Publié le 30 Avril 2024

Ouais, bein, y a pas que Florence qui peut écrire des chroniques littéraires sur ce blog... Moi aussi, j'ai passé mon bac de franssais... Mais malheureusement, pas sur un livre qui cause de Jaune-hi. Allez!

 

J'ai fait l'acquisition du premier livre de Fred Jimenez  Johnny H. et moi  (au  Cherche midi). 

Il faut qu'on encourage cet essai, au cas où Fred aurait de quoi écrire son JL. Murat et moi... ou un Murat, Houellebecq, Burgalat et moi.  Il aurait bien aussi quelques anecdotes croustillantes sur le rock en Suisse, avec son groupe les Needles, genre quand ils ont été obligés de sauter un repas,  ou été en retard d'un quart d'heure à une répétition, ou qu'ils n'avaient plus de vacherin pour leur fondue et qu'ils ont mis de l'abondance...  Je fais des vannes sur les Suisses par fidélité à Jean-Louis (excuse un peu pourrie?) mais que mes bêtises ne vous induisent pas en erreur :  ce n'est pas ce genre d’anecdotes moisies que Fred nous délivre presque à chaque page dans ce premier livre ! J'ai un peu de mal à le chroniquer tant elles sont nombreuses et croustillantes et c'est tentant de toutes les raconter... mais je ne veux pas vous priver du plaisir de les découvrir par vous-même.  A vrai dire, je n'ai pas appris tant de choses sur Johnny (mais ça ne sera sans doute pas le cas pour tout le monde), sur cette vie totalement à part, à crédit, "un carrosse rempli d'or filant à toute à allure et perdant des pièces en chemin" dit Fred. En tout cas la chronique de tout son "environnement", parfois nid de vipères, est passionnante, même si ce n'est pas l'essentiel du livre.

Je vais d’ailleurs essayer de  me concentrer sur ce que le bouquin nous dit de Fred.

Même si pour certains lecteurs, jouer avec Jean-Louis Murat pourrait être considéré comme un summum et un nirvana artistique, matériellement, ça se traduit surtout par avoir son intermittence (oui, c’est déjà pas mal de nos jours), dormir au Campanile et jouer devant 300 personnes... Jouer avec Johnny, dans des stades, c'est une chance immanquable (comme tenter de lui placer une chanson, même Murat s'y est essayé), et d’ailleurs Fred a raconté que Jean-Louis l’a encouragé dans cette aventure, lui disant « tu nous raconteras ». Même si Fred avoue ne rien connaître de la discographie de Johnny, on ne sent jamais qu'il est là pour l'argent, et ce livre n'est pas une façon de cracher dans la soupe après coup. De toute façon, financièrement, pas de quoi devenir millionnaire non plus (Fred donne le montant de ses cachets pour un stade et le montant de  ses défraiements journaliers à L.A - 17 euros). Mais ça permet notamment de rencontrer un certain Paul MC. ou un Brian W. (et tous ses collègues, venus assister à des répéts).  Vous imaginez ce que ça peut être pour le compositeur de A bird on a poire ? Toutes ces pages sont charmantes : « J’étais tellement content de jouer pour eux », s’émerveille Fred.

Un des grands charmes du livre est le récit de ses tribulations de grand timide, gentil, un peu hors-sol (pas du "sérail" dit-il) tentant d'interagir avec ce "monstre" tout aussi timide, un enfant qui vit au gré de ses envies (acheter des bottes ou faire une tournée aux États-Unis et qui fait des caprices quand la loge est trop petite ou qu’il y a des places vides). Il y aurait de quoi écrire un bon scénario à la Francis Veber avec un duo pareil (gamelles physiques compris),  et le "Pignon" ne serait finalement pas celui qu'on croit... (Oui, je fais des chroniques littéraires et en plus je place des réf de haute volée).

Deux exemples : on peut citer la description d'une garden-party pour laquelle Fred se sent obligé de venir avec un présent... un disque, et Johnny se vexe : "il croit quoi? Que j'l'ai attendu pour avoir un disque?"... La soirée se termine avec les convives très éméchés, et Jojo lui propose de revenir une autre fois : "on fera venir des putes". Et plus émouvant : pour une des dernières rencontres, la femme de Fred lui a confié une mission très importante : demander au chanteur s’il peut leur donner des conseils à propos de l’adoption d’un enfant. Timide, Fred se lance et demande doucement à l'oreille de Johnny... qui s'empresse d'interpeller Laetitia  et tous les nombreux convives présents !  L'anecdote se termine par une belle nouvelle : finalement, un enfant "naturel" s'annonce  à la grande surprise du couple, ce qui sera déterminant pour la suite : "nous étions fou de joie (...)  Mon choix fut vite fait, il était hors de question que je rate la venue au monde de mon fils et je tenais à rester auprès de ma femme pendant toute la grossesse"...  et il décide donc d'arrêter ici l'aventure. Et moi de me souvenir d'un avant-concert à St-Egreve où j'attendais Isabelle (habituel donc – running gag depuis 10 ans), dans ma voiture sur le parking.  Fred  passait un coup de téléphone, que j'ai deviné être pour son enfant, je l'avais trouvé comme souvent touchant... Mes autres souvenirs avec Fred (notamment quand on a remis à JL le disque Aura aime Murat) sont tout aussi conformes : timide et en retrait, gentil, mais j'ignorais que l'impression pouvait aussi être liée à une myopie qu’il n'a jamais voulu traiter et qui le fait vivre dans un léger halo. Cependant, avec ce livre, il démontre que c’est avant tout une position d’observateur fin et attentif... et jamais méchant.    

 

               2011, devant la Coopé :

Autre point de fragilité : Fred ne lit pas la musique, et explique qu'il répète en écoutant les disques, en s'aidant grâce à son oreille et à une excellente mémoire. Le choix de Yarol Poupaud, directeur musical, d'être fidèle aux disques et de la jouer "très rock and roll" rend la chose possible... mais ce n'est pas sans poser problème. Certains attendent Yarol au tournant - et Fred avec lui -  mais son amitié avec Johnny et celle sa femme avec Laetitia lui offrent une certaine sécurité. 

