texte incroyable sur françois mitterand.
Baby carni bird - drôle, intelligent, caustique, j'adore!
Pour les albums, c'est difficile pour moi de dire, je ne les connais pas tous (il y en a tellement).
Celui qui m'a le plus marqué, c'est "le moujik et sa femme"
 
 
  ã Fotorock 
- Vous n'avez pas tous les albums mais... vous connaissez "le coup de jarnac" paru sur une compilation! Quant à "foule romaine"... vous l'avez reprise au Fou du Roi en 2009. 
 
Jean-Louis  est en studio, ou a dû déjà terminé (s'il a été aussi rapide que d'habitude).  Est-ce que vous attendez toujours un nouvel album de Jean-Louis avec impatience ou curiosité?  Si non, qu'attendriez-vous d'un nouvel album de Jean-Louis?
 
 
A. PIOLINE Comment être impatient quand un album arrive tous les ans et demi ??
Non, je conçois plutôt l'oeuvre de murat comme une oeuvre littéraire, que je lirai doucement au fil de ma vie, en restant scotchée sur une oeuvre le temps qu'il faudra,
ses albums sont tout à fait intemporels - bien que très ancrés dans notre histoire - et je m'y retrouverai encore dans des décennies.
 
 
 
-  Vous avez tournée en solo avec le projet « superbravo » en 2010… Le disque est sorti il y a peu avec un label que vous avez développé aussi pour Holden...  Et encore donc un groupe de qualité obligé de s'auto-produire... Quels sont vos projets pour 2011?
 
 
A. PIOLINE Oui, c'est vraiment l'année de l'autoproduction pour nous !
Nous avons quitté le village vert qui était notre maison de disque depuis une dizaine d'années,  et plutôt que de solliciter trop vite un autre label pour continuer à travailler, nous avons eu envie de profiter de cette extraordinaire liberté (plus de patron !!) pour sortir un objet important à nos yeux sans demander la permission à personne. C'est un coffret de 28 morceaux d'HOLDEN, dont la moitié inédits, glanés et enregistrés au fil de nos 10 ans d'existence, de l'époque de Dublin à nos années "Senor Coconut".
 
Le coffret qui s'intitule "L'ESSENTIEL", sortira officiellement le 29 mars, mais sera disponible quelques semaines avant sur le site du label WATUSA* ( copies signées et numérotées pour les fans hardcore ... ).
Et puis il y a ce projet solo, SUPERBRAVO, auquel j'ai travaillé l'année passée et qui a fini par exister depuis peu sous forme d'un joli vinyl rouge (un 45T à l'ancienne, face A : "CARS" - face B : "DEWDROP") et un code de téléchargement bien caché à l'intérieur, pour pouvoir écouter l'album sur un lecteur mp3.  Je le vends sur mes concerts, et bientôt sur le site WATUSA.
Mocke quant à lui, a mille projets musicaux, notamment un que j'adore : les Old Timey Messengers, groupe country punk constitué d'une bande de new yorkais dingues, proches de Robert Crumb.   En ce moment, il enregistre le 1er disque de MIDGET!, duo qu'il a fondé avec la chanteuse Claire Vallier.  

 

 


 

 

 

Interview réalisée par mail le 8/02/2011.  

Cette  interview n' évoque pas la  crise du marché du disque.  Toutes mes excuses.

 

Pierrot 2011

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LE LIEN EN PLUS :

 

 

-  LE SITE OFFICIEL : http://www.watusa.fr/

Avec la prévente web  d'une édition  limitée du nouvel album "l'essentiel" sorti le 29/ 03.

 

 

- une magnifique chanson :

 

 

 

- la reprise de Foule Romaine par Holden en 2009 au fou du Roi:

http://www.megaupload.com/?d=LYNMOS0L

 

 -  http://www.deezer.com/fr/music/holden#music/holden/l-essentiel-940658

 

-  Une interview par Hervé :

http://hervepizon.over-blog.com/article-superbravo-armelle-pioline-en-attendant-solo-52272783.html

 

et une vidéo d'une chanson de Superbravogirl:

- un live:
A+ m'd'ames, mes cieux

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 19 Janvier 2011

Après une erreur de manip sur la console, j'avais effacé la deuxième partie de "l'inter-ViOUS et MURAT"  de Stéphane PRIN... sans m'en rendre compte. La voilà comme neuve.... et dans l'actualité, puisque  cette semaine, Jean-Louis est en studio... avec Stéphane? Christophe? ou Aymeric?   Il faudra attendre pour savoir...  Depuis l'interview, Stéphane a collaboré avec Florent Marchet, la Fiancée, Céline Ollivier...

 

 

Pour tout reprendre à zéro,  Première partie :  

 

 

 

Inter-ViOUS et MURAT-, numéro 4 :

 

  STEPHANE PRIN     (deuxième partie)

   3c72f3b-copie-1.jpg

                                                                       SDC11729

 

 

-  Lilith, c'est aussi l'arrivée d'Aymeric Letoquard (le livret indique 5 prénoms d'assistant "dont cette perfection  d’Aymeric"...)

