le gout de qui vous savez

Publié le 28 Septembre 2022

 

 

Bonsoir,

Je suis plongé dans le travail de deux interviews mais l'actualité ne s'arrête pas pendant ce temps-là, mais  je prends le temps de vous faire un point... et n'hésitez pas à commenter un peu, à partager, ça fait plaisir.

 

                                           2017 à Bourgoin

 

1) On commence par une reprise de Bertrand Betsch, qui avait déjà commis un "TOUT EST DIT".  Je vous en parlais déjà en mai dernier :

Il récidive dans un CD réservé aux contributeurs de son nouveau disque (200 ex). Et il fait le choix d'un titre plus rare, puisqu'on peut le classer dans les "inédits disque": "PRIERE POUR M". Denis est crédité en tant que co-compositeur.  Le titre a été diffusé sur une compil "un printemps 90", et chanté à Paris en 94.  La reprise est assez jolie, plutôt guitare, mais ponctué d'un joli pont de piano, avant qu'une orchestration plus forte synthétique ne s'impose.

Jukebox Babe Vol. 1  sortira tout de même en numérique le 23 septembre 2022. Avec aussi du Manset  (revivre) et Bashung. 

 Album: "j'ai horreur de l'amour" son album : https://microcultures.bandcamp.com/album/jai-horreur-de-lamour

Je vous fais écouter également sa reprise du grand classique de MANSET "REVIVRE", que certains ont découvert grâce au film   HOLLY MOTORS.

 

2) Ah, mais au fait, j'en profite du coup pour vous parler du dernier Gérard Manset... J'ai très peu écouté les deux derniers albums, mais celui-ci se laisse bien prendre. Quand on est un "amateur" du maitre, c'est quand même toujours quelque chose de réentendre sa voix sur du neuf, et ici, elle est souvent meilleur que sur "un oiseau s'est posé" par exemple. Certes, certes, on est loin de ses meilleurs disques, mais je ne boude pas mon plaisir d'avoir des nouvelles du Patriarche, du Parrain, et tant pis si certains disent qu'il radote sur des morceaux d'une dizaine de minutes. Moi, ça finit toujours par m'embarquer, comme en 2870. 

 

3)   Un petit article du Progrès à propos du concert de DEMAIN à YSSINGEAUX.

https://www.leprogres.fr/culture-loisirs/2022/09/26/jean-louis-murat-l-auvergnat-solitaire-pour-le-deuxieme-concert-phare-du-chant-des-sucs

 

Haute-Loire Jean-Louis Murat, l’Auvergnat solitaire, pour le deuxième concert phare du Chant des Sucs
Inclassable, Jean-Louis Murat sera sur la scène du Foyer rural d’Yssingeaux, vendredi 30 septembre. Au programme, La Vraie Vie de Buck John , une biographie musicale et rêvée sur fond de western et de blues américain.
Par Séverine FABRE (severine.fabre@leprogres.fr) - 26 sept. 2022
 

Décidément, il n’est jamais là où on l’attend. À 70 ans passés, Jean-Louis Murat reste un des artistes français les plus prolifiques de ces dernières années : il publie en moyenne un album par an. L’Auvergnat, au caractère bien trempé et loin des discours policés ou tout simplement consensuels, a bien l’intention de continuer de marquer tant la scène que la chanson française. D’ailleurs, dans une interview accordée aux Inrocks , il annonçait que l’enregistrement de son vingt et unième album avait été l’occasion de préparer au moins un disque qui sera publié après sa mort.

Vendredi 30 septembre, sur la scène du Foyer rural d’Yssingeaux, dans le cadre du festival Le Chant des Sucs , Jean-Louis Murat, Jean-Louis Bergheaud dans le civil, délivrera La Vraie Vie de Buck John. Ce vingt et unième opus a été enregistré en grande partie, à son domicile avec le minimum exigé, sans basse. Pour les fans de la première heure, cet opus est composé d’une série de pépites. Mais qui est Buck John ? Cela ne dira rien au moins de 40 ans mais, au reste de l’auditoire, ça éveillera des souvenirs d’enfance tels des madeleines de Proust.

En effet, Buck John est un héros de BD, la première de son enfance, dont les aventures ont été publiées de 1953 à 1986. L’artiste l’a redécouvert durant le confinement, en revenant vers ses bibliothèques. Le héros solitaire s’est avéré le prétexte idéal pour réaliser une bibliographie musicale, proposant un voyage sans bouger de son siège. Toujours dans l’interview accordée aux Inrocks , il confiait que c’est grâce à ce cow-boy à la vie romancée qu’il a découvert Bob Dylan, Walt Whitman mais qu’il s’est aussi forgé une culture américaine, avec comme rêve américain se rendre à Nashville.

Un « ours mal léché »

À travers La Vraie Vie de John Buck , l’Auvergnat laisse entrevoir son intimité, fait extrêmement rare tant il est difficile de savoir qui est Jean-Louis Murat, même ses auditeurs de la première heure ne cessent de le découvrir alors qu’ils avaient le sentiment, à l’écoute des précédents albums, d’avoir à peu près cerner le personnage. Mais une fois de plus, il surprend et les prend en revers. En même temps, de la part de Jean-Louis Murat, c’est de bonne guerre, lui qui n’a pas sa langue dans sa poche et ne fait de concession avec personne.

Et cette franchise lui vaut d’avoir hérité d’une réputation « d’ours mal léché ». Même si ses propos parfois plus qu’abrupts lui ont valu quelques déconvenues, il est le premier à reconnaître qu’il a un caractère imprévisible refusant de « caresser dans le sens du poil » qui que ce soit, y compris son public.

Jean-Louis Murat, au Foyer rural d’Yssingeaux, vendredi 30 septembre, à 20 heures. Billetterie et réservation : office de tourisme d’Yssingeaux : 04.71.59.10.76. Tarif 24 euros. Première partie Batlik

4)  Du côté de Qobuz, on a réinterrogé DOMINIQUE A sur "CHEYENNE AUTUMN". Rien d'inédit, mais il ne nous ressort pas la comparaison avec Jean Sablon...

"en entendant murmurer sur fond de synthé, je me suis dit "ah mais c'est ça qu'il faut faire, c'est comme ça que le français sonne le mieux. Alors, "la fossette" est une extrapolation très lointaine de ce disque-là, mais lui doit beaucoup parce qu'il y a cette idée de chanter doucement sur des synthés et de dire les choses de façon détachée".

Je vous ai fait démarrer la vidéo à l'instant T... ou M.

 

 

Dans les nombreuses archives Murat/Dominique A dispo sur le blog, je vous mets un texte de DOM qui date de 2018:

5 ) Succès public

Petite rumeur pour ceux qui ont l'intention de remplir des stades en 2003 : on pourrait retrouver le titre Regrets dans la setlist du spectacle de Mylène FARMER :  " Regrets, chanté initialement en duo avec Jean-Louis Murat en 1991 n'a été interprété en live que lors du Mylenium Tour en 1999-2000, Mylène proposant une version solo ; Regrets fait partie de la liste des chansons que les fans espèrent réentendre un jour en concert à l'instar de Tristana, Souviens-toi du jour, Optimistique-moi et d'autres..."   "Info" du site MYLENE.net 

En parlant des grands succès publics avec JL Murat:  "un singe en hiver". Dans le job, on peut parcourir des sites de fans... mais curieusement, on trouve aussi des sites de... comment qu'on dit maintenant déjà?  de HATERS? Peut-être...   C'est le cas du site Soleywhy-indochine où l'on peut lire au milieu des  sulfateuses et des lance-flammes :

Mais s'il nous faut parler d'écriture parodique, il est plus adapté encore d'évoquer "Karma Girls", un troll magistral de Jean-Louis Murat qui reprend les tics d'écriture de Nicolas pour en faire un des pastiches nicoliens les plus réussis à ce jour. Pourtant, ni notre héros ni personne dans le public ne semble avoir capté cette blague de l'auteur de Un singe en hiver. Le sérieux avec lequel Nicolas continue de chanter cet exercice de style provoque toujours chez nous de larges fous-rires.

 

6)  Coin boutique:  Grosse promo sur le double vinyle "AURA AIME MURAT"... collector, 100 exemplaires.

https://www.facebook.com/commerce/products/aura-aime-murat--double-vinyle-collector/5618612918163269?rid=535808608548370&ad_id&rt=1&refID=0&refType=0&referral_code=commerce_attachment

 

LE LIEN EN PLUS POUR LA PERSONNE EN MOINS

 

Nécrologie:  PHAROAH SANDERS     https://www.citizenjazz.com/Pharoah-Sanders-la-spiritualite-n-est-plus.html

Une pensée pour le jeune Jean-Louis de 14, 15 ans qui travaillait son saxophone en écoutant ce musicien et du Coltrane... C'est ce qu'il racontait à Alcaline en 2014 (ci-dessous). Le soir cite Jean-Louis en intro de son article nécro:

https://www.lesoir.be/467501/article/2022-09-25/pharoah-sanders-etait-le-gourou-du-jazz-spirituel

un morceau comme The Creator Has a Master Plan est l’exemple de transe de ma jeunesse », disait Jean-Louis Murat au Soir il y a quelques années. « Je l’ai vu tout vieux à New York, Pharoah. J’étais tout ému et content d’être à trois mètres de lui. Pour moi, c’est un gourou. Un derviche tourneur. Un maître de cérémonie de transe. »

Bon astral traveling, Mister Pharaoah.