Voici pour le côté un peu timide de Fred au sein de ce barnum, mais le livre montre aussi un vrai caractère, loin d'une personne effacée...  souvent grâce à cette magie de la musique qui fait des timides des rock-stars bondissant devant 80 000 personnes.

Le fait est que malgré le souhait de Yarol Poupaud de l'avoir avec lui, Fred a dû passer un entretien avec le producteur, plutôt sceptique mais qui se disait peut-être qu’il pouvait faire des économies sur le cachet du bassiste. Fred fait le forcing, mentant sur son niveau d'anglais (il s’inscrit à un cours d'anglais le lendemain de l'entretien d'embauche) ou sa connaissance de la contrebasse (qu’il n’a jamais pratiquée, mais il en loue une, pour s’entraîner - un premier prix fort peu jouable se rendra-t-il compte plus tard) ou encore se prépare en faisant du vélo d'appartement (en se documentant sur la physique quantique en même temps). Et il restera sur la sellette longtemps, il ne fait pas partie du sérail (cf notamment les anecdotes-peau de banane avec Alain Lanty –seul le prénom est mentionné - ou Y. Kassar surnommé "Berlioz" qui voudrait le faire changer de types de cordes, mais Fred ne se laisse pas faire).

L'ombre du bassiste des Stones pressenti par le manager des musiciens américains qui veut placer ses clients plane derrière lui. Mais Johnny l'aura finalement assez vite à la bonne : il voit bien son implication sur scène et en répèt, et Calogero lui dit que son bassiste est excellent... Mais ça ne tient qu’à un fil. La veille du premier concert, le technicien pour la basse démonte l'instrument et se rend compte qu'effectivement, la connectique du jack est prête à lâcher... à un fil près. D'ailleurs, on peut se demander si ces instruments ne sont pas représentatifs de leur propriétaire : une Squier made in Japon et une gibson EB0 de 1965 (la plus "cheap" de la gamme). Fred ressent une petite gêne de se présenter avec un tel matos mais ça lui convient, pas besoin du "paraître"... Et "le son est dans les doigts" dit-il. 

Toute la description de la « cour » et des répétitions est très savoureuse (ce n'est pas que du vaudeville, il est très souvent question de musique). Et là encore, Fred témoigne de sa singularité :  même s'il s'est préparé en faisant du vélo, à L.A. et en tournée, il n'a pas renoncé à quelques virées nocturnes alcoolisées... Les Américains, eux, se couchent tôt, vont faire leur jogging... puis jouent assis, alors que lui et Yarol sont toujours à 200%. Le plus spectaculaire : "Johnny n'en a jamais rien su", mais Alain L. en faisant des pompes le matin s’est cassé la main... et a joué d'une main et avec un bac à glaçon à côté de lui.

Voilà donc pour le portrait de Fred auquel les fans de Jean-Louis Murat ne manqueront pas d'être sensibles. Il n'est pas dénué d'autodérision, ce qui est très plaisant.

Je voulais aussi souligner que le livre ne sent pas le copinage. Tout ce qui est dit autour de Yarol laisse penser à une volonté de faire une description fine (et pas neutre!), même si c'est un pote, et que c'est grâce à lui que Fred vit tout cela (Philippe Manoeuvre, qui aida vaguement Jean-Louis à ses débuts est à l'origine de leur rencontre). Ainsi, Fred indique que, dès l'arrivée aux répéts à Los Angeles, la seule préoccupation de Yarol est de trouver une mustang de location !

J'aurais envie de vous raconter l'anecdote en lien avec les Gipsy King qui amena Fred à leur composer un premier titre mais je ne veux pas la synthétiser. C'est très drôle. La partie où il raconte que Johnny lui a demandé d’écrire des chansons pour lui avec Miossec l’est un peu moins. Le manager Sébastien Farran* qui devait lui donner les coordonnées de Miossec ne lui répond pas. Fred se débrouille quand même pour les avoir, ils livrent cinq chansons... et n'auront jamais de nouvelle. Il raconte que c'est le directeur artistique Bertrand Langlot qui semble avoir la mainmise sur le disque ("Johnny n'avait pas son mot à dire") et indique que Langlot était un de ceux qui a toujours voulu le dégager, et ce depuis le début.

*son papa Dominique a pu aider Jean-Louis comme l'indiquait Ardisson  

Même si jamais le lien n'est fait par Fred, je me demandais un peu si ces gens-là ne lui faisaient pas payer son lien avec Murat (Fred cite A bird on a poire mais ne parle pas du texte de "Mashpotétisé"). Dans le livre de Pierre Andrieu, Fred rejette  cette idée, il n’a jamais ressenti cela... 

 

Voici donc ma restitution tout-à-fait subjective du livre de Fred Jimenez, que je trouve très réussi dans son humilité : on est vraiment dans  "Johnny H. et moi", et quand on a aimé Fred toutes ces années à côté de Jean-Louis Murat, c'est vraiment un plaisir de le suivre dans cette autre aventure.  Il nous la raconte comme il l'a raconté à ses autres "chefs" : Bertrand Burgalat et Murat... et intégrer ce cercle est agréable. 

 

Les petites mentions de Jean-Louis Murat dans le livre (PS: c'est du fait du décès de Jean-Louis et de son planning qui s'est retrouvé vide que Fred s'est décidé à écrire). 