 

S. PRIN : Aymeric était stagiaire quelques mois auparavant à Davout, et j'avais apprécié son caractère et sa motivation à l'époque, donc j'avais conseillé les managers de Davout de le garder comme assistant comme Christophe et Jean-Louis avait fait avec moi plusieurs années avant. Il est donc logique qu'il ait suivi le même parcours que moi et m'ait remplacé par la suite aux cotés de Jean-Louis. Le courant passait très bien entre eux deux, c'est donc naturellement que j'ai fait appel à lui à chaque séance à Davout avec Jean-Louis. Il m'a du coup remplacé lorsque je n'ai pas pu faire les séances pour l'album Taormina.

 

 

-  Vous avez répondu en avance à ma question habituelle du "meilleur album"! Et m'avez posé la question...  Lilith est aussi mon favori... même si "le cours ordinaire" me plait beaucoup. Quant au "jours du jaguar",  c'est vraiment le titre attendu à tous les concerts, avec des versions toujours différentes et c'est assez extraordinaire. Qu'est-ce que vous pensez de ces concerts? L'avez-vous vu régulièrement? 

 

 

S. PRIN :Je l'ai vu quelques fois, surtout à l'époque ou je travaillais avec lui, c'est toujours inattendu, ce qui augure du pire comme du meilleur évidemment, mais ça permet de garder une excitation assez intéressante je trouve, et je sais que c'est ce qui l'intéresse le plus, la prise de risque, l'imprévu, l'audace. Et c'est ce qu'attendent les gens de sa part je pense.

 

 


- On reprend le fil... avec ce qui reste une parenthèse... enchantée presque... car l'album a beaucoup de fervents: a bird on a poire. Cette fois ci, vous avez un titre de producteur ( même si c'est pas si clair : sur le livret de l'album, vous êtes crédité pour les prises de son et mixage, mais comme co-producteur sur le maxi...).

 

 


S. PRIN : Ah? Sur le cd, il me semble être crédité comme co- real aussi pourtant, non??
En tout cas, c'était vraiment le cas. En gros, le projet s'est initié lors des mix de lilith. Pendant que je mixais, Jean-Louis et Fred étaient dans la pièce d'à côté en train de réfléchir déjà sur les morceaux de Fred que Jean-Louis aimait, et sur lesquels il voulait écrire un texte. Jean-Louis a ensuite eu l'idée de faire un album concept autour d'une rencontre entre une américaine et un français, à Paris et a parlé de Jennifer, en parlant d'un album duo.

Pour cela il a voulu se concentrer sur les textes uniquement et laisser carte blanche à Fred pour la musique. Fred m'a donc demandé de l'aider pour la réalisation et on a géré toutes les musiques seuls en studio, pendant que Jean-Louis écrivait chez lui. Il n'est revenu en studio que pour faire les voix avec Jennifer lorsque les musiques étaient totalement réalisées.
Voilà pourquoi, cet album est un peu un ovni dans la discographie de Jean-Louis. Fred a définitivement des influences bien plus pop de JL :.)


 SDC11717 

 

- Lors de la tournée qui a suivi, voici ce que disait Jean-Louis Murat sur vous :

Peux-tu parler de l’apport de Stéphane Prin qui enregistre et qui mixe tous tes disques ? 
Je le connais depuis super longtemps, il était assistant, on a sympathisé. On est assez amis, je lui fais confiance ; c’est un des gars qui me connaît le mieux, il sait ce que j’aime et ce que j’aime pas. C’est pour ça qu’on va super vite. Comme c’est mon caractère de ne pas aimer rester longtemps en studio, je m’entoure de gens qui travaillent vite, qui me connaissent bien, qui ont du goût et qui ont plein de qualités humaines. C’est le cas de Stéphane. Je trouve que c’est mieux de travailler avec des amis, s’ils sont compétents… et il est très compétent.

C'est plutôt gentil... Qu'est-ce qu'il n'aime pas Jean-Louis Murat en studio?

 

S. PRIN :  Oui, j'avais lu cet article qui m'avait fait très plaisir à l'époque. 
JL n'aime pas énormément de choses, mais je ne vous apprends rien. Il n'aime surtout pas être contrarié en fait, et c'est là que je pense avoir été suffisamment psychologue, capable de faire passer mes idées discrètement, sans trop qu'il s'en rende compte, pour qu'il soit ravi de la tournure des choses au final.

En studio, il n'aime pas la lenteur et le labeur, contrairement à beaucoup d'artistes, il faut qu'il y ait du mouvement, que ça aille vite et que les choses avancent. Le connaissant, je me forçais à travailler particulièrement vite et à prendre des initiatives pour garder l'excitation nécessaire à JL.