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Publié le 25 Mai 2022

- Allo, Madame D. ? Oui, c’est Paulo ! Je suis sur le cul… enfin… la culture… Ça marche plutôt bien en terme d’affluence… même si je me demande si les photos du gars avec ses yeux bleus pénétrants, ça n’y joue pas pour beaucoup.  On va faire la nique à Babelio si ça continue. Bon, là, je te file encore une mission finger in ze noz, du tout cuit, je te dis. Écoute moi ça :

J’ai une bibliothèque qui repose beaucoup sur V.S. Naipaul. Son livre sur les gens du Sud des Etats-Unis est absolument sensationnel. Son livre sur l’Afrique, ou son livre sur la Jamaïque, aussi. J’ai écrit beaucoup de chansons tirées de son livre sur la Jamaïque (les choix culturels de Jean-Louis Murat, Vive la culture, novembre 2018).    

“Beaucoup de chansons”! On va enfin percer le mystère de certains titres ! De quoi ? Tu n’es pas sûre d’aimer Naipaul ? Tu crois que je t'appelle pour des articles que je peux faire moi-même et m'embêter avec des auxiliaires ? Moi aussi le livre m'est tombé des mains. Mais je te fais une fleur, je te laisse tout le temps pour commencer à apprécier. Pas de pression, remise du texte le 10 mai à 8h.

 

 

Dire son époque : J.L. Murat et V.S. Naipaul

Tout amateur de Murat soucieux de lui conserver toute son admiration a appris à se détacher de ses interviews : provocations multiples – certes parfois drôles et bienvenues - , affirmations contradictoires, talent éprouvé à se saborder et provoquer la consternation des plus fidèles…

Mais est-il invité à s’exprimer sur son travail, ses goûts, ses admirations ? On le retrouve inspiré, généreux, partageur : nourrissant. Parlant musique, cinéma ou littérature, il sait susciter le désir de la découverte. Rendre curieux, jolie réussite pour celui qui aurait voulu être prof… 

Marcher dans ses traces, c’est s’engager sur des terrains amples et variés, même si l’on circonscrit l’exploration aux sources d’inspiration proclamées, des films de Pixar  à l’Histoire d’un ruisseau d’Elisée Reclus, ou encore à Vidiadhar Surajprasad Naipaul. C’est aussi risquer de s’égarer : l’animal est facétieux, et semble s’amuser à brouiller les pistes. Faisons donc le pari de le croire sur parole lorsqu’il affirme dans cette interview qu’il a écrit plusieurs chansons inspirées par le roman Guérilleros, et osons quelques hypothèses…

Guérilleros

Passons rapidement sur le fait qu’à l’image de celui que le New-Yorker a appelé “l’effroyable Monsieur Naipaul” sont attachées déclarations retentissantes et anecdotes déplaisantes, qui tendent parfois à prendre le pas sur l’examen de son œuvre et de son parcours, de sa naissance dans la communauté indienne de l’île de Trinidad en 1932 à son œuvre riche d’une trentaine d’ouvrages et au prix Nobel de littérature en 2001. Son regard sans illusion sur les sociétés post-coloniales qu’il s’est attaché à décrire et à comprendre dans ses ouvrages – romans, nouvelles, reportages, récits de voyage, dans un style qui estompe la frontière entre fiction et documentaire - a pu également susciter discussions et controverses. 

Venons-en plutôt au roman cité par Murat : Guérilleros, donc, publié en 1975. Il a pour cadre la capitale d’une île qui ressemble à la Jamaïque, dont la géographie dit l’histoire et le destin, aux lendemains de l’indépendance. Au centre la vieille ville coloniale aujourd’hui décatie, où l’hôtel de luxe a perdu de sa superbe ; le port et la carrière de bauxite exploitée par les Américains, et plus loin, au mouillage, leurs navires de guerre ; au pied de la colline, les quartiers populaires, pittoresques uniquement sur les gravures pour touristes : les communautés et les familles depuis longtemps dispersées, les jeunes gens errent sans repère et sans règles dans les rues tortueuses et sales d’où sourd une menace constante. Plus haut, le Ridge, quartier aisé où vivent les anciens colons et les travailleurs étrangers, inquiets de la fragilité de leur position et quittant les uns après les autres un lieu devenu instable et inquiétant. Et enfin à la périphérie, après l’ancienne zone industrielle à l’abandon, vers la forêt, un vaste espace défriché proclamé “communauté du peuple pour la terre et la révolution”.

… Jusqu’ici, on s’imagine plus dans une chanson de Bernard Lavilliers ou de Gérard Manset…  Mais poursuivons…

Le roman s’organise autour de trois personnages principaux. James Ahmed d’abord, révolutionnaire métis issu de l’île. Considéré comme une figure de la défense de la cause noire, il est devenu célèbre en Angleterre, puis est revenu sur son île natale après avoir été accusé de viol. A la tête de la commune agricole, il règne sur un territoire en déshérence, des jeunes hommes inquiétants et désespérés. Il reçoit régulièrement la visite de Peter Roche, venu d’Angleterre, chargé par une entreprise locale de superviser le projet – et surveiller de près son initiateur. Roche vit sur le Ridge avec Jane, sa maîtresse, qui sitôt arrivée de Londres a compris qu’elle avait commis une erreur en suivant un homme qu’elle avait cessé d’admirer. Entre elle et James Ahmed va se nouer un jeu trouble et tragique.

Le roman raconte les désillusions qui ont suivi l’indépendance, un monde post-colonial mais qui reste sous tutelle. Les Américains contrôlent la principale ressource économique, la carrière de bauxite. L’empreinte de Londres est toujours bien présente. Même le projet révolutionnaire de commune agricole est soutenu et contrôlé par une entreprise dont la fortune a été bâtie sur l’esclavage. 

C’est un monde confus, sans direction ni idéal qui est peint. Les personnages, faute de savoir qui ils sont, ou parce qu’ils le savent trop, se mentent, à eux-mêmes, aux autres, ou jouent un rôle auquel ils se laissent prendre. Roche, opposant au régime de l’Apartheid, a été torturé en Afrique du Sud, mais loin de l’intellectuel militant ou de l’homme d’action, il se laisse porter par les événements, et ne peut que constater la vanité de ses actes. Jane, sa maîtresse, est un personnage sans mémoire, sans cohérence, qui adopte les façons de parler de ses amants successifs ; son assurance se nourrit de la sécurité que lui procure le fait d’être anglaise, mais aussi de son incapacité à se connaître. James Ahmed oscille entre l’identification à son image de leader révolutionnaire craint de tous, la conscience d’être instrumentalisé, et le désespoir d’être resté cet enfant né dans une arrière-boutique chinoise qui voit que tout lui échappe. Même un personnage qui en impose dans un premier temps par sa stature et ses convictions, Meredith, homme politique noir natif de l’île, est souvent décrit comme un comédien, insaisissable, manipulateur, volontiers cynique, et soupçonné par les autres d’avoir peu de maîtrise sur les événements.

 

Composer avec l’air du temps

Et alors, Murat dans tout cela ? Il y a loin de cette île des Caraïbes à sa géographie familière, et plus loin encore des Etats nouvellement indépendants à la France contemporaine. Pourtant sa démarche, son regard viennent parfois rencontrer ceux de l’écrivain qu’il admire. Il loue en Naipaul ce qu’il appelle son talent de journaliste, témoin de son temps (d’ailleurs Guérilleros est à l’origine un fait divers survenu à Trinidad en 1972, dont Naipaul a dans un premier temps rendu compte sous la forme d’une longue enquête), et lui se fait aussi chroniqueur du monde paysan, en passe de disparaître. Élargissant la perspective, il s’est fugitivement essayé à la chanson militante, quand il allait à Vitrolles chanter contre le Front National (« Les gonzesses et les pédés »), ou soutenait les Gilets jaunes en 2020. Mais dans son évocation de la France contemporaine, elles sont finalement rares les chansons si précisément situées, et si univoques. Lorsqu’il publie Morituri, un album imprégné des attentats de l’année 2015, il adopte un point de vue très englobant, procédant par formules générales : il parle volontiers de “tout” ou de “chacun” ou s’adresse à un “tu” sans référent.  Pas de récit ou de description, un climat plutôt, comme pour laisser ouvertes toutes les interprétations possibles : à chacun d’y superposer des lieux, des noms, des événements. Les titres mêmes de l’album et des chansons, « French Lynx », « La Nuit sur l’Himalaya », jouent sur le décalage spatial et temporel, récusant tout effet immédiat de miroir. Et, alors même que Naipaul, pour qui le roman est un instrument d’élucidation du réel, refuse toute abstraction, c’est précisément par ce gommage référentiel que, semble-t-il, Murat peut le rejoindre lorsqu’il cherche à saisir l’atmosphère du monde qui l’entoure.  C'est ainsi que le “Tout est d’impuissance et de fausseté” de « La Nuit sur L’Himalaya », ou le “Tout est vain et cruel” de « French Lynx » pourraient faire aussi de parfaites épigraphes à Guérilleros.

“Le monde est ce qu’il est”

Force est en effet de constater que lorsque dans ses derniers albums Murat capte l’air de notre époque, il retrouve l’état des lieux dressé ailleurs et naguère par Naipaul. Le sentiment d’être piégé envahit tous les personnages de Guérilleros ? “Chacun dans ce monde est un prisonnier” déclare de façon définitive « La Nuit sur L’Himalaya ». Pire, “Tous sont encore esclaves”, renchérit « French Lynx ». Quand Naipaul met en évidence une inconsistance généralisée, « French Lynx » s’adresse à un contemporain anonyme : “Vite tu penses une chose, tu penses son contraire, tu passes ton temps à faire encore plus à défaire”. Règnent alors les images creuses, les illusions sur soi, la perte de tout repère. “Tu rumines au sextant, tu te crois indigène” note Murat dans « French Lynx », comme en écho aux hommes acteurs, aux hommes jouets de Naipaul. « Comme un incendie » parlait déjà du “royaume où tout fabrique du faux”… et de “ce purin d’idéaux” qui produit “des sots”.  