"J'avais  déjà écrit avec Jean-Louis Murat mais c'était très différent. Quand je lui envoyais une musique, il collait ses mots à la perfection sur la mélodie. Christophe (Miossec) lui me renvoyait 3 pages de textes très dense"

"Par la suite j'étais parti sur la route avec JLM avec qui j'avais noué une solide amitié et enregistré plus de 8 albums"

"J'ai toujours été très content de ma squier, elle est "tout terrain". Je l'ai utilisée pour tous les enregistrements de la période Tricatel et sur les albums de Jean-Louis Murat. A l'époque de Jean-Louis, j'avais fait l'acquisition d'une Gibson qui avait un son très différent et complémentaire, elle était très agréable à jouer".

"En 2004, j'avais entièrement composé et réalisé un album pour Jean-Louis Murat, A bird on a poire, qui avait marqué les esprits et s'était même retrouvé à conquérir comme meilleur album pop rock aux victoires de la musique".  Et là cette phrase étrange sortie du contexte: "il n'était pas passé inaperçu mais de là à intéresser les Gipsy Kings".

 

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NB: On retrouve Fred  dans le livre Les jours du jaguar de Pierre Andrieu, avec un très joli témoignage. Il y apporte des compléments à cet épisode jhônesque. 

Complément : dans Les jours du jaguar, Stéphane Reynaud raconte que JL aurait mal pris le départ de Fred.  C'était donc contradictoire par rapport à ce qu'on en savait. J'ai interrogé Fred: 

Non, on est raccord avec Fifi [le fidele technicien], et Jocelyne. JLM avait accepté que j'aille avec Johnny. Stéphane se mélange les pinceaux. Il y avait eu une incompréhension et petite brouille entre JLM et moi quand je n'avais pas fait la tournée Taormina en 2006. On avait renoué en 2009.

Au contraire pour Johnny en 2011, je l'ai joué très cash avec JLM et lui ai expliqué entre quatre yeux que j'avais l'opportunité de participer à la tournée JH. Il m'avait dit de foncer. Même si dans l'absolu il avait un peu les boules il était content pour moi.

J'avais présenté Christophe Disco comme remplaçant et tout le monde, JLM, Stéphane et Slim, l'avait beaucoup apprécié, en tout cas au début...

Fred a accepté de répondre à une deuxième question sur la brouille au moment de Taormina: 

Rien de grave. A l'époque de l'enregistrement de Taormina en 2006 il nous avait dit, ou en tout cas c'est ce que j'avais compris, qu'il ne tournerait pas en automne.

Avec Stéphane nous étions soulagés. Les cadences avaient été très intenses depuis 2002 et un petit break était bienvenu.

Finalement il a changé d'idée en été mais j'avais déjà accepté d'autres engagements pour l'automne.

Il en avait été un peu contrarié et à l'époque nous avions beaucoup communiqué à travers Laure et Marie. Jean-Louis n'était jamais facilement joignable par téléphone. 

Cette triangulaire avait sûrement été à la source de l'incompréhension. C'est pourquoi pour Johnny je m'étais arrangé en direct avec lui et tout s'était bien passé. 

Pour la tournée Taormina Marie avait engagé David [Fargione] et Michael [Garçon] et la brouille n'avait pas duré longtemps.

Merci Fred !

​​​​​Et à bientôt  dans une nouvelle aventure: son nouveau groupe Midnight Cross  facebook   et  site officiel. Premier single le 1/05/2024!

 

Fred JIMENEZ sur le blog: 

Interview inédite à propos de A BIRD ON A POIRE:   http://www.surjeanlouismurat.com/2021/01/inter-vious-et-murat-jimenez-charles-n-1-du-cote-de-chez-fred-et-marie-jeanne-serero.html

Avant la préface du livre, un premier texte de B. Burgalat sur F. Jimenez (en fin d'article):   http://www.surjeanlouismurat.com/2016/03/eryk-e-l-album-est-sorti.html   (Fred ne m'en avait pas voulu pour ma réaction)
Sur la relation Johnny Hallyday / Jean-Louis Murat:   
http://www.surjeanlouismurat.com/johnny.hallyday-jean-louis-murat-collaboration-points-communs

 

LE PLUS EN PLUS 

La promo du livre fonctionne très bien. Voici donc quelques compléments:

Fred raconte beaucoup de choses du livre à P. Manoeuvre.

On se quitte avec la musique de Fred avec mes vidéos: 

NB: 

Bon, finalement, je crois qu'y a pas photo, je vais laisser à Florence le soin de faire les chroniques littéraires... 

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Rédigé par Pierrot

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Publié le 23 Avril 2024

J' ai confié à Florence D. la lecture de Foule romaine, d'Antoine Couder. Il fallait bien la remettre un peu au travail...Ok,  bon, j'avoue! Je ne comprenais pas tout, et il fallait donc déléguer ! Si le livre de Pierre Andrieu est grand public, celui-ci est plus un objet littéraire. 

 

 

 

 

 

Foule romaine d’Antoine Couder

« Comme on aime » !

 

Un livre sur une chanson ? C’est qu’elles contiennent tant, les chansons aimées. Ce petit ouvrage propose un beau parcours, plein de boucles et de détours, à travers ce qu’elles peuvent évoquer, convoquer, condenser. Antoine Couder déplie « Foule romaine », dit comment il l’a faite sienne, ce qu’il s’y raconte, y projette, les souvenirs qui s’y rattachent, les rêveries qu’elle fait naître, et toutes les correspondances secrètes entre elle, lui, et son auteur. Il dit un dialogue imaginaire jamais interrompu avec Jean-Louis Murat, sa présence toujours bien vivante, qui tout à coup resurgit au hasard d’une émission de radio, d’un morceau aimé. De cette chanson et de quelques autres renaissent donc dans le livre les expériences de la jeunesse, l’identification d’un garçon qui va entrer dans l’adolescence à la masculinité trouble du « garçon qui maudit les filles », les espoirs, les amours, la quête d’absolu et le réel avec lequel on compose. Dans ces fragments d’autobiographie habitée par les chansons, la personnalité, les images de Jean-Louis Murat, on rencontre Alain Souchon, Noir Désir, Alain Bashung ou… Lana del Rey, un article sur des start-uppers revenus de leurs illusions, et de vivifiantes confrontations avec d’autres amateurs, Agnès Gayraud et Nicolas Comment notamment.