 

 

 

- Ah, oui, toutes mes confuses: dans le livret, il est précisé "enregistré et mixé" mais dans le verso du boitier, vous êtes bien noté comme producteur.

 

Vous parlez de la vitesse, est-ce que ce n'est pas une source de frustration énorme pour un ingé son ?  J'écoutais une interview de Patrice Lazareff   qui parlait de 4 mois pour mixer dix titres pour Voulzy.

 

 

S. PRIN : Pas du tout, au contraire, personnellement, j'adore, ça donne une urgence, ça permet de ne pas s'ennuyer des chansons aussi, de  les redécouvrir à chaque écoute, plutôt que les rabâcher  maintes et maintes fois. Le recul est le plus important dans une  production, et quand on tourne en boucle sur la même chanson des jours  durant, ou des mois dans le cas de Voulzy, le recul n'existe plus. C'est ce que redoute Jean-Louis, d'où le mauvais souvenir de Dolores pour lui.  Voulzy est très particulier, il n'y a que lui qui peut bosser de la sorte. Et c'est très dur pour son entourage,  mais il a besoin de ce temps pour exprimer ce qu'il souhaite. Différentes  approches.

 

 


- Patrice Lazareff dit aussi dans cette interview qu'un bon ingénieur de son est quelqu'un qui n'a pas un son particulier, reconnaissable... Qu'est-ce que vous en pensez? Sinon, est-ce qu'on peut discerner un disque mixé par S.Prin  d'un disque de Dupouy ou de Letoquart ?

 

 

S. PRIN : Je pense que Patrice parle de  l'ingénieur du son prestataire de service qui n'essaie pas de  magnifier avec les moyens dont il dispose les chansons qu'il a dans les  mains. Je pense au contraire qu'une chanson enregistrée réussie  tient bien sûr de la composition, mais autant de l'interprétation  que de la couleur sonore qu'elle dégage. Le son est très important  pour l'impression finale de l'auditeur. On peut tout aussi bien tuer une  bonne chanson, comme en magnifier d'autres. C'est un assaisonnement et une présentation d'un plat, il doit être attirant et relever en  goût. Chaque ingé-son y met sa personnalité, ses goûts, on entend donc forcément une différence, plus ou moins flagrante. Il faut bien sur une oreille un peu avisée, mais l'identité et la couleur de  l'ingé-son peut rendre certaines chansons plus fades ou plus excitantes  que d'autres.


- On en arrive ensuite à Moscou, et 1829... je pense enregistré en même temps. Je trouve que Moscou  manque d'unité, malgré des belles chansons ( notamment la fille du capitaine)... j'ai toujours pensé que Murat baclait le projet pour en finir avec Labels. Etait-ce une fin de cycle (fin avec Labels, fin du sparing partner avec Fred...)? Que pouvez-vous nous dire de cette session? 

 

 

S. PRIN : Effectivement les 2 disques ont été enregistrés en même temps. Très peu de temps après avoir fini  « Bird » je crois, on avait aussi enregistré le DVD pendant la même période, donc je pense qu'un double album de plus à enregistrer à ce moment était un peu indigeste pour tout le monde. Ces albums étaient donc moins agréables à enregistrer, Jean-Louis  plus stressé,  moins préparé aussi. Mais la promo de Bird ayant été assez  bonne, il voulait surement en profiter et ne pas faire redescendre  l'attention du public. Je pense que ça a été un mauvais choix. La vitesse et les contraintes pratiques et techniques pour ces disques étaient encore plus grandes que pour les autres albums, donc un  confort moindre, et des chansons moins travaillées aussi je trouve.  Tout ça a laissé des traces dans les têtes de chacun et la fatigue  de l'enchantement des albums commençait à se faire  sentir. 

 

studio 

 

-  Avec Murat, on imagine toujours que tout changement est lié à une brouille (arrêt de collaboration avec Denis, Fred et vous...) mais un peu plus haut, vous nous avez dit que Murat vous aurait proposé de faire Taormina...  Il s'agissait d'une question de planning?

 

 

S. PRIN : Tout-à-fait, il m'a appelé quelques  mois après Moscou pour enregistrer un autre projet 6 mois plus tard. Outre mon besoin de souffler un peu pour rester motiver sur des projets  avec Jean-Louis, mon planning était effectivement plein pendant 6 mois de  suite, et Jean-Louis  ne voulait  absolument pas reculer l'enregistrement, il a  donc décidé d'appeler Aymeric pour me remplacer. Fred a par contre  joué  sur Taormina et je ne sais pas si ils se sont brouillés après  ou pas, je crois que Fred avait son projet dont il voulait s'occuper à plein temps, j'y ai d'ailleurs participé et c'était un plaisir. Il   rejoue avec lui sur la tournée je  crois. 

 

 

- Est-ce que cette interview vous a permis de dire tout ce que vous vouliez dire sur Jean-Louis Murat? Quelque chose à rajouter ?