A quoi se raccrocher dans ce délitement généralisé ? Murat, examinant le rapport au pouvoir dans Morituri, fait le constat amer de la perte de toute grandeur et du règne du cynisme : “Nous tenons nos chefs en mépris complet, malgré des caresses fermes et répétées”, “Quelques gloires de France servent de risée”. L’autorité ne peut plus imposer de direction ni prétendre sauver qui que ce soit. Dans « Achtung » surgissent des questions angoissées : “Chef, qui m’a fait le choix de cette vie ?”, “Mon capitaine qu’avons-nous foiré ?”. Dans Guérilleros les figures du pouvoir sont elles aussi remises en question. Le roman peint ainsi le désarroi du personnage de Bryant, jeune homme des bas quartiers membre de la communauté agricole, à la fois pathétique et effrayant, avec son visage hérissé de tresses qui lui donnent une tête de Méduse. Il s’est attaché à deux figures tutélaires du projet : l’une a disparu, le laissant abandonné, l’autre, James Ahmed, ne saura que lui offrir une victime sacrificielle. Quant au représentant officiel de l’autorité, Meredith, redevenu ministre à la faveur d’une émeute, il n’est vu que par les yeux soupçonneux des autres personnages, qui doutent de sa sincérité et pensent qu’il est utilisé, pour mieux être jeté en pâture à la foule par la suite. 

Alors, quelle issue envisager ? Se tourner vers le peuple ? Une impasse dans « La Nuit sur l’Himalaya » : “Je rentre du peuple, je n’ai rien trouvé”. Le premier titre de Jean-Louis Murat en 1981 s’intitulait d’ailleurs « Suicidez-vous le peuple est mort ». Dans Guérilleros, la population est déchirée entre rêve de libération et goût de l’ordre, et l’épigraphe du roman, attribuée au personnage principal, James Ahmed, fait le deuil de toute fraternité, de tout idéal révolutionnaires : “Quand tout le monde veut se battre, il n’y a plus de raison de se battre. Chacun veut mener tout seul sa petite guerre. Il n’y a plus que des guérilleros.” La religion ? Murat semble la congédier, par la voix du personnage de « Achtung » : “Prendre la croix, non mais quoi…” ou l’affirmation catégorique de « La nuit sur l’Himalaya » : “L’esprit religieux vient d’un monde faux”. Dans Guérilleros, elle apparaît notamment sous la forme de la pratique bornée et la morale austère d’Adéla, la domestique de Roche. 

Reste une violence généralisée. Le roman de Naipaul met en scène toutes formes de violence, violence d’Etat, violences policières, émeutes et crimes de sang. Roche dit qu’aucun pays n’est à l’abri de ces couvées de violence, malgré la tranquillité apparente des habitants : même l’Angleterre ne lui semble pas sûre. Cette violence se manifeste chez Murat dans l’image - prémonitoire - des terrasses où l’on assassine (« Interroge la jument »), dans le triomphe de Satan, ou encore la métaphore de « Achtung » : “Un jour ils nous rouvriront la boucherie, c’est la bête elle-même qui me l’a dit”.

Poussière et sables mouvants

Si Murat rejoint Naipaul dans ce point de vue que l’on choisira de qualifier de lucide ou désespéré, le constat prend toutefois forme dans des images très différentes. Signe du délitement généralisé, la poussière recouvre tout dans Guérilleros : la sécheresse s’est installée depuis plusieurs mois, tout s’étiole, la forêt recule, partout des feux s’allument, le paysage est nappé de nuages de terre desséchée - et bientôt des fumées des bâtiments brûlés par l’émeute. Chez Murat où prédomine l’élément liquide, on patauge, on s’enlise : le chef de « Achtung » “pleure dans les marais”, “dans la boue épatante de ce pays” ; « Comme un incendie » évoque “ce purin d’idéaux”. Et si l’eau court, c’est celle qui nous emporte irrésistiblement, dans les remous et le chaos de ces vers de « French Lynx » :  “Tu sens que tout de toi glisse sans fin vers la rivière… au temps que tout emporte rien ne tient le contre-courant”. L'élément solide n’est pas plus stable lorsque tout glisse et s’effondre : “tout est éboulis”...

“Que n’aurais-je pas fait pour Frankie ? ”

Enfin, chacun interroge l’usage et le pouvoir de l’écriture, de la musique. Guérilleros regorge de slogans, pour mieux mettre en évidence à la fois leur pouvoir et leur vanité. Les discours de James Ahmed sont qualifiés de “discours bavard” et de “devoir d’écolier”. Il écrit également des bribes de romans infantiles où il dit son fantasme d’être un héros et un chef charismatique, fascinant et effrayant, irrésistiblement attirant. Murat a de son côté beaucoup parlé avec désenchantement de la chanson, et en particulier du rock : cette musique contestataire qu’il a tant aimée est devenue l’instrument des puissants, et ce sont chez les Clash que l’homme d’affaires Matthieu Pigasse vient chaque matin puiser son énergie... Morituri dit bien cette défiance vis-à-vis de la chanson, et même de la poésie : “Tais-toi, tais-toi !” enjoint-il au coucou, cette “sale bête”. S’interrogeant sur “la lyre et le tambourin”, la poésie et la musique populaire, il parle de “farder le langage”…S’il rend toujours hommage aux poètes aimés, Bernard de Ventadour dans « French Lynx » et Rimbaud avec sa « Chanson de la plus haute tour » dans « La Chanson du cavalier », il dresse pour le présent un constat décidément amer : “tu vois la langue douce briser ce qui est beau… Il ne nous reste plus que la peau sur les os”.

 

 “Un homme ne peut jouir que d’un petit nombre d’années d’optimisme” déclare Peter Roche à la fin de Guérilleros. Les derniers albums et les déclarations publiques de Murat semblent corroborer ce point de vue. Pourtant il serait réducteur de le résumer à ce retrait désabusé : succession d’albums et de tournées, goût de l’expérimentation, curiosité pour des artistes contemporains, sa vitalité artistique demeure intacte. “Comment faire une chanson ?”, s’interroge-t-il dans « Comme un Incendie ». Il lui reste visiblement, après toutes ces années, le désir de continuer à chercher. 

 

Guérilleros est publié dans la collection « Bouquins » chez Robert Laffont, avec deux romans de V.S.  Naipaul, et une préface de Jean-François Fogel.  L’enquête sur le fait divers qui a donné naissance au roman, Michael X et les meurtres du Black Power à Trinidad est publiée dans le recueil Le Retour d’Eva Peron, chez 10/18.  Toujours chez 10/18, Comment je suis devenu écrivain, qui réunit trois textes très éclairants - dont le discours de réception du prix Nobel - sur le parcours de Naipaul et sa conception de la littérature.   Merci enfin au très précieux site https://alainfecourt.wixsite.com/muratextes !

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Merci Florence ! J’ai passé un agréable moment au creux de ton Naipaul… un joli essai qui montre l’ouverture au monde de Jean-Louis Murat (qu’on cantonne parfois aux références littéraires françaises et classiques), et tisse des jolis rapprochements entre les deux oeuvres.

 

 

Postface

Rosny, 16 avril 2022.

Une femme regarde l’enchanteur sortir de la médiathèque [à relire ici]. Dépitée. Elle était prête. Tendue vers la séance de questions. Il n'y en a pas eu. Elle a pourtant une mission, ça fait trois semaines que Paulo la lui rappelle tous les jours : tu y vas, tu lui parles ! C’est lui ta source !  N’écoutant que son sens du devoir - elle est envoyée spéciale, tout de même ! - elle trottine derrière lui sur la dalle de béton… il s’arrête. Elle se lance enfin :

- euh, pardon... bonjou... bonsoir…

Le regard. Droit dans le sien. Bleu, perçant, vaguement ironique. Elle n’y était pas préparée.

- Alors, euh… vous avez parlé de V.S. Naipaul… vous avez dit qu’il vous avait inspiré des chansons… Et donc… je me demandais… lesquelles… ?

- Naipaul ? En fait je me suis plus inspiré de son livre sur L’Iran, Crépuscule sur l’Islam… Et c’était dans mon premier groupe… Ce sont des chansons qui ne sont pas sous mon nom…

Stupéfaction. L’œil bleu s’amuse.

Elle avale sa salive, rassemble ses esprits et tout son courage.

- Mais, euh, tout de même… je pensais à Morituri… Est-ce qu’il n’y pas, comment dire, des points communs, enfin des convergences?

A-t-il pitié d’elle ? Il concède :

- C’est possible, je vis avec Naipaul...

                          …………………

Xanadu, 18 avril 2022

Madame D. a enfin fait son rapport.