Une chanson pour ce livre, oui. Une chanson de désir, qui dit ce que fait l’amour, ce qu’il produit en nous de joie et d’ivresse, d’exultation des corps. Antoine Couder s’attache à sa façon si simple et lumineuse de transmettre cette ferveur amoureuse - Murat déclarera d’ailleurs 20 ans plus tard, à la sortie de Baby love, que « la plus grande musique est celle qui donne envie de se reproduire » - mais examine aussi, parcourant l’ensemble de l’œuvre, la complexité, les ambiguïtés de la représentation de l’amour.

« Foule romaine », c’est aussi une chanson dont Antoine Couder fait un pivot dans le parcours de Jean-Louis Murat. Aux fragments personnels, autobiographiques se tisse alors une ligne plus chronologique et savante, qui retrace avec précision et vivacité les étapes de la fabrication du Moujik et sa femme. 2001, moment de bascule, dans le monde, dans l’économie de la musique, l’est aussi selon lui pour l’artiste. Parti travailler dans le sud des Etats-Unis, il en a rapporté Mustango, et « la vibration fraîche et rugueuse de son drôle de funk-blues ». Après cette réussite (et la parenthèse de Madame Deshoulières), et alors que le 11 septembre coupe net son projet de retourner aux Etats-Unis, il veut enregistrer Le Moujik et sa femme très vite, comme un disque live. « Foule romaine » est composée dans cet élan. C’est la chanson qui aurait pu être un tube, et pourtant Le Moujik échouera à élargir son audience au-delà du cercle des fans et des amateurs éclairés. « Au fond tout commence avec ce disque qui finit par sombrer et engloutir le futur, signant cet ordre de détachement qui va désormais peser sur toi », écrit Antoine Couder. Il analyse avec justesse les contraintes qui pèsent sur Murat, met en évidence les ambiguïtés et les impasses de sa façon de travailler vite, de produire beaucoup, qui correspond à sa nature et répond au resserrement mortifère des conditions de production, mais va susciter la suspicion chez les journalistes (il faut relire la critique d’Arnaud Viviant dans Les Inrockuptibles !), la lassitude d’une partie du public. Il trace les grandes lignes de ce qui en découle, le repli, l’amertume et les provocations, mais aussi la perfection de Lilith, et à sa suite la succession de grands albums. Egrenant des titres, des vers, Antoine Couder navigue dans cette œuvre colossale, dont il retient jusqu’aux derniers disques, souvent les moins aimés : pour lui, la « grâce » de Murat « tient tout entière » dans La vraie vie de Buck John.

Une chanson, donc. Une chanson qui ouvre à toute une œuvre et un monde. De façon très émouvante, le livre montre aussi comment, dans sa fréquentation quotidienne, intime, elle inspire, fait écrire. Dans son avant-propos, joliment intitulé « A nos amours », l’auteur associe la structure de son ouvrage à celui d’une chanson, et de fait Murat, son écriture, son art de la composition semblent en habiter le projet et la structure même. Comme dans ses chansons, c’est un mouvement tout intérieur qui condense les époques, procède par éclats et fragments, opère des rapprochements inattendus. Lui aussi se plaît à nommer ce qu’il aime, provoque avec malice – le propos est amoureux, mais jamais complaisant. Jalonné de bornes ou de repères chronologiques, l’ouvrage est surtout structuré par des images : le parallèle avec la figure et le parcours de Joachim Murat est filé comme on le dit d’une métaphore, Murat est associé au cheval et au cavalier, ou à un arbre, ancré au sol et touchant le ciel. La pensée se ramasse régulièrement en de belles formules : Murat « chevalier courtois, chevalier narquois », quelle efficacité pour dire l’ambiguïté du personnage ! Alors parfois les liens paraissent artificiels ou contestables, les citations et références s’empilent, il semble par moments qu’on s’égare dans le jeu des associations et la multiplication des « peut-être », des « j’imagine »… Mais c’est aussi la règle du jeu, qui gouverne le livre et lui donne sa force et son originalité. Au-delà de ces agacements furtifs, que Murat savait aussi très bien susciter, Antoine Couder ouvre des pistes stimulantes, éveille à l’imaginaire, renvoie chacun à sa ritournelle secrète : il donne à penser, et à rêver. Quelle plus belle façon de rendre hommage à celui qui l’a inspiré ?

------- Mercredi à Paris, 

Un livre pour une chanson, c’est le pari de la collection seven inches des éditions du Boulon : seven inches ou 7 pouces comme le format d’un 45 tours, une face A et une face B pour raconter à travers des disques mythiques une partie de l’histoire de la musique. Ce mercredi la Librairie de Paris (place de Clichy, Paris 17ème) propose une soirée musique autour de quatre livres de la collection, en présence des auteurs : on pourra y rencontrer Antoine Couder, mais aussi Marc Dufaud pour Ashes to Ashes (David Bowie), Thomas Gaetner pour Trans-Europa-Express (Kraftwerk), Frédéric Rapilly pour Blue Monday (New order)

Merci Florence.

PS: on espère la foule, et la queue... De  Côme...(Pour faire référence à une trouvaille du livre... Oui, parce que je l'ai lu quand même et qu'on n'a pas dévoilé beaucoup de son contenu !).

 

 

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Rédigé par Florence

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Publié le 19 Avril 2024

bonjour,

1)  Il semble que tout le monde ait un avis comparable au mien sur "les jours du jaguar" de Pierre Andrieu que vous êtes en train de recevoir au fur et à mesure : un joli livre !