 

 

S. PRIN : Ma foi, pour quelqu'un qui passe son temps à écouter les autres, je trouve avoir beaucoup parlé ici. Jean-Louis  a toujours été un personnage important pour moi, dans ma carrière,  mais aussi dans le paysage artistique, par un anti conformisme, parfois  contestable, mais essentiel de nos jours. C'est probablement ce qui m'a  le plus plu chez lui, le fond avant que la forme. Alors que mon métier  concerne la forme, aussi paradoxale que cela puisse paraître !

 

 

 

- Comme je le fais toujours (vous avez déjà répondu à la question du meilleur album) mais quels sont vos  3 titres préférés? et qu'est-ce que vous pensez du dernier album?

 

 

S. PRIN : 1/ C'est l'âme qu'on nous arrache 
2/ De la coupe aux lèvres 
3/ Les jours du jaguar 
...du coup vous voyez l'album que  je préfère...:-) 
Le dernier album me semble assez  bien fait, même si je trouve les chansons dans l'ensemble un peu moins  bonnes que celle de Lilith, mais suis-je objectif?

 

  prin-copie-1

 

- Enfin, quelle est votre actualité? Avez-vous des albums sur le feu ou qui vont sortir?

 

 

S. PRIN : Un album de Slam/Rock du groupe DUMDUM est  sorti en janvier, je suis assez fier du style de cet album qui est  original sur le fond comme sur la forme... A découvrir  vite ! 
J'ai mixé aussi le premier album de Benjamin  Paulin, qui sortira chez AZ en septembre, bons textes, style très  singulier, un plaisir à faire. 
Je me mets aussi de plus en  plus à  réaliser et  composer pour d'autres, la suite logique pour  cerner au mieux tout ce qui fait un bon disque.

 

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INTERVIEW réalisée par mails du 25/02 au 15/04/2010.

Cette interview ne parlait pas de la crise du marché du disque, non, ne cherchez pas.

 

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MERCI A STEPHANE PRIN et à sa grande disponibilité, pour nous avoir permis d'ouvrir un peu la porte du studio...

 

Surjeanlouismurat@over-blog.com



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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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Publié le 11 Janvier 2011

Over-blog ne me permettant pas de faire des articles très longs....  je vous livre cet entretien-fleuve en plusieurs parties. (première partie à lire ici).

 

 

Hors-Murat N°1 : LE VOYAGE DE NOZ (Stéphane PETRIER)  Part 2

 

 

                                                                             la pochette de Bonne Espérance

 

 

  Notre ami Tequila évoquait beaucoup l'influence dans la production d'Erik Clapot.  Qu'est-ce que tu peux  nous dire du travail collectif sur cet album?


 

Stéphane Pétrier: Au départ, avec Eric, on avait prévu de se faire un petit projet, tous les deux,  en parallèle avec Noz. Un truc fait à la maison, dans le studio d'Eric, dans un esprit assez seventies et plutôt soft au niveau de l'orchestration... bref, pas le truc au départ qui devait passionner Alex et Manu (qui ont tendance à préférer quand ça envoie du lourd). On a commencé à bosser un peu, à maquetter 2 ou 3 chansons et puis, comme d'habitude, l'esprit de famille a repris le dessus. On a écouté ça tous ensemble et on s'est dit "putain, mais c'est du Noz tout ça..." et le "side-project" s'est transformé en "noz-project".


    Ensuite, on a travaillé un peu comme d'habitude. J'ai livré le canevas de l'histoire et apporté deux ou trois trucs qui donnaient la "couleur" de l'ensemble. Eric avait ses propres compos dès le départ cohérentes avec le projet. Manu lui, s'est donc greffé au truc un peu plus tard et il y avait parfois un décalage entre les thèmes qu'il apportait et le reste. On a donc essayé de les tirer vers l'histoire, et c'est je crois plutôt réussi ("le secret", "Nous nous marierons"...). Alex, lui, a comme d'habitude beaucoup apporté au niveau des idées d'arrangements, du son, de l'énergie, de la rigueur... On ne le dit pas assez souvent mais Alex, c'est quelqu'un de très important dans le groupe, beaucoup plus qu'un simple batteur. Et sur cet album il a particulièrement "mouillé le maillot".


      Au niveau de la prod, il était clair dès le début que nous ferions tout nous-même et qu'Eric enregistrerait et mixerait la bête. Même s'il avait déjà un peu d'expérience avec Sorel notamment, Eric n'était pas un ingé son professionnel et nous encore moins, alors on a pris notre temps. On a essayé beaucoup de choses, fait certaines expériences qui auraient peut-être fait bondir des ingé sons "classiques"... bref on a beaucoup bidouillé pour avoir le son et l'ambiance que l'on voulait. Ensuite, Eric a vraiment fait un super boulot au niveau du mix. On le laissait bosser la journée et on débarquait en fin d'après-midi pour écouter et rectifier de petites choses, mais franchement, même moi qui suit le plus grand chieur du monde, la plupart du temps je n'avais pas grand chose à dire. C'est la première fois où je trouve que le son nous ressemble vraiment.