Paulo regarde par la fenêtre (oui, ca fait partie du job). L'homme au sang froid transpire. Il a envoyé sa SDI (stagiaire à durée indéterminée) au front la fleur au fusil. Un instant, il a cru l'avoir perdue. Bien qu'elle ne soit pas barbue, il se rend compte que ça lui donne un peu d'entrain d'avoir un nouveau partenaire en chair et en os (l'ancien tente toujours de se rendre utile mais vaporeux, il fait ce qu'il peut…).  Du remord ? "Ah, ah, ah, non, mais vous rigolez ! L'info must go on. Que Jean-Louis Murat se joue de nous, volontairement ou non, ça s'apprend sur le terrain, à l'épreuve des yeux revolvers. Ce n'est jamais du tout cuit avec Jean-Louis… Ça lui fera une leçon à la petite, je l'avais pourtant prévenue que le sujet serait compliqué ! Ah, dire qu' il nous renvoie sur Clara alors que le livre est sorti en 1981, en Angleterre comme en France... Et qu’il nous oriente sur des livres sur l'islam, qui semble plus sa préoccupation du moment...".  Enfin soit, il apparaît de toute façon bien difficile de vraiment discerner si telle ou telle chanson a jailli d'une lecture ou d'une autre (Toboggan et Toy story ? Qui aurait trouvé la référence ?). Et si ça se trouve, les chansons inspirées de Guérilleros dorment dans la malle du grenier... N'importe, les textes sont là, amples, riches, pour des enquêteurs patients, des amateurs d'énigme... et après tout, il n'y a que l'intentionnalité de l'œuvre à prendre en compte si on considère que Bergheaud est un grand auteur de chansons. Aux arpenteurs de chemin de traverse de s'y exercer et de tenter des propositions. Ce texte est une première contribution et qui sait peut-être certains apporteront d'autres idées.  Paulo déteste engager des frais, mais il a dépensé 5 euros pour le fameux essai sur l'Iran... Le jeu de pistes est lancé.

 

 

Vidiadhar Surajprasad Naipaul, Crépusucule sur l’Islam. Voyage au pays des croyants [1981], trad. par Lorris Murail et Nathalie Zimmermann, Paris, Grasset, 2011.

Le second essai de l’auteur sur l’Iran est Jusqu’au bout de la foi. Excursions islamiques chez les peuples convertis [1998], trad. par Philippe Delamare, Paris, 10/18, 2003.

Pour aller plus loin:

Télérama

Nouvel Obs

5 livres à lire (Le Figaro)

 

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Rédigé par florence D./Pierrot

Publié dans #le goût de qui vous savez, #Morituri

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Publié le 25 Avril 2022

Sur ce blog, il y a une catégorie d'articles, que l'on peut retrouver dans la colonne à droite,  qui s'appelle "le goût de qui vous savez"... Elle était nécessaire car il est habituel que Jean-Louis Murat  partage ses coups de cœur quand on l'y invite, et pas seulement. Même s'il fait parfois le fanfaron en laissant penser qu'il démolit tout, il est plus juste peut-être de croire qu'il lit TOUT, écoute TOUT, sans oublier de plonger son oeil et ses mains sur la peinture ou son esprit dans la philosophie. En la matière, c'est aussi un OGRE. Après une discussion sur le cinéma au Toboggan de Décines, juste avant d'enregistrer le live "innamorato", en 2018, et auparavant des rencontres FNAC, des multiples articles dans lesquels on demande à Jean-Louis Murat ses coups de cœur dans les divers arts,  et des promos dans lesquelles il glisse les auteurs ou chanteurs qui l'ont accompagné durant la période de création,  voici donc un reportage de Florence D. sur une nouvelle occasion qui nous était offerte d'entendre Jean-Louis Murat nous parler de culture. C'était à l'invitation de la médiathèque ARAGON à Rosny, sise au côté  du théâtre où il allait jouer deux heures plus tard. 

« Porter ce qu’on aime et l’offrir aux autres » : 

la médiathèque imaginaire de Jean-Louis Murat (Rosny-sous-Bois, 16 avril 2022)

 

Même pour une familière de la petite couronne parisienne, l’arrivée à Rosny-sous-Bois peut paraître un peu décourageante. Pourtant, passés les ronds-points de la zone commerciale, le pont sur l’autoroute, et une entrée sous une barre d’immeubles, on se retrouve dans une cour intérieure, îlot vivant et serein : vaste dalle où des espaces fleuris mettent une touche printanière, notes échappées d’une fenêtre, baigneuses sortant de la piscine, et porte vitrée de la médiathèque, juste au-dessus du théâtre - on y entendait dans l’après-midi les répétitions pour le concert de ce soir. 

Nous, c’est La Vraie Vie de Buck John qui nous accueille, diffusée par les haut-parleurs, alors que les bibliothécaires nous incitent à commencer à déambuler en attendant l’invité du jour - lequel sitôt arrivé, accompagné de Jocelyne,  se trouve embarrassé de s’entendre. La musique est coupée, on lui offre un café qu’il laissera refroidir, et la séance commence. Le charme opère immédiatement, sur un public acquis d’avance : même Arno Cayotte, le bibliothécaire qui anime la rencontre, se présente d’emblée comme un fan, que Murat accompagne depuis 1991. 

 

On commence dans la section jeunesse, colorée et lumineuse, avec sa grande baie vitrée qui ouvre sur un coin d’herbe. Questions sur le rapport aux bibliothèques et aux livres, sur les liens entre littérature et chanson. Murat raconte : enfant issu d’un milieu populaire, il n’avait pas de livre à la maison, et a beaucoup fréquenté la bibliothèque de La Bourboule. Depuis longtemps il vit dans les livres : jeune homme, il s’est constitué une première bibliothèque, disparue, dilapidée par un héroïnomane, aujourd’hui les livres envahissent sa maison, colonisent une pièce après l’autre. Il rappelle aussi que son ex-femme a ouvert une librairie (le formidable tiers-lieu Les Vinzelles à Volvic). 

Sur le rapport entre ses lectures et les chansons, il se fait modeste. Il dit passer l’essentiel de son temps à lire ou à écrire, mais si l’univers des chansons peut avoir un « relent poétique », « globalement c’est de la blague » lance-t-il. Il présente plutôt ses lectures et la constitution de sa bibliothèque comme une façon de poursuivre ses études. Et éludera soigneusement la question sur un éventuel projet d’écriture romanesque.

« Ma bibliothèque, conclut-il : ce sera sans doute ce que j’ai fait de mieux » ; et, clin d’œil à l’espace où se déroule cette conversation : « j’ai une mission, comme Dora. » 

Ce sera la seule référence à l’espace dans lequel nous nous trouvons – avec le Mortelle Adèle qu’il a feuilleté à son arrivée. Immédiatement se dessine ce qui sera la joie et la limite de cette rencontre. Murat qui sait si bien parler de ce qu’il aime, rendre curieux d’une œuvre, d’un auteur, s’en tiendra à des généralités sur son rapport à l’écrit : son intimité avec les livres, l’importance de la transmission…  Introduction extrêmement plaisante, souvent drôle, parfois touchante, mais qui fait rêver d’une deuxième partie où il aurait sorti des ouvrages des étagères pour partager ses goûts et ses enthousiasmes, ou même, pourquoi pas, nous aurait lu des passages à voix haute puisqu’il raconte que c’est un de ses exercices favoris.

Arno Cayotte nous invite à passer dans « l’espace adultes » (frissons dans l’assemblée), et on aborde plus précisément ses auteurs et ouvrages de prédilection. « A mon âge, on lit et relit les classiques », dit Murat, qui a toujours sur son bureau L’Iliade, L’Odyssée ou les Pensées de Pascal. Il nomme Montaigne, Tchékhov, et bien sûr, Proust et la Recherche, lue en sept ans puis partiellement relue. Tout en parlant, il parcourt les rayons, s’arrête sur des titres séduisants, s’émeut des voisinages auxquels contraint le classement : Cervantès et Borges, très bien ! En revanche Will Self et Shakespeare, pas question : jamais ces deux-là ne feront de petits, et il ne manquerait plus que Will Self se croie au niveau de son illustre voisin !  Illico il les sépare. Le principe de classement chez lui ? Avant tout, éviter les compagnonnages contre-nature : « Il faudrait inventer un classement par lequel les livres pourraient se reproduire », s’amuse-t-il. Lui leur parle, à ses livres, les bichonne, répare ceux qu’il achète en mauvais état, et surtout s’excuse s’il leur a imposé un voisin mal assorti.

Nous rions, ravis, mais il est aussi très touchant de voir ainsi formulé ce qui habite beaucoup de lecteurs : la présence familière des livres, cette relation d’intimité avec eux et leurs auteurs, et un amour qui nécessairement se partage : porter ce qu’on aime et l’offrir aux autres, dit Murat. Alors tout le monde n’ose pas, comme lui, se lancer dans la lecture de quelques pages quand l’apéro bat son plein, mais il nous dit bien là la joie à transmettre et le délice qu’est la lecture à voix haute, même quand on a beaucoup grandi et que l’on n’a plus droit, depuis longtemps, à l’histoire du soir. 

Sur l’histoire du soir, justement, il développe longuement la façon de transmettre à ses enfants le goût de la lecture, et l’exigence. Il dit avoir lu tout ce qui passait entre leurs mains, pour éviter des romans jeunesse mauvais ou médiocres, achetés ou offerts trop vite. Il n’hésite pas non plus devant le difficile ou très difficile, racontant qu’il a lu un peu chaque soir à ses enfants encore petits Une enfance de Jésus de J.M. Coetzee, prix Nobel de littérature en 2003. Il revient aux classiques, racontant sa méthode pour leur faire découvrir les Fables de La Fontaine, dans un joli cheminement pédagogique, depuis le récit pour enfant de cinq ans jusqu’à la lecture avec la prononciation du 17ème siècle…

 

Bon, c’est Jean-Louis Murat, alors inévitablement il lance aussi quelques vacheries. Au rayon presse, sur le peu d’estime qu’il a pour les journalistes, bien qu’il les lise très régulièrement, et surtout « ceux du bord opposé » (il serait donc lui-même d’un certain bord ?), l’essentiel restant de "penser contre soi-même" comme il l'a déjà dit à plusieurs reprises. Sur la BD aussi ; sans partager le mépris qu’il manifeste, on goûtera son sens de la formule lorsqu’il la qualifie de « culture pour les nigauds », « marche pour les claudicants » (« Oui, c’est vrai, je suis réac », reconnaît-il.)