Michel Troadec le fidèle lui fait l'honneur d'un petit article dans le plus grand journal français : Ouest France dans l'édition du 18/04

          Le chanteur Jean-Louis  Murat vu de l’intérieur, dans  un très beau livre

Grand auteur, compositeur et interprète, l’artiste auvergnat est décédé il y a un peu moins d’un an, en mai 2023. Un beau livre du journaliste Pierre Andrieu lui rend hommage, avec de nombreux témoignages.

 

Presque un an que Jean-Louis Murat nous a brutalement quittés, à 71 ans, nous laissant une prodigieuse discographie, l’une des plus foisonnantes de la chanson française : 31 albums et près de 500 chansons en un peu plus de quarante ans (1981 à 2023) de carrière. L’ironie veut qu’après avoir longtemps refusé de publier une compilation, il avait accepté, décédant la veille de sa sortie. Pour ceux qui connaissent mal son œuvre, son best of de vingt titres est un beau panorama. Pour ceux qui ont le plaisir d’avoir suivi son parcours, ce livre est l’occasion d’en apprendre un peu plus sur le poète auvergnat, bourru et provocateur vu de l’extérieur, infiniment attachant quand on le connaissait un peu.

Journaliste clermontois, Pierre Andrieu le raconte surtout par sa musique, par ses disques clés, se focalisant sur sa période la plus prolifique, de Mustango (1999) à Taormina (2006), débordant sur Toboggan (2013, le plus intime) et Babel (2014, le plus auvergnat). Mais il fait aussi parler ceux qui l’ont côtoyé, notamment des proches : Marie Audigier, Denis Clavaizolle, Laure Desbruères, Fred Jimenez… Un riche livre pour un immense artiste.

Les jours du jaguar, Éditions Le Boulon, 200 pages (50 photos), 32 €.

 

Pierre Andrieu est plutôt un lilithien, et ses choix font un peu parlé du côté de Benzine Mag:

A LIRE SUR LE SITE 

 

« Jean-Louis Murat – Les Jours du Jaguar » de Pierre Andrieu : Garder ses chansons près de nous.

Signé de Pierre Andrieu, Jean-Louis Murat – Les Jours du Jaguar vaut autant comme recueil de témoignages sur Jean-Louis Murat que comme relecture du « virage électrique » de ce dernier.

 

« Jean-Louis Murat – Les Jours du Jaguar » de Pierre Andrieu : Garder ses chansons près de nous.

Signé de Pierre Andrieu, Jean-Louis Murat – Les Jours du Jaguar vaut autant comme recueil de témoignages sur Jean-Louis Murat que comme relecture du « virage électrique » de ce dernier.Lors des dernières Victoires de la Musique, l’hommage à Jean-Louis Murat fut un moment aussi plein de bonne volonté que raté. Il y eut d’abord Léa Salamé déclarant que tout le monde avait été touché par son décès. Elle évoquait bien sûr le public mais les mots paraissaient décalés au vu du parterre présent. Un parterre représentant un show business hexagonal auquel Murat avait un rapport pour le moins compliqué. Quant à Raphaël, d’ordinaire honorable dans l’exercice de la reprise, il foira Si je devais manquer de toi en voulant absolument se caler sur le murmuré de Murat. Heureusement, la sortie du (beau) livre de Pierre Andrieu, rédacteur sur le site concertandco, est là pour offrir un hommage plus digne à un grand de la chanson française contemporaine. Préfacé par Jennifer Charles d’Elysian Fields, Jean-Louis Murat – Les Jours du Jaguar est d’abord constitué d’interviews de divers collaborateurs/collaboratrices racontant leur Murat : les musiciens de studio, le directeur de communication de la Coopérative de Mai, la cinéaste qui l’a filmé au travail (Laetitia Masson), les femmes partenaires dans l’intimité qui furent tout autant ses conseillères artistiques… Et les admirateurs tels que Bernard Lenoir ou l’écrivain Eric Reinhardt. Et enfin des interviews de Murat données à l’auteur. Le tout illustré d’une mine d’or de photos remontant jusqu’à l’avant-notoriété. Si les premières interviews peuvent être touchantes ou intéressantes, celles de Murat rappellent que le Murat distributeur de phrases à l’emporte pièce était nettement plus plaisant à l’oral, au milieu d’un talk show trash, qu’à l’écrit. A côté de cela, Andrieu passe en revue la biographie d’un artiste qui, tel Bashung, a décollé sur le tard. Il évoque l’engagement humanitaire discret, les concerts, la place du sexe et de la mort dans les textes de Murat. Et offre la partie la plus débattable et la plus intéréssante du livre : une vision de la discographie pas forcément partagée par tous les fans de l’Auvergnat. Les synthétiseurs, éléments datés de Cheyenne Autumn ? Il sont pourtant moins pénibles à mon oreille que ceux de I’m your man de Leonard Cohen. Et dans les deux cas le plus important tient toujours debout : les (grandes) chansons. Au nom de ce parti pris, l’âge d’or discographique de Murat se situerait selon Andrieu entre Mustango et Taormina. Je tiens personnellement Mustango pour son chef d’œuvre. Un alliage du Blues/Rock et de la chanson française que Bashung avait effleuré sur certains morceaux d’Osez Joséphine. Et une rencontre entre deux Far West : celui personnel de Murat (l’Auvergne) et l’ombre du vrai. Résumée par ce Jim murmurant à cheval. A ma gauche la littérature de l’Amérique profonde (l’écrivain Jim Harrison). A ma droite l’ombre du western (à cheval). Et au milieu ce murmuré dont Murat disait qu’il se mariait mieux à la langue française que certaines voix gueulardes. Mais surtout un album contenant relativement peu de morceaux confondant le spontané et le bâclé.  Ensuite, Murat s’est souvent réclamé comme le rappelle le livre du caractère prolifique d’un Dylan ou d’un Neil Young. Je vois plutôt dans beaucoup de ses albums post-Mustango une incapacité à faire le tri. Mais l’intérêt d’Andrieu est de faire de Mustango un point de rupture, un moment où Murat passe à la guitare. On peut débattre de cette césure en évoquant les moments pop ligne claire à guitare de Vénus. Ou ne pas réduire le Murat post-Mustango à cela. Mais cela fait sens quand on pense à ce que le morceau Nu dans la crevasse représentait : la première fois que Murat ouvrait la porte à une longue cavalcade électrique avec Neil Young et son Crazy Horse en ligne de mire. Une approche « canadienne » qu’il appliquera sur scène à une partie de son répertoire. Le livre s’achève sur une playlist imaginaire basée entre autres sur les goûts de Murat et les morceaux qu’il a repris. Peut-être pas la meilleure manière d’achever un livre réussi. Dans un numéro de Reporters où l’on entendait des maquettes de son alors pas encore sorti The Future, Leonard Cohen déclarait construire ses chansons comme des Mercedes, pour qu’elles durent. Là où son fan Murat souhaitait que ses chansons « soient comme des meubles anciens : solides, fiables, familières. Qu’elles résistent à l’érosion. ». Une résistance au moins avérée s’agissant de titres comme Fort Alamo. En attendant, le livre est un bel objet et une bonne manière de se souvenir de l’auteur de ces chansons solides, fiables et familières.