Là, c'est un peu domaine qu'y m'échappe un peu, même si j'ai essayé de comprendre... J'n'ai pas suffisamment d'oreilles. Ces questions de production,  ça me rappelle votre échec de travail avec Lazareff, (qui se tourmentait pourtant de savoir  quel micro  conviendrait le mieux à ta voix...ça m'avait marqué).   Je me demande si cette épisode n'a pas été important , et s'il ne vous a pas  définitivement tourné vers la totale indépendance?

Pour élargir: maintenant, beaucoup artistes produisent leur disque et après le proposent aux Maisons et aux distributeurs, est-ce que c'est une démarche que vous avez quand même tentée ?

 

 

Stéphane Pétrier:  Oui.. disons qu'on a parfois eu des déception dans ce domaine, même si ça n'a pas toujours été le cas (j'adore le son qu'a fait Erik Bécart sur "L'homme..."par exemple). Sur "Tout doit disparaître" j'étais content de lâcher complètement le mix à Pat le Pirate, de laisser aux manettes quelqu'un qui était totalement étranger à notre histoire et qui avait un regard neuf. C'est le mix sur lequel je me suis le moins impliqué. Personnellement je trouve le résultat intéressant, mais tout le monde dans le groupe ne partage pas mon avis. Pour Bonne-Espérance, il était évident que nous voulions maîtriser complètement le truc. Surtout, on n'avait plus du tout envie de s'entendre dire "non, ça ça ne se fait pas". On voulait travailler de manière très empirique, quitte à faire des hérésies sonores mais au moins essayer. Ca a donné des moments assez jouissifs et des choses que l'on trouve plutôt réussi.  Pour "Each uisge" Alex a joué sur mon vieux carillon que j'avais en CM1 en tapant dessus avec un tournevis, j'ai enregistré le piano "d'Happy ending" avec la pédale de sourdine enclenchée, "Il est temps" a été improvisé et enregistré live, sans re-re...Et puis Eric a apporté une importance particulière au son de mes prises de voix qu'il n'avait jamais trouvé bien sur les autres albums. Là aussi, on a passé beaucoup de temps pour trouver les bons réglages et je crois que c'est vraiment un cran au dessus de tout ce qu'on a pu faire avant.

 Concernant ta question des "producteurs", disons que l'on voit tellement de gens autour de nous qui galèrent avec des contrats pourris et qui se retrouvent pieds et poings liés avec des labels qui n'ont pas un centime à dépenser pour eux, que nous avons été encore moins que d'habitude dans la logique de chercher une maison de disque. Nous avons un distributeur qui nous permet d'être dans les  principaux points de vente et un distributeur numérique qui nous permet d'être sur le net et ça nous va très bien. Par contre, nous recherchons activement un tourneur.

 

 

 Concernant le son et l'album, dans mes notes, j'ai retrouvé que j'avais noté "un son  un peu étrange, qui vient du passé, en noir et blanc"... 

Cela nous promet en tout cas un grand concert au KAO...   Est-ce que vous pensez à la scène dès la conception de l'album  (tant pour  la mise en musique- la possibilité de jouer les morceaux- que pour la mise en scène)?

 

 


Stéphane Pétrier: Jusqu'à présent on avait vraiment la tête dans l'enregistrement. Ce n'est que depuis que l'album est fini qu'on commence à penser "scène". Et puis, quand on compose une chanson, on sait par expérience qu'on trouvera toujours une façon de  la jouer en concert, même s'il y a sur bande une multitude d'arrangements. On a appris à épurer et à ne garder que l'essentiel pour le live. Cela dit, pour "Bonne-espérance" nous serons six sur scène.


 En ce qui concerne la partie "spectacle", c'est drôle ce que tu dis sur le"noir  et blanc" parce que c'est vraiment LE truc que j'aimerais faire passer sur scène... et c'est pas évident. Après, on a déjà quelques idées de mise en scène et Rodolphe Paulet (qui a réalisé toutes les vidéos mises en ligne)[site bonne esperance] va également être très impliqué dans l'histoire. Le projet consiste évidemment à jouer "Bonne-Espérance" en entier et dans l'ordre ce qui implique un certain nombre de contraintes techniques, avec un bon gros rappel pour les anciens titres.

 

 

ah, 6? Tiens donc... Je me tâtais, mais vais peut-être réserver ma place finalement...  un clavier?

Stéphane Pétrier: Quelqu'un qui a l'avantage de bien connaître les morceaux, de pouvoir jouer les claviers, mais aussi du violon et faire les voix féminines...


 

Et qui ne déparera pas dans les Highlands... Décidemment, je ne vois pas...  Plus sérieusement, ça fera plaisir à beaucoup de monde... Même si moi ce que j'adore, c'est quand tu la présentes sur scène... (je pensais à LIZ Cotham)

 


Stéphane Pétrier: Hé non ! Il y a méprise ! Méprise bien compréhensible mais méprise quand même.  Il n'y aura pas de Galloise en terre écossaise. Disons que sur ce coup-là on va rester encore plus dans la famille...