 

On le préfère dans ses admirations. Pour Berthe Morisot croisée au détour d’une allée : il raconte qu’elle a toujours les yeux sur lui dans son studio d’enregistrement, où il a affiché un de ses portraits. Il en parle avec affection, de cette grande peintre, un peu oie blanche dit-il aussi, entre les frères Manet... Même tendresse pour Madame Deshoulières, rencontrée au marché aux puces, et devenue son « Antoinette », qu’il a contribué à refaire découvrir. Exclamation devant un ouvrage de Mona Ozouf, aveu de son admiration qui l’a empêché de l’aborder lors d’une séance de dédicace, comme avec Tony Joe White, ou Anne Sylvestre - émotion redoublée du fait qu’il lui trouve la voix de Suzanne Flon dans Un singe en hiver.

Elles passent vite ces 45 minutes en compagnie de cet homme si curieux. Interrogé sur ses voyages, il dit qu’il cherche avant tout à aller là où ont eu lieu des événements qui l’intéressent, où ont vécu des écrivains et artistes. Il clame une fois encore son amour pour la Grèce (« Ah ! Mourir à Delphes ! »), et rêve d’aller à Sils Maria, dans le Sud-Est de la Suisse, lieu de villégiature, entre autres, de Nietzsche, Thomas Mann ou Marcel Proust. Les tournées, malgré un rythme qu’on imagine fatigant, sont aussi l’occasion de découvertes : il s’enthousiasme pour le musée de Bourgoin-Jallieu, visité avec Jocelyne à l’occasion du concert de la veille, sourit aux souvenirs de déambulations nocturnes dans les musées, précieux privilèges qu’a pu lui apporter sa propre notoriété ou celle d’Isabelle Huppert… Gourmandise et générosité, donc, et si je ronchonne un peu après coup, ce n’est pas que Pierrot a une mauvaise influence (encore que…), mais que ce moment invite à en vouloir plus, soulève des questions notamment sur son rapport à la création contemporaine, suscite le désir de le voir pleinement dans ce rôle de passeur…  Ou de s’interroger sur les livres qu’il a cités ailleurs comme sources d’inspiration. Mais cela, ce sera pour le prochain épisode.

                                                                         f.

                                                                                                 
 

 

 

Merci! Merci beaucoup Florence ! Tu gagnes tes galons de "reporter à  veste multipoches'! 

J'ai particulièrement apprécié les éléments sur le  rapport physique de Jean-Louis Bergheaud à ses livres. En autodidacte, il se constitue littéralement un corp-us.

Même s'il n'est bien sûr pas rare que l'ultra-sensibilité d'un A.C.I.  l'amène à se faire séduire par toutes les muses qui passent, entre autres choses,  à la lecture de cet article,  voici deux réflexions :

Murat dans un ciné club  va transpirer le 7e art; dans une bibliothèque, ne sembler respirer que pour la littérature, et invité chez Lenoir ou Zégut, c’est toute sa vitalité qui s’incarne dans la musique, et il s’affirmera avant tout musicien...  Entier.  Ce n'est pas un jeu ou une posture, juste la passion et la sensibilité.

- Dans cette passion, on discerne également sa modestie concernant son artisanat (même s'il pense qu'il n'y a pas de concours, et que c'est le MOF du PMF*), par rapport aux autres arts "majeurs". Même si 1451, même si Bob Dylan, on attend toujours qu'il ose franchir le pas d'avoir de "la suite dans les idées" (pour reprendre une de ses expressions pour expliquer qu'il ne commettait pas de livres).

 

“Ce qui distingue l'autodidacte de celui qui a fait des études, ce n'est pas l'ampleur des connaissances, mais des degrés différents de vitalité et de confiance en soi.”        Milan Kundera / L’insoutenable légèreté de l’être

 

*Meilleur Ouvrier de France du Paysage musical français

 

Merci pour les photos,  Christophe- page jeanlouismuratfanclub

« Porter ce qu’on aime et l’offrir aux autres » :  la médiathèque imaginaire de Jean-Louis Murat (Rosny-sous-Bois, 16 avril 2022)« Porter ce qu’on aime et l’offrir aux autres » :  la médiathèque imaginaire de Jean-Louis Murat (Rosny-sous-Bois, 16 avril 2022)
« Porter ce qu’on aime et l’offrir aux autres » :  la médiathèque imaginaire de Jean-Louis Murat (Rosny-sous-Bois, 16 avril 2022)

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Rédigé par Florence D.

Publié dans #2021 BUCK JOHN, #le goût de qui vous savez

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Publié le 7 Février 2022

 

1)  Monica Vitti est décédée le 2 février.  Notre "il francese" préfère sans doute les brunes... C'est "Silvana"(Mangano) qu'il chante... Pour autant,  il a cité "la note", un des films dans laquelle Antonioni l'a dirigée, comme un de ses films préférés.  Et qui a pu l'inspirer:

 

« La nuit »  Michelangelo ANTONIONI (1961).

« Chez ANTONIONI, l’amour est impossible. Le sexe est une impasse. Pourtant chaque personnage vit avec la nostalgie d’un amour absolu qu’il a vécu. C’est cette nostalgie qui, musicalement m’inspire ».

En parlant de Wilder, il évoque aussi le réalisateur:

J’aime aussi beaucoup l’esprit de Billy Wilder qui représente bien la sensibilité des juifs d’Europe de l’Est qui se sont retrouvés à Hollywood après avoir fuit le nazisme. J’avais lu une phrase de Wilder sur Antonioni à propos duquel il disait qu’il ne faisait pas des films sur l’incommunicabilité, mais qu’il ne savait tout simplement pas écrire de dialogues… J’adore cela ! En plus, c’est la pure vérité. J’aurais aimé connaître Billy Wilder.  https://lopinion.com/articles/musique/3453_jean-louis-murat-en-liberte

 

Du coup, il a été diffusé à nouveau cette semaine la pastille signée L. MASSON  sur Monica... et on y retrouve Jean-Louis Murat en bande-son, avec deux titres :

Pour le clin d'oeil pérec-o-muratien, un hommage sous la forme de "je me souviens" : https://ciaovivalaculture.com/2022/02/03/je-me-souviens-de-monica-vitti/

2)  On continue avec les images animées, c'est la loi des séries. C'est justement cette semaine que ARTE diffuse le film "Chevrotine" de la même Laetitia.... le 11/02, et déjà disponible sur arte.fr

https://www.arte.tv/fr/videos/097485-000-A/chevrotine/

Télérama a des réserves, mais accorde néanmoins un T au téléfilm, avec un très bon point pour Elodie Bouchez ("mlle personne" il y a 20 ans) qualifiée de "superbe".

Et comme toujours, ou presque,  la réalisatrice a encore choisi du Murat... avec 3 titres. 

On retrouvera une petite liste des collaborations entre nos deux camarades dans l'article ci-dessous, avec notamment les titres inédits pour "the end, etc", "Coupable" et "Petite fille": http://www.surjeanlouismurat.com/article-collaboration-masson-murat-the-end-et-les-et-cetera-115229874.html  (on y retrouve la plume de Matthieu, pour parler d'une vidéo d'un projet de Sophie Calle).

 

 

 

 

 

 

 

3)  Cinéma, téléfilm... et maintenant CLIP:

Je suis tombé sur le site de la maison Suburb pour laquelle Christophe Acker (qui a une victoire de la musique) a réalisé deux clips pour Jean-Louis Murat. Les deux clips sont visionnables: https://www.suburb.tv/jean-louis-murat-by-suburb-films-paris

Et je ne crois pas avoir remarqué et donc signalé que le clip du "blues du cygne" a eu une récompense du CNC "prix de la qualité". Ce n'est pas si courant que notre chevalier des arts et lettres soit récompensé, donc acte.

 

4) Murat et le cinéma:
"Une vie de plan séquence. Malheureusement, je ne crois plus au plan séquence ou au cadrage à l'américaine. Il faut plus de mouvement" (Evenement du jeudi 1995)

 

Voici encore quelques recommandations cinématographiques de JLM:  Télérama n° 2896 - 14 juillet 2005

Casanova d'Alexandre Volkoff (1927)

Les Mémoires de Casanova sont un de mes livres préférés : j'en possède plusieurs exemplaires dans des éditions différentes. Contrairement à l'idée répandue, ce n'est nullement un bouquin porno, plutôt un ouvrage historique et philosophique, une leçon d'humanisme. Casanova l'a écrit directement en français. C'était un autodidacte, un self-made-man, un fils de rien qui a fini par tutoyer les grands de ce monde. Ce film français muet est le meilleur qui lui est consacré. J'ai gardé un souvenir émerveillé de la reconstitution de Venise... Je n'aime pas la version de Fellini : il est passé à côté du personnage en n'en retenant que le côté cavaleur.

Série noire d'Alain Corneau (1979)

Pour moi, c'est l'un des meilleurs films français de tous les temps, parce qu'il reflète, justement, un esprit français, mais doté d'une carrure internationale. L'âme française au coeur de l'action. Comme un mélange de Simenon et de Dostoïevski. J'ai toujours été fasciné par Patrick Dewaere, animal fou, écorché. J'ai connu une période de ma vie où je devais ressembler à ça, où j'aurais pu basculer dans la dinguerie. Dewaere personnifie le ratage, le sacrifice. La médiocrité de notre époque l'a assassiné. Comme Kurt Cobain.
 