 

Pierre sera aux Vinzelles le 27/4 avant MATT LOW

Il a causé du livre sur France Bleu hier. A écouter:  A 17h04 dans "on sort en Auvergne"  (le pauvre Pierre, on lui a infligé du Vianney). Il y a une dizaine de minutes à écouter (sur une émission d'une vingtaine). On savait par exemple qu'il était un fidèle du bouquiniste de la Bourboule, mais Pierre raconte qu'il passait également chaque semaine aux Volcans pour des livres.  

Il y a eu un autre rendez-vous  un peu plus tard dans la journée avec le "club de la presse auvergnat" et même si Radio Campus était associé, je ne trouve pas de podcast.

Rappel : il sera aux volcans avant la soirée à la coopé et avec nous le samedi 22 juin au Fotomat pour une séance dédicace.  

PS: Magic! a également publié des bonnes feuilles.

 

A propos de  l'autre livre qui sort (Foule Romaine, d'A. Couder) qu'on chroniquera prochainement, une sacrée pointure YANNICK HAENEL donne son approbation dans le CHARLIE Hebdo de cette semaine:  "une rêverie émotive, un éloge scrupuleux, un commentaire savant et insolent... sur le plus grand chanteur depuis Gainsbourg et Bashung".

 

 

2) Le pape papi Gérard MANSET sort un nouveau disque. Il était invité de L. Goumarre hier sur Inter... J'adore son côté absolument insupportable (il dit qu'il n'écoute rien, ne voit rien alors qu'on sait qu'il se faisait inviter dans la décennie précédente, aux concerts ou en festival... par exemple par Dominique A) mais soit. 

A 24 minutes, il raconte sa version de sa rencontre avec Jean-Louis Murat... "le gars là qui vit dans le cantal" (il a un peu du mal à se rappeler des noms dans l'interview, Higelin également).  Jean-Louis Murat aurait mal pris que Gérard lui dise qu'il n'avait besoin de producteur pour enregistrer,  qu'il fallait qu'il se débrouille".  Peut-être est-ce Hebey qui avait organisé la rencontre en 1981, mais pour Dejacques et Zacha chez Pathé, la priorité était d'éviter de lui faire faire du Manset (interview de Zacha). 

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/cote-club/cote-club-du-jeudi-18-avril-2024-9671420

 

Pour rappel, Jean-Louis a indiqué qu'il n'avait pas aimé le regard porté sur les filles par Gérard... Ce n'est pas le seul épisode de la relation : outre la reprise "entrez dans le rêve" sur route Manset, ce dernier a raconté avoir tenté de téléphoner à JL (à moins que ce soit Jean-Louis qui ait raconté qu'il n'a pas rappelé Manset suite à un message -je ne retrouve pas la source, c'était peut-être avant 2009). 

Pour le plaisir, je ressorts cette petite anecdote qui figure sur le blog: 

Sur un blog à vocation littéraire sous forme de journal, JL Bitton nous parle d'une petite anecdote qui me ravit, moi qui compile les petites infos concernant Murat et Manset.

"ACTE 1

Depuis quelques années, Guillaume D. organise des dîners dans la grande tradition dix-neuviémiste du salon littéraire et artistique. On y croise musiciens, écrivains, connus ou méconnus, mais également des lecteurs, collectionneurs et passionnés. Je ne suis pas très friand de ce qu'on appelle les dîners en ville, qui sont la plupart du temps ennuyeux et prétentieux, mais chez Guillaume D., la simplicité est de rigueur, ses dîners sont sans chichi ni falbala. Il y a quelques invités récurrents comme le voyageur solitaire Gérard Manset : "- Que pensez-vous de Jean-Louis Murat, Gérard? - Nos univers sont proches, mais lui est vraiment triste." 

Moi, ça me fait rire. 

 

LE LIEN EN PLUS 

Petit petit petit lien en plus, mais on a vu les derniers propos de Biolay (sur sa reprise en main)  repris un peu partout, et sur le site pleine vie on peut lire: 

"Totalement sevré à ce jour, l’ex-gendre de Catherine Deneuve et grand admirateur de Jean Louis Murat dont le décès l’a particulièrement affecté, affirme ne plus avoir d’alcool chez lui afin d’éviter de replonger" .

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après, #bibliographie

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Publié le 11 Avril 2024

Nous vous avons déjà recommandé et parlé du livre ici...   Christophe Basterra de Section 26 fait de même aujourd'hui.