 

Tu veux donc parler de Nathalie, la mère de tes enfants, qui est déjà créditée sur le disque…

 

 

Stéphane Pétrier: A l'époque de la conception de "l'homme", avant l'arrivée de Liz, Nath jouait déjà du violon avec nous. Et puis notre premier zouzou est arrivé, ça devenait compliqué et on avait un peu peur du syndrome Yoko Ono . 

Aujourd'hui, ce n'est vraiment pas un problème. D'abord parce qu'il est clair qu'elle ne sera là que sur les gros concerts, comme musicienne additionnelle, ensuite parce qu'elle s'entend très bien avec tout le monde, pas de problèmes d'ego. Et puis c'est vraiment la personne idéale. Elle connaît les morceaux par cœur, pendant l'album elle a été impliquée à 100% et je pense qu'en plus des claviers et du violon, sa voix va apporter un vrai plus en live.

 

 

Par contre, j’ai lu dans la promo pour le concert du Kao que vous envisagez de faire un « bonne espérance » plus rock que l’album… c’est compatible avec le noir et blanc ?

 

 

Stéphane Pétrier:  Plus rock ? Non pas forcément. Disons que par rapport aux concerts "très unplugged" que nous avons pu donner à l'automne, rejouer sur des grandes scènes va nous permettre de rebrancher les amplis électriques et d'apporter plus d'énergie au set, mais tout en restant fidèle à ce que nous avons mis sur les bandes. Et puis je ne sais pas si "Bonne-espérance" est un album "rock" mais personnellement je le trouve assez violent. Une violence sourde, contenue, mais largement aussi présente que sur nos albums précédents. On va essayer de retranscrire ça en live.

 

 

Bon à part ça?  le plan de carrière?   Et le busin'oz plan?

 

 

Stéphane Pétrier:  Concernant le plan de carrière, ben comme d'hab, on va essayer de vendre des millions d'albums. On va surtout tout faire pour monter un véritable spectacle qui puisse tourner dans des salles moyennes. Nous jouerons à Paris au début du printemps. Pour le reste c'est encore l'inconnu. On commence à chercher des dates, à bon entendeur...


Et puis je sais que j'ai pas mal frustré mes camarades en écartant des morceaux pourtant très bons mais qui ne collaient pas pour "Bonne-Espérance"... Résultat, on a pas mal de trucs dans les tiroirs et je pense qu'on attendra pas très longtemps avant de retourner en studio. Mais ce coup-là, pour quelque chose de très différent et pas pour un double-album. On réfléchit à un format très court, sans doute en plusieurs parties, qui nous permettrait de faire vivre les choses à relativement court-terme.

 

 

Ah, c'est une bonne nouvelle...  avec toujours des idées un peu originales ! 

Je voudrais terminer quand même par LA question,  la grande question,   "POURQUOI LE VOYAGE DE NOZ ? » (c’est très private joke).

 J'imagine déjà tes haussements d'épaules, tes yeux au ciel, et tes soupirs... mais en fait, je ne veux pas que tu me répondes sur le choix de ce nom... Ma question, c'est  "pourquoi le voyage de Noz.... là, encore, 86- 2011... et encore... Et enfin, quoi ! , -je développe, je voulais pas-  mais c'est quoi cette histoire là à la fin?  Mais c'est quoi ce groupe là ?    (bon, et bé, t'es pas dans la merde avec cette question... je ramasse la copie dans 20 ans, et 36 heures précises... euh, si tu trouves quelque chose à répondre)

 

Stéphane Pétrier:  C'est en effet bizarre. Avec Alex, Eric et Manu, nous sommes très différents. Nous n'avons pas forcément les mêmes goûts, les mêmes idées, la même façon d'appréhender la vie... Sans le groupe nous ne serions peut-être même pas amis. Et pourtant nous sommes unis par quelque chose d'indéfectible. Je crois que c'est aussi une des raisons pour lesquelles je souhaitais raconter une histoire de famille. Il y a quelque chose d'ordre familial entre nous. Ce groupe est notre ciment, notre maison commune, et cela va bien au-delà du plaisir de faire des chansons ensemble. C'est aussi une histoire dont nous sommes très fiers et que nous espérons bien voir durer encore longtemps. Tant que notre étoile brille encore.



J'veux en savoir plus sur la cosmogonie de ce système stellaire :

 car comme dans  pas mal de familles, il y a parfois des brouilles,  le départ de deux frères durant un moment, puis celui d'Erik...     Comment ça fonctionne ce système politique  ?   le compromis à la belge... ou est-ce l'impérium  ou l'attraction de l'étoile des NOZ  qui finalement reconquière les membres scissionnistes  ("noz, c'est plus fort que toi")  ou encore  est-ce que la légitimité fédératrice du leader maximo qui joue?    .... Décidemment, ce Pierrot, il commence à me casser les pieds! Eah Uisge!! au secours, va lui péter sa connexion internet!!!