Du côté d'Orouët de Jacques Rozier (1973)
Là encore, un film bien français. Rozier est le plus vraisemblable de nos cinéastes, d'autant qu'il porte le nom de la marchande de friandises de mon enfance. J'y retrouve mon côté province, mes années 70 à La Bourboule. Un monde de gens simples, pleins de bonne volonté, qui se coltinent les problèmes de la vie. Un univers que l'on trouve aussi chez le cinéaste Pascal Thomas, ou chez Emile Couzinet, un réalisateur qui avait construit son propre petit Hollywood du côté de Royan, au début des années 50. J'aime ces ambiances parce qu'elles sont l'étoffe de nos vies. En comparaison, le cinéma français d'aujourd'hui me paraît putassier.
 

La Prisonnière du désert de John Ford (1956)

Tout ce que j'aime : le western, avec une touche d'antique. Mon premier disque ne s'appelle pas Cheyenne Autumn pour rien. Le personnage principal des films de Ford, c'est souvent le paysage. C'est aussi ce que j'essaie de faire, dans certaines chansons. La Prisonnière... est un film majeur qui décline quelques thèmes fondamentaux : la droiture, le courage physique, la quête solitaire et les rapports père-fille, même s'il est dit dans le scénario que la prisonnière est la nièce de John Wayne. La scène finale, où il la prend dans ses bras, est pour moi un sommet d'humanité.

 

Les Saisons d'Artavazd Pelechian (1972)

Pelechian est un cinéaste arménien très peu connu, car il n'a réalisé que des documentaires, souvent expérimentaux et tournés en 35 mm. Ses films-montages sont pour moi le chaînon manquant entre l'écrit et le filmé. Il est le précurseur génial de ce qui dans notre époque bâtarde ne se retrouve plus que chez quelques clippeurs et chez DJ Shadow en forme. Il avait élaboré une technique de montage particulière, dite « en contrepoint », où il séparait le plus possible les plans qu'il jugeait importants. Dans ce court métrage aux images extraordinaires, il montre la vie des paysans et des bergers de l'Arménie soviétique. C'est ce qui m'a inspiré mon film Murat en plein air, un concert filmé en Auvergne, dans une chapelle du XIIe siècle...



Dans les inrocks en 2003, il parlait de  NAISSANCE D'UNE NATION de David Ward Griffith


Ce que j'aime le plus chez Griffith, c'est de voir l'homme évoluer
derrière sa caméra. Comme dans ses courts métrages il découvre la
contre-plongée, le travelling, le cinéma entrain de se faire.

 

Pour rappel: Mon petit reportage sur la carte blanche "cinéma" au Toboggan :

  http://www.surjeanlouismurat.com/2018/11/jea-murat-parle-cinema-silvana.toboggan-2018.html

Et une interview très cinéma dans "So film": http://www.surjeanlouismurat.com/2017/03/jeanlouismurat-cinema-so-film.html

 

LE LIEN EN PLUS PARCE QUE QUAND MEME C'EST PAS ALLOCINE ICI NON MAIS ALLO QUOI

Pour les camarades musiciens,  accords et tablatures

https://tabs.ultimate-guitar.com/tab/jean-louis-murat/a-lamour-chords-3994885

https://www.boiteachansons.net/partitions/jean-louis-murat/les-jours-du-jaguar

Mais Le songbook est toujours disponible:

https://www.amazon.fr/Partition-Murat-Jean-Louis-Song-book/dp/B0002DVP3G  11 titres

Mais le descriptif sur amazon est dysfonctionnel:

"Un florilège des chansons de Perret - l'ange dechu - te garder pres de moi - si je devais manquer de toi - col de la croix morand - sentiment nouveau - le lien defait - cheyenne autumn - l'infidele - le parcours de la peine - cours dire aux hommes faibles - terres de france "

Murat, c'est "tige d'or", pas le zizi!

 

LE LIEN EN PLUS VIENDEZ, une fois!

La tournée 2022 passe par la Suisse et ça mérite d'être signalé sur le site de l'office de tourisme officiel du pays!! 

https://www.myswitzerland.com/en/experiences/events/jean-louis-murat/

On a déjà parlé de cette jolie salle historique dans laquelle le concert aura lieu, mais voici un petit article récent:

https://www.rfj.ch/rfj/Actualite/Region/20220122-Le-Royal-devoile-son-affiche.html

 

LE LIEN "AURA AIME MURAT"

Le tribute est arrivé sur les sites de vente:  FNAC   Amazon   le Furet  Décitre mais aussi aux Volcans (clermont!)

Mais voilà encore un artiste de la Région Auvergne-Rhône-Alpes" qui aime Jean-Louis Murat :

"J’aime beaucoup, par exemple, cet album méconnu que Jean-Louis Murat a fait avec Isabelle Huppert, « Madame Deshoulières ». C’est un disque extraordinaire ! Le fait que les comédiens enregistrent des disques n’est pas un phénomène spécialement français, mais plutôt européen. C’est une vieille tradition, mais il faut que cela résulte d’une vraie envie et d’une passion, pour que ce soit bien".  issu de https://jesuismusique.com/2020/07/04/benjamin-biolay/    

Sympa, bb. (ça date de 2020, mais apparemment, ça m'avait échappé).

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #cinéma, #le goût de qui vous savez

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Publié le 7 Juin 2020

                                                                                                          Magic- mai 2010

 

Bonjour! I'm not dead! En pleine forme moyenne, je bats même des records:  1mois sans article!! ... euh... désolé... A un moment, j'avais presque finalisé un article, et je ne l'ai jamais terminé. Bon, ce n'est pas tout de ma faute: malgré le boulot des AP pour étirer la promo, on n'a plus eu grand chose depuis un mois dans cette sinistrose ambiante du marché:  Je suis allé à Cultura cette semaine, le kiosque, notamment côté "musique" ressemblait au rayon "féculents" de mon supermarché fin mars 2020. Presque vide... même si curieusement, on retrouvait justement l'inrock avec Murat en couv et le mag AudioVinyle (avec JLM également)... des trucs vieux de plus deux mois...  Aurais-je  pu profiter de quelques décès pour des articles? Rien de très évident muratiennement parlant, même si Dabadie est tout de même auteur de belles chansons sur l'autobahn traversant le little Paysage musical français.

Mais soit,  cette semaine, obligé de reprendre le fil: il y a de l'actualité.

- Le nouveau single, ça c'est fait, ça sera : ça c'est fait. (ah ah-ah ah). J'aime beaucoup le titre, même si j'ai quelques réserves sur le texte.

 

Et of course, on peut déjà l'entendre sur France Inter. J'en profite pour signaler la mention de JLM  par Charline Vanhoenecker, dans son billet matinal, avec son sempiternel humour autour de  la playlist de France Inter, c'était le 25 mai (merci Florence D pour l'info):

Vous vous rappelez de cette journée spéciale « Sauvons la culture » sur France Inter, où tout le milieu culturel est venu chouiner « Les théâtres sont fermés ouin ouin ouin »… Eh ben ça a payé on dirait : c’est le Puy-du-Fou qui rouvre en premier !

Avouez que vous l’avez mauvaise ! Hein les islamo-tiers-mondistes ? Ca vous a cassé votre fête de l'Aïd cette nouvelle ! Je parie que ça vous donne envie de vous trancher les veines avec le dernier disque de Jean-Louis Murat, tiens ! Je suis sûre que vous l’avez acheté en vinyl ! Ca traite de Villiers de réac mais ça rachète ses disques en vinyl ! Oh allez, faites pas la gueule, vous serez bien accueillis au Puy-du-Fou ! Allez, enfourchez le tigre et direction la Vendée !...

A propos il n'y a pas que ceux d'Inter qui voit du Murat partout:  dans Le MONDE,  dans un article consacré à un lieu d'accueil pour SDF ouvert pendant le confinement, le journaliste rencontre une personne "avec une lueur d'ironie fataliste qui lui donne un petit quelque chose de Jean-Louis Murat". Je le cite pour "l'ironie fataliste" que je trouve bien vu. 

 

- et deuxième actu, on nous présente  cette semaine une nouvelle play-list proposée par Jean-Louis Murat, cette fois pour applemusic. Elle s'intitule "INFLUENCES". Presque trois heures de musique, et donc de quoi se faire plaisir! On y reviendra peut-être plus longuement parce que là, je n'ai pas le temps... Ah tiens, Christopher Cross, une madeleine bien fmsucrée, i like it.

https://apple.co/2MqZARO?fbclid=IwAR0UC84fw0aBeD-VYPQCfAcx8l2Ks7zirtWkRPAp2xJQrc5MAc1LhhSrnCE

 

Rappel CONCERTS: 19,20 et 21 novembre à la BOULE NOIRE...  A part une autre date à Vitry le François en mars 21 semble-t-il, aucune autre date n'est annoncée.

 

On passe au reste de la suite...

1) Chronique de Baby love

Dans la série les incontournables des promo, voici l'article belge signé par MARC sur le site mescritiques (19 apparitions).  On l'a connu plus emballé.

http://www.mescritiques.be/spip.php?article2360

En compulsant des morceaux issus de critiques publiées ici, on ne peut s’empêcher de constater que certains artistes reviennent vraiment souvent. Parce que ce site a commencé pendant la période d’activité la plus frénétique de l’Auvergnat, il n’est pas étonnant de le retrouver à 19 reprises, pour 15 albums et 4 concerts. Sans doute le client le plus fidèle de nos colonnes. En un mot comme en cent, on connait le bougre, et on aime ça.