Je me permets de reproduire ci-dessous la partie Chronique comme toujours joliment écrite (Pour rappel, Christophe a parfois écrit des textes promos pour les albums de Jean-Louis), puisqu'il faudra vous rendre sur la page de  Section 26 pour y découvrir des photos, et quelques pages du livre: la chronique sur le Best of, et l'interview de Bernard Lenoir, qui sont proposés en exclusivité et en avant-première. 

https://section-26.fr/jean-louis-murat-les-jours-du-jaguar-par-pierre-andrieu-le-boulon/

 

Je me souviens très bien de cet instant-là. Quelques semaines à peine après m’être installé à une dizaine de kilomètres de Clermont-Ferrand, attablé à la terrasse d’un bistrot de la capitale arverne, mon ami Hervé – un gars vraiment du coin – m’a dit à peu près ces mots-là : “Tu verras, tu n’écoutes pas Murat de la même façon quand tu roules sur les routes auvergnates un jour d’automne… Il faut avoir vécu ça”. Quelques semaines plus tard, je crois qu’il m’avait dit à peu près la même chose au sujet du Steve McQueen de Prefab Sprout… Mais surtout, il avait raison – d’autant plus raison que Murat fut je crois très fan dudit Steve McQueen (l’album, pour l’acteur je ne sais pas), à tel point qu’il était allé jusqu’à louer les services du batteur Neil Conti, qui joue sur ce chef d’œuvre de 1985. Mais Hervé avait tort aussi : parce qu’il ne m’avait pas dit alors (alors, c’était vers 2011) qu’on n’écoutait pas non plus Murat de la même façon sur les routes auvergnates un jour de printemps. Parce qu’il ne m’avait pas dit l’effet que pouvait produire au hasard Le Lien Défait avec la chaine des puys comme ligne d’horizon dans un crépuscule naissant. C’est un effet dingue. Et un effet d’autant plus dingue quand on a appris quelques heures plus tôt, au détour d’un coup de téléphone à la fin d’une réunion, sa subite disparition…

Contrairement à ce qu’a pu laisser entendre un média un peu pop mais plus forcément moderne, je ne suis donc ni Auvergnat ni un spécialiste de l’œuvre du natif de La Bourboule. À tel  point que par ma faute – mais peut-être est-ce un peu préjugé de mon importance – il y a cette rencontre qui ne se fera plus jamais entre les mélancolies bleues des Anglais de Moose et de l’Auvergnat Murat – cette mélancolie-là ne connait pas les frontières… Elle ne se fera plus parce qu’avant Le Train Bleu, j’avais raté Le Manteau De Pluie, ses accents bossa contrariés, ses bonjours à la tristesse, ses amours défuntes – je me suis rattrapé depuis, autant pour le disque que pour ses thèmes. Après toutes ces années, il y a en tout cas cette certitude : j’aime les chansons (et certaines beaucoup plus que d’autres) de cet homme-là, j’ai aimé aussi sa franchise, son obstination et sa mauvaise foi. J’aime toujours ses mots, ses vérités – qui n’étaient pas toujours bonnes à dire. Mais non. Je ne suis pas un spécialiste. Et certainement pas un spécialiste comme Pierre Andrieu peut l’être.

Pierre Andrieu est Auvergnat avant d’être journaliste  – avec toutes les qualités et les défauts que cela implique. Il a découvert Murat dans les années 1990 je crois mais je pense qu’il le connaissait déjà sans le savoir – car il connaissait le côté taiseux et revêche, il connaissait ces paysages sans lesquels l’œuvre de Murat ne serait pas exactement la même, il connaissait les passions solitaires, la brume sur la banne d’Ordanche, le soleil sur le lac de Servières… Il connaissait tout ça et il a connu les disques de Murat. Il ne les aime pas tous passionnément mais il en connait le moindre recoin. Dans Les Jours Du Jaguar, un livre écrit avec beaucoup de passion, ce n’est pas exactement cela qu’il voulait raconter. Il voulait raconter, je crois, la personnalité plurielle d’un artiste singulier. Ses passions, ses défauts, sa fidélité en amitié, ses tics, ses tocs, cette personnalité que d’aucuns ont eu l’audace de penser pouvoir cerner – mais c’était un luxe que seuls les siens, et très peu d’autres (le journaliste Bruno Bayon et la réalisatrice Laetitia Masson, au hasard), pouvaient en fait s’offrir.

Ce livre n’est pas un livre comme les autres – mais comment pouvait-il en être autrement lorsqu’il est question d’un artiste qui était exactement différent des autres ? Ce n’est pas une biographie, ce n’est pas (qu’)un beau livre – malgré la pléthore de photos assez folles qui l’illustrent. Imaginé par Pierre Andrieu, ce livre est un puzzle – partagé entre interviews de (très) proches et de collaborateurs (Laure DesbruèresMarie AudigierEric ReinhardtMatt LowJennifer CharlesHervé DeffontisMorgane ImbeaudFred Jimenez et tant d’autres), interviews de Murat lui-même (courant sur une vingtaine d’années) et textes au sujet des disques de chevets de l’auteur ou de thèmes récurrents dans la discographie pléthorique de l’Auvergnat… Un puzzle dont chaque chapitre est une pièce qui permet de donner une image, si ce n’est exacte, au moins un peu plus précise d’un homme qui avait en sainte horreur la banalité… À une semaine de sa sortie, Section26 présente en avant-première un extrait d’un des premiers chapitres du livre, concernant ce Best Of finalement posthume, et une partie de l’interview accordée par Bernard Lenoir, qui a accepté de sortir de son silence pour confier à quel point Murat a changé sa vie – professionnelle mais pas que –, confession somme toute pas banale de la part d’un homme qui a changé tant de vies…

 

PS:  Christophe est la 2e personne dans la liste des remerciements de Pierre en fin de livre... après Laure. 