En fait, un aspect de la question est  toute bête : comment s'est passé le retour d'Erik?

 

Stéphane Pétrier:  On parle on parle... et pas un mot sur Pedro. Juste pour dire que même s'il n'est pas là depuis longtemps c'est vraiment quelqu'un de bien à qui on s'est attaché et dont le jeu et les idées de basse collent à merveille à l'esprit du groupe.

Concernant notre système politique : la seule vraie grosse brouille, c'est en 93. Nous étions jeunes. Et fiers. Et sans doute un peu cons. A l'arrivée, tout cela nous a servi de leçon, nous a soudé un peu plus et je crois que notre force aujourd'hui doit aussi beaucoup à ces moments là.
Concernant le retour d'Eric, ça s'est fait de façon assez naturelle car nous étions toujours restés en contact. Nous nous étions séparés à une époque où Eric avait je crois besoin de produire d'autres choses et où j'étais devenu un peu trop dirigiste dans le fonctionnement du groupe. Mais malgré son caractère de cochon, ça s'était passé sans haine et sans ressentiments. Nous répétions dans le même local. Eric venait jouer sur certains concerts. Il avait même déjà failli mixer "Tout doit disparaître" et puis comme je te l'ai dit, nous avions prévu de faire un truc tous les deux. Après, il y a eu les concerts des 20 ans, l'émotion d'être tous réunis, et c'est Alex qui a mis les pieds dans le plat : "Et si tu revenais faire du bruit avec nous?". Avoir un Clapot dans son groupe c'est un sacré coup de turbo. Au-delà de ses talents de musicien, c'est quelqu'un qui ne lâche rien, qui fait les choses et qui se donne les moyens de les faire. Je voudrais aussi dire que - comme Alex et Manu d'ailleurs - il m'a totalement fait confiance sur ce projet et a toujours poussé dans le bon sens alors que je ne suis pas vraiment un grand communicant et qu'à certains moment mes intentions devaient sembler un peu obscures. Quand j'ai débarqué avec "Each uisge" par exemple, alors que l'album était pratiquement bouclé, j'en connais beaucoup qui m'auraient renvoyé le machin à la gueule.




 Et pourtant...

C'est étonnant d'apprendre qu'Each Uisge... est arrivé sur la fin... car, sans que ce soit vraiment un noeud gordien  (...je confonds "un peu de fond" et   vocabulaire péteux, moi...), c'est un peu le coeur du bouzin :  LA grande séquence dramatique.... Tu avais senti qu'il manquait quelque chose?


Stéphane Pétrier:   Non je l'avais depuis le début, mais je n'osais pas leur montrer, alors je retardais l'échéance. Je pensais qu'ils allaient me prendre pour un fou (c'est ce qui s'est passé d'ailleurs...) Je t'ai dit que je n'étais pas un grand communicant...


... J'aurais bien mis là, un smiley avec les yeux écarquillés  et énormes!!!

En tout cas,  ça confirme mon impression que tu ne pouvais pas écrire cette histoire sans "Each uisge"...  et ça aide à comprendre pourquoi  ce groupe existe encore... Même si je commence à m'y perdre un peu, entre le  leadership d'un Esther "dirigiste" et  l'auteur timide pauvre communiquant...  Sacré double personnalité....   

BON SANG mais c'est bien sûr... Madame Bovary, c'est toi?... euh, non, pas Madame Bovary... Bonne espérance, c'est toi?  (purée, me voilà, en  Jacques Chancel! Prochaine question: "et Dieu, dans tout ça?"... question très pertinente d'ailleurs quand on se rappelle qu'il y a 20 ans, tu chantais "je suis Dieu"!!)



Stéphane Pétrier: J'ai écris "Je suis Dieu" quand le groupe s'est subitement mis à exploser sur la région. Moi, le petit bonhomme timide, je me retrouvais sur scène face à des centaines de gens, avec tout d'un coup un certain pouvoir qui me tombait sur la gueule. Un pouvoir de séduction qui a totalement changé la donne de mon adolescence, quelque chose de très grisant... mais aussi très vite j'ai compris que j'allais être beaucoup plus exposé aux coups et aux critiques. Je n'étais préparé ni à l'un ni à l'autre. "Je suis Dieu" c'était ça : la marche sur l'eau et la couronne d'épines (moi aussi je fais dans la métaphore pompeuse...).

Quant à Dieu, l'autre, je n'ai rien à voir avec ce personnage qui a décidément de drôles de fréquentations. La religion m'afflige. Je n'ai aucun humour avec tout ça. L'autre jour, Thierry Tollon m'a même traité de "laïc intégriste". Tu vois, c'est ça la famille...