Pour autant, il serait hasardeux de dire qu’on l’a compris ou cerné, qu’on peut deviner où nous emmènera son prochain album. Et c’est très bien comme ça. Avec un rien de recul pourtant, on peut placer celui-ci dans la filiation des deux précédents, un Travaux sur la N89 qui nous avait laissé perplexe et un Il Francese qui nous avait plu. Il y continue donc une veine plus synthétique, lui qui a aussi pris la tangente champêtre à plusieurs occasions au long d’une très riche discographie. Il reviendra peut-être à de l’acoustique, de l’organique, mais ce n’est pas à l’ordre du jour on l’a compris.

Cet album présente donc une unité de style. Pour le meilleur et pour le pire. C’est un bien parce que le style colle au plus près à la diction particulière de l’Auvergnat. D’un autre côté, ce groove, dans un genre de funk blanc suave et un peu froid à la fois ne permet pas l’émotion supérieure qu’on a tant rencontré chez lui.

Il reste évidemment des mélodies (Le Mec Qui Se La Donne), bien sûr qu’on aime la mélancolie fondante de Si Je m’attendais ou la langueur de Rebirth of The Cool. Il reste de toute façon des variations de tempo et de ton, avec des constantes de sa discographie comme ces hommages toujours très indirects (Tony Joe).

Les paroles sont toujours aussi opaques, jouant sur l’effet plutôt que le sens littéral. Quand on lit les interviews récents occasionnellement amusants mais souvent aigres et de plus en plus consternants, on préfère cette veine plus allusive. C’est toujours un des étranges pouvoirs d’attraction de Jean-Louis Murat.

Cette période étrange et des conditions d’écoute différentes (moins intenses et plus étalées) est propice à ce style d’album. Si notre esprit en roue libre se demande parfois ce qu’auraient pu donner ces morceaux avec des atours différents, il n’a pas encore pu trancher. On sort de cet album avec l’envie d’entendre le suivant, signe d’une connivence maintenue avec cet artiste singulier.

2)  Clermont-City Rock: 

Julien Mignot qui a shooté Murat et Delano dans le brouillard pour Babel expose à l'Hôtel Fontfreyde, où Matthieu m'avait emmené jadis... L'expo est visible tout l'été. J'avais tenté de le contacter pour savoir si des clichés de Murat étaient exposés mais ce n'est pas le cas. Tout est inédit et plus consacré à la prime jeunesse, celle qui a pour tout bagage, l'expérience des parents, qui se fout de la vie comme du quart, qui prend le bonheur toujours en retard, qui aime pour toute la vie, cette vie qui dure l'espace d'un cri, d'une permanente ou d'un bluejean... (enfin, ça c'était avant peut-être)... et c'est à l'occasion des 20 ans de la Coopé (ah, ça nous rajeunit pas, les 10 ans, on en parlait hier... enfin, je le croyais).  C'est aussi l'occasion d'un livre dont l'écriture avec des lettres revient à...  JD Beauvalet himself (on se rappelle que pour la Marie Audigier des années 80, le Graal était de se faire chroniquer par lui).

L’exposition Le photographe & son double de Julien Mignot ayant lieu à l’Hôtel Fontfreyde – Centre Photographique (Clermont-Ferrand) est prolongée jusqu’au dimanche 20 septembre 2020 – week-end des Journées Européennes du Patrimoine (commissariat Julien Mignot, agence Pam, François-Nicolas L’Hardy)

Julien Mignot – JD Beauvallet, 20, no music, no life !, conception graphique Esther Decluzet, coordination éditoriale Hervé Deffontis et Patrick Le Bescont, Filigranes Editions / La Coopérative de Mai, 2020, 360 pages

Julien Mignot est interviewé sur le blog l'intervalle... et parle du livre, de la coopé, de Clermont...  notamment de l'expérience Kütü Folk -sans les nommer-:  "Voilà 12 ans, un label folk racontait la mélancolie locale naturelle et ses éclats lumineux, on jouait sur des amplis Marshall des Stratocaster US, et là plus rien. Des laptops à perte de vue, des contrôleurs midi perfectionnés et des protools craqués, voilà notre paysage à première vue". On  découvre dans un virage curieux le nom de Jean-Louis Murat: 

Ecoutiez-vous lorsque vous étiez jeune le groupe de filles La Bourboule, « meilleure formation punk d’Auvergne », selon Jean-Louis Murat ?  En ce temps-là , le plus subversif vinyle qui traînait sur la platine était La Marseillaise de Gainsbourg. J’ai manqué ça.

J'ai interrogé l'auteur de la question pour savoir de quoi il voulait parler...  des Filles? Qu'est-ce que c'est? Euh... non...  Veut-il parler de  Subway? Cette semaine, je découvrais une photo du groupe punk clermontois "Edith Vagin et ses pertes blanches", mais il n'y avait pas de filles, juste des anciens de Clara, oui! Pie et Dowie Cartier (les deux en arrière plan ci-dessous). (Dans la longue liste des groupes punk du 6/3, j'en profite pour citer les plus croustillants: La Gerbe, Bloody Fuckers, Bitocul, Solution Finale, Pigs on action, Shit for brain... et Chaos où s'illustra aussi Christophe Pie... rien que du très féminin donc)

                                                                                      photo PJ Fontfreyde (tdr).

Pour aller plus... dans le passé:  article sur les 10 ans de la COOPE  

et en 2012, Matthieu Guillaumond nous offrait une visite pleine d'humour :  http://www.surjeanlouismurat.com/article-patrimoine-de-clermont-de-france-et-de-muratie-la-coope-110557467.html

 

Quelques photos de Mignot... Je me rappelle d'un petit pataquès à l'époque. J'avais découvert toute la série de photos-inédites- sur fb, partagées en public par le photographe, et que j'avais aussitôt mises en ligne sur le blog. Le photographe apparemment avait fait une erreur... et moi, grillé toutes les exclus réservées à la grande presse (qui souhaite avoir des photos d'illustration inédites).  Alex des Delano avait joué l'intermédiaire pour que je supprime l'article. Je l'avais fait volontiers... mais Matthieu en a été très fâché puisqu'il s'agissait pour lui de censure, se fâchant du coup avec son "deuxième chef" -donneur d'ordre de pliage/couture de pochettes.  Allez, c'est l'occasion de vous mettre  un extrait de notre correspondance

Du contenu exclusif de la part de la maison de disques pour les sites de fans, je m'en méfie : si l'on veut conserver un minimum de distance critique  (Murat lui-même est demandeur, si je me souviens de certaines interviews...), ce n'est pas une bonne idée. Et quand tu vois le contenu délirant du dossier de presse, tu te dis qu'il en faut, de la distance critique... Dès lors qu'on est proche de quelqu'un, cela complique la critique. Je ne dis pas qu'elle devient impossible, il y a plein de contre-exemples, mais je ne crois pas qu'il soit si simple, quand tu es lié humainement à quelqu'un, de lui dire en face que ce qu'il a fait est nul, si tu penses que c'est le cas. Dans la vie, c'est déjà difficile sans vexer la personne, à part en cas d'amitié solide (cf. "Qu'entends-tu de moi..."). Je n'ai jamais entendu Lenoir dire d'un album de JLM qu'il était un peu raté ou bien simplement moins bon que le précédent. Lorsque son pote est revenu aux guitares et a opté pour la formule en trio, je me souviens qu'il avait dit qu'il était content, qu'il avait laissé entendre qu'il en avait un peu marre de tous ces synthés... mais l'avait-il dit avant ? C'est comme dans le cinéma, à chaque fois qu'un nouveau film de Clint Eastwood sort, certains expliquent qu'il est meilleur que le précédent qui était raté et que c'est le grand retour d'Eastwood... Mais tu ne les entends jamais dire que le film est raté au moment de sa sortie. Non, au moment de la sortie, il est excellent. Je caricature, mais il y a un peu de ça. Et puis, tant de gens semblent oublier que la critique, ce n'est pas de la haine, du mépris. Les critiques de disques ne détestent pas les disques, les critiques de films ne haïssent pas les films, ils les soumettent à un examen, c'est différent. Si la critique doit à présent consister à pondre la phrase-choc avec deux ou trois adjectifs laudatifs qui sera ensuite reproduite sur l'autocollant du disque à côté des logos des partenaires... Je préfère encore le torrent de dénigrements d'un Delbourg sur Murat, au moins il y a un point de vue et du talent( n'en déplaise à Jocelyne). Tout cela n'est pas simple.
     Pour en revenir à notre histoire, ce qui est dingue, c'est que ni Mignot, ni Rochon, ni moi, ni toi, qu'aucun de nous n'ait eu le réflexe d'envoyer Pias se faire foutre pour cette histoire de photos. Tout le monde a obéi pour garantir une exclu, alors que comme les chiffres que tu me donnes le confirment, tu n'aurais pas enlevé un demi-lecteur à Libé... Et en plus, tu as fait de la pub pour ce Mignot, je suis sûr que plusieurs personnes sont allées visiter son site en suivant le lien et ont découvert son travail. Moi, à la rigueur, quand je pique une photo, que je la recadre et que je la légende, je peux comprendre qu'on m'engueule. Surtout lorsque, sur le dossier Pietri, je ne mets pas toujours les crédits - pour des raisons de place, il y avait beaucoup trop de photos ce coup-ci, notamment avec le diaporama. Mais toi, tu as respecté l'intégrité des photos. Et de toute façon, le type vraiment amateur de photographie, s'il veut savoir le nom de l'auteur, il écrit et on le lui donne. Et les lecteurs du blog ont pu découvrir le travail d'un Yann Cabello ou d'autres par exemple, cela leur fait un peu de pub, me semble-t-il...
     Enfin, si nous étions dans un monde civilisé, Mignot, au lieu de paniquer, t'aurait écrit via le blog pour t'expliquer la situation, tu aurais compris et tu aurais retiré les photos de toi-même. En échange, tu lui aurais demandé une petite ITW pour parler du boulot avec JLM et de son travail en général, vous vous seriez topé dans la souris et c'était terminé. C'est toujours pareil : on communique de plus en plus, mais on n'arrive plus à se parler...
   