 

LE LIEN EN PLUS 

Info donnée par Pierre sur son facebook: 

Promo sur les vinyles aux VOLCANS à Clermont, et le soir du 25 mai: 

 

 

Et je rappelle que Pierre sera aussi le 22 juin au fotomat pour une séance dédicace. 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 9 Avril 2024

Raphaël est invité toute la  semaine pour parler chanson.. Aujourd'hui, c'est pour du  Jean-Louis Murat... avec  "sa" chanson "le charme"... Mais il oublie que c'est une chanson d'Alain Bonnefont!   On en a parlé en décembre dernier avec la version originale qui est celle d'Alain et une version live aux Vinzelles.

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/music-co/13h56-music-co-de-raphael-du-mardi-09-avril-2024-5402027

Après sa version de "Si je devais manquer de toi", voici donc "un charme" très dépouillé et agréable. Le petit mot à la fin sur une vie consacrée à la poésie et à la chanson est très touchant. 

 

 

 

Raphaël plus que jamais se positionne en futur icone de la chanson pop de qualité en lieu des places de Christophe, Murat, Bashung. 

 

Le LIEN EN PLUS

Remix de Si je devais manquer de toi:

LE LIEN EN PLUS PLUS

Radio Qui Qu'en Grogne continue ses émissions sur Murat (Promenade en Chansons).
Encore quelques jours pour découvrir en podcast l'émission où on découvre un auvergnat d'adoption, musicien,  J. Thiébaut Urban qui a décidé de faire une thèse sur Jean-Louis Murat, qui sera dirigé par Stéphane Hirschi, éminent spécialiste de la chanson (il a déjà dirigé la thèse sur Manset)...  (29/03)

https://rqqg.fr/emission/promenade-en-chansons/

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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Publié le 4 Avril 2024

La Coopérative de Mai met à jour la liste des invités pour la soirée du samedi 23 mai.  

Pas de très grande surprise là encore mais des annonces sympathiques : 

 

-  JP NATAF, l'ami de Murat depuis le "Moujik et sa femme", et les années Virgin, celui qui s'est mis au  redbull/bourbon initié par JL...    PS :  Il est à Grenoble ce week-end avec Thomas Reverdy.   Il avait rendu hommage à Jean-Louis lors de son passage aux Vinzelles via sa chanson "mon ami d'en haut". 

 

-  ALEX BEAUPAIN :   Il pourra rendre visite à sa soeur qui a choisi l'Auvergne... Il avait chanté sur Inter du Murat cet été, et vous aviez été nombreux à l'allumer... mais j'avais aimé ! 

http://www.surjeanlouismurat.com/2023/08/alex-beaupain-chante-murat.html

Un petit compte-rendu de concert:

http://www.surjeanlouismurat.com/2016/07/alex-beaupain-au-vercors-music-festival.html

 

- Frederic LO... Proche de Denis qui avait tourné avec Daniel Darc.  

- Jeune pousse:  LAURA CAHEN. Je ne l'avais pas encore identifiée comme une fan... mais elle a joué en première partie de Jean-Louis à NANCY en 2011... Faut peut-être que j'enlève "jeune pousse"... 

-  Et on nous annonce aussi la participation de PASCALE CLARK...  On ne refera pas un rappel complet des épisodes (parfois compliqués...) avec Pascale, mais on peut se rappeler du concert BABEL avec les Delano  ou le "Comme on nous parle" de 2013. 

 

LA COOPÉRATIVE DE MAI | CLERMONT-FERRAND

Un an jour pour jour après la disparition de l’artiste, la Coopérative de Mai rendra hommage à Jean-Louis Murat, en compagnie d’un très beau plateau d’invité(e)s embrassant la musique, la littérature, le cinéma, tous les arts que le poète aimait tant. Sous la direction musicale de Denis Clavaizolle, , fidèle et historique collaborateur de Murat depuis plus de trente ans, de nombreux artistes de toutes générations ont rapidement confirmé leur présence : Alex Beaupain, Laura Cahen, Jeanne Cherhal, Morgane Imbeaud, Frédéric Lo, Florent Marchet, JP Nataf (des Innocents), Armelle Pioline, et bien entendu, les amis et représentants de la scène auvergnate, Alain Bonnefont, Jérôme Caillon, The Delano Orchestra et la toute jeune scène émergente clermontoise, comme PAR.SEK et Koum. Imaginée par Biscuit Production, dont les nombreuses collaborations avec Murat ont été les préludes à de belles aventures artistiques (Angèle, Jain, Vianney, Dionysos & -M- , Louise Attaque…), la scénographie mettra en lumière la participation d’invité(e)s de marque, la journaliste Pascale Clark, l’écrivain et dramaturge Eric Reinhardt, qui entretenait une correspondance avec l’artiste, et Laetitia Masson, réalisatrice de Falling in love again, documentaire sur l’enregistrement à Nashville de l’album Le cours ordinaire des choses, et dont les films empruntent systématiquement une chanson de Murat depuis deux décennies. Dans l’après-midi, en partenariat avec la librairie Les Volcans, une table ronde sera organisée autour de la publication de deux livres signés Franck Vergeade, rédacteur en chef musique aux Inrockuptibles, et Pierre Andrieu, journaliste et chroniqueur musical (Plugged, Rock&Folk, New Noise…). A cette occasion, Les Volcans présenteront une jolie collection de vinyles de Murat, ainsi que la belle réédition en tirage limité (500 ex numérotés) de Parfum d’acacia au jardin, le concert filmé par Don Kent en 2003. 20 h - Prévente : 30 € - Carte Coopé & tarif réduit : 26 € - Cité Jeune : 22 € - Soir : 33 € - Grande salle

 

Je n'avais pas identifié l'ami COCO MACE découvert en juin dernier dans la liste des invités mais il fait partie du groupe PAR.SEK. Et je peux vous dire qu'ils ont fait un choix de reprise audacieux !

 

 

Pour l'événement "Week-end Murat, yes sir!" 2024, je dois aussi vous annoncer du neuf... bientôt!  

https://www.helloasso.com/associations/banana-split/evenements/week-end-murat-yes-sir

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #2023 après

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