En même temps, le sujet me fascine, je lis énormément de trucs sur les origines et la montée du christianisme notamment.

 

  petrier

Et dans tes textes, c’est vrai que tu ne cèdes pas à ce qui est parfois une facilité, celle de faire appel  au  « sacré »… thématique par exemple assez présente chez le  Mécréant Murat…  Du coup, je suis allé relire la chanson  « théorème » (qui se passe dans une église) pour voir si quand même tu n’en avais pas joué …Et bien non, au contraire… « leurs voix se gorgent de cantiques qui veulent m’arracher de moi mais ils chantent une autre langue, ils chantent une langue que je ne connais pas »… Ces phrases complètent bien tes propos ci-dessus… et d’ailleurs, elles permettent de répondre à la question précédente  à laquelle tu n’avais pas répondu!    Et voilà… j’ai écrit  7 lignes… et aucune question là-dedans… Tu vois quelque chose à rajouter sur ce thème? peut-être même qui sait le mot de la fin?
 

 

 

Stéphane Pétrier:  Sur le "sacré" ? A part mes enfants, les personnes qui partagent ma vie... je ne vois rien de sacré autour de moi. On a encore pas mal d'idoles à déboulonner non ? Des vieilles, des jeunes. Même le Voyage de Noz, je lui mettrais bien au petit coup de pied au cul de temps en temps... D'ailleurs j'ai remarqué que depuis quelques temps le groupe bénéficiait d'une sorte de "prime à l'ancienneté". Pendant longtemps on s'en est pris plein la gueule, de la part de certains médias, d'un certain public... et aujourd'hui tout le monde nous aime ou plutôt, tout le monde nous respecte. C'est assez étonnant. A la limite ça fout la trouille... J'ai l'impression d'être Annie Girardot en train de recevoir son César d'honneur.

Cela dit, là, je fais le malin, mais en fait, c'est pas si désagréable que ça un petit peu de reconnaissance... Même un peu plus, ça m'irait bien.

 

 

C'est vrai que vous n'avez jamais été, il me semble, "branché",  eu les honneurs de l'underground  national (presse spécialisée)... J'attends vraiment avec impatience de découvrir enfin,  des critiques de Bonne Espérance.  Et pourtant, c'est peut-être important de le signaler aux français qui vous découvrent,  mais un grand nombre d'artistes lyonnais vous ont fait un  tribute lors de vos 20 ans : Théophile Ardy, François des DEJA VU, Bruno Cariou, de Silvae, et manager d'Amélie-les-Crayons, Romain Lateltin, Deuce, Palandri....et tous ont souligné ce soir là leur admiration pour votre travail... je me rappelle de t'avoir souvent regardé souvent ce soir-là, les yeux écarquillés au premier rang...  C'est un grand souvenir, non?

 

Stéphane Pétrier:  Oui, c'était chouette. Et assez émouvant... je crois que ça s'est vu... C'est Jean-Philippe notre pote des Dory4 qui avait lancé l'idée. Au début le truc me faisait un peu peur (toujours le syndrome Annie Girardot) et en fait ce fut un très beau moment. Avec des belles personnes. Qui ne trichent pas. L'avantage quand tu ne fais pas l'unanimité dans la branchitude, c'est que tu lies des amitiés sincères et solides. Un peu comme avec notre public. Savoir qu'il y a des gens qui sont là depuis plus de vingt ans et qui ne t'ont jamais lâché, ça donne une force incroyable. Les soirs de doute ou de fatigue, quand la machine donne des signes de faiblesse, c'est ça notre essence.

Que le  Voyage dure encore 20 ans…

 

  

 

 

POSTFACE:  

Stéphane voulait du fond... on l'a peut-être touché parfois!  Enfin, moi.....     Mais la surface d'un lac écosso-lyonnais est parfois aussi infranchissable qu'un mur de béton...  En se penchant, on peut y discerner des ombres, et des courants.... mais pour percer tous les mystères du  monstre du Loch NOZ, il faudra encore du temps...

 

Entre off et in, on s’est parfois perdu, et j’ai rallumé la lumière parfois, mais cette interview est garantie sans trucage.  Elle avait pour fonction d'être promotionnelle, mais j'n'ai pas fait l'EFAP pour... juste écouter les Fab four...-euh,  n'importe quoi....- . Je remercie Stéphane de sa confiance, qu’il continue à ne pas aimer les interviews !  

 

PS : Un journaliste du PROGRES qui a aimé l'album  a dit à Stéphane PETRIER :

"on pense immédiatement à MURAT"...

 

INTERVIEW réalisée par mails du 17/12/2010 au 7/01/2011

 

 

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RETROUVEZ NOZ  à LYON   le  Vendredi 27 mai 2011  au KAO  et au http://www.littleworldfestival.com/ (MERIBEL-73).

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• interview + petit live acoustique le jeudi 10 février sur Couleurs FM 97,1
www.couleursfm.fr

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #inter-ViOUS et MURAT

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