Voilà pour cette affaire assez bête, plutôt triste et tout de même dérisoire (Gaza, tout ça...).
 
     J'espère que tout va bien de ton côté et que tes couilles dorent paisiblement au fil du temps de cerveau disponible de tes lecteurs - tout ceci est métaphorique, tu l'auras compris...

3) Après Beauvallet, tiens... j'aime quand les liens se tissent au hasard de l'actualité, un autre disparu que nous croisons:  BAYON. 

Et on apprend qu'on a raté de peu un reportage consacré à Murat et Manset... 

Bruno B. a en effet signé un reportage avec Armanet - François, par la castafi-N'ord-  qui nous dit ceci:  "Au départ, c’est le producteur Edouard de Vésinne qui m’a proposé de faire un film sur le rock français après avoir vu le documentaire sur les choristes noires américaines, Twenty Feet From Stardom. J’ai immédiatement pensé à mon vieil ami Bayon. Quand je suis arrivé à Libération en 1981, il y avait deux figures : Serge Daney pour le cinéma et Bayon pour la musique. Bayon a imposé le traitement du rock dans un quotidien, ce qui n’existait pas avant en France. Nous avons une vieille complicité et comme le dit la formule, c’est un ami de plus de trente ans. Nous nous sommes d’abord demandé par quel bout prendre cette histoire du rock français. On a nos mousquetaires, Alain Bashung, Gérard Manset, Christophe, Jean-Louis Murat, on a tourné autour de ces noms avant d’avoir l’idée de nous intéresser aux femmes. C’était plus original et par ailleurs, la scène féminine, aujourd’hui, est bien plus intéressante que celle des garçons".

https://france-amerique.com/fr/oh-les-filles-meet-the-badass-women-of-french-rock/

> The documentary Oh les Filles will be broadcast on TV5 Monde USA on Sunday, May 24, at 8:30 pm EST (5:30 pm PST).

=> Discover the Oh les Filles playlist on Spotify and on Youtube:

 

Voici quelques propos intéressants de l'interview par... S. Kaganski!

 

F.A. : Notre point de départ, un peu provocant, était cette question : et si ce n’était pas Elvis Presley qui avait inventé le rock, mais Edith Piaf, en 1949, au moment de la mort de son amoureux, le boxeur Marcel Cerdan ? Quand elle chante Mon Dieu, c’est un cri dans la nuit, un choc sonique absolu, un gospel universel, un blues…

[avec ce point de départ, en poursuivant dans ce monde parallèle, en achronie, je n'ose imaginer les noms des groupes punk clermontois...] 

B. : Et puis un happening. La légende veut que cette chanson ait été écrite par l’amant de Piaf, Charles Dumont, dans la journée. Cerdan meurt et c’est le soir-même qu’elle adresse son incantation au ciel. Il y a là une montée dramatique qui est très rock et qui fait penser à la première diffusion de Heartbreak Hotel d’Elvis. Comme Elvis, Piaf produit un choc sensoriel qui définit un avant et un après. D’ailleurs, une de mes obsessions serait que les pouvoirs publics aménagent la maison ou est née Piaf à Belleville, ce serait notre Graceland.

B. : On peut ajouter à cela Willy DeVille qui dit que le rock est une invention française parce qu’il vient de la bourrée, du rigodon, exportés de l’autre côté de l’Atlantique par les Acadiens et qui ont muté dans les marais de Louisiane au contact du blues.

Brigitte Fontaine:

B. : Elle repose les fondamentaux. Le rock, c’est « fuck », c’est en dehors du monde, c’est contre les parents, contre l’ordre social, contre la bienséance, et ne cherchez pas à comprendre parce que vous ne comprendrez jamais.

 

 
 

4) Les auteurs du dernier clip de Murat signe encore une jolie vidéo toujours pour Pias, filmé à ROYAT.

https://france3-regions.francetvinfo.fr/auvergne-rhone-alpes/puy-de-dome/clermont-ferrand/deux-realisateurs-clermontois-derriere-clip-bresilienne-flavia-coelho-1829058.html

 

Ce clip a déjà 20 000 vues de plus que celui de Murat... Non rien. Allez, pour la peine, hop hop, partagez!

5) CLIN D'OEIL

  On termine encore par de la musique... petite curiosité. Stella chantait des parodies yéyé avant de rencontrer M. VANDER... et de chanter pour MAGMA (et aussi dans la veine humour chez Pipin et le collectif ODEURS).

 

PS: Tu aimes les missions suicide? Tu veux te prendre pour Tom Cruise dans mission impossible?  et bien, tu peux peut-être croire qu'on peut encore faire du business avec la musique?  Pias recherche un Assistant.e Business Development  D2C et B2B!  L'offre stipule qu'il faudra vendre du JLM! C'est donc du tout cuit! https://www.irmawork.com/annonces/20579-assistant.e-business-development 

-ce message a été offert gracieusement à LE LABEL-PIAS FRANCE, non, ne me remerciez pas-.

2e PS:  petit point twitter : L'interview qobuz a suscité un petit buzz  du côté des fachos (condesouche etc)  qui ont retenu ses propos sur le rap... sans savoir qu'il aime la musique "urbaine" américaine, et félicité Orelsan ou encore repris I AM.  Des amateurs du rap l'ont également épinglé... 

Allez, sur ce, tchao,  je vous ai retrouvé avec plaisir sachez-le. J'espère que vous aussi, alors, partagez! commentez! Abonnez-vous! Envoyezdeschèques, Envoyezvos06, enfin  tout le toutim!  Take care!  On se revoit avant de pouvoir passer la frontière italienne!

 

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #Baby Love, #le goût de qui vous savez

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Publié le 28 Avril 2020

1)  Ah, il y en a qui se donne du mal pour m'alimenter en news jour après jour... une photo instagram, une vidéo... et en grattant, grattant, en s'appuyant sur une newsletter du chanteur qui s'était faite rare (elle annonce aussi "des concerts dans toute la France"),  une playlist, une liste d'écoute en québecois, proposée par le chanteur, histoire aussi de mobiliser un peu les auditeurs possibles sur les deezer, spotify... où on a vu que les chiffres n'étaient pas à la hauteur de cet artiste.

C'est annoncé comme un premier volume : SOUL BABY

Je veux le même pantalon!

Bon, à part ça, ne faisons pas  la fine bouche... On adore quand Murat nous cause musique et de ses goûts... même si c'est cette fois sans commentaire de sa part. Dommage. Je vous rappelle que vous trouverez tous les articles à ce propos dans la catégorie d'articles :"goût de qui vous savez sur le blog (ah, que c'est bien foutu quand même).

https://open.spotify.com/playlist/0VwxZ6LyVgJVquaxyv9xGE?si=kQdxunZ0RwyjfWKZhlPxDA

 

A première vue, des choses surprenantes parce que loin du blues et des US puisqu'on nous annonce de la SOUL :

- Bowie,   mais le dernier album de l'homme aux yeux vairons a plu à Murat par ses expérimentations. C'était indiqué dans le Monde en 2018

- aussi du Pet Shop Boys... pour nous rappeler que Julian Mendelsohn, le producteur du morceau, a mixé le Manteau de pluie. En fin d'article-ci, j'avais partagé une interview autour de la pop anglaise et cette collaboration.

 

- On retrouve l'intérêt pour le travail de production, de recherche avec TAME IMPALA, sans compter que Murat aime peut-être le travail artisanal (fait à la maison) du leader Kevin Parker.

- Au rayon Musique du monde: 

*Celentano mais on n'a pas fini d'en parler, puisque je le rappelle un disque de reprise a été annoncé, et je m'en félicite. Murat est un immense interprète, c'est ce que je me disais hier en joggant sur "l'examen de minuit"... et ses adaptations sont une réussite: d'avalanche IV à Richard, mon frère d'angleterre etc etc.

*le tube Caruso, si... 

*et du flamenco avec ROSALIA, chanteuse catalane.  L'occasion de rappeler la phrase : "j'adore les voix de filles qui ne craignent pas les garçons". Une version live et a capela:

Le reste est plus attendu: Tony Joe, Marvin, Wilson, Al Green, en passant par les modernes Kanye et F. OCEAN, en passant par un peu de blues...  le funk (Funkadelic), le jazz, et Donna Summer pour la disco.   On peut quand même découvrir The spinners,  Eddie Kendricks (ancien des temptations), ou King Curtis,  directeur musical d'Aretha Franklin, (qui travaillait sur Imagine quand il fut assassiné...  Quelques années plus tard, Murat faillit appeler son groupe L'homme qui a tué John Lennon... mais ça n'a aucun rapport)

LA LISTE complète:

 

2)  Encore une mini-chronique trouvée sur le web: site Bubzine, mais elle est amusante et touchante!

http://www.bubzine.fr/2020/04/25/jean-louis-murat-baby-love/

Derrière le personnage médiatique bourru, râleur, parfois saignant (sa sortie sur la mort de Johnny), se cache le prince of the cool. La voix traînante, le groove lancinant, c’est la marque de fabrique de Murat. Mais jamais l’auvergnat n’a semblé aussi fun et détendu que sur ce Baby Love ensoleillé et joueur (ah, ces sons de clavier bubblegum, cette wah sautillante : magiques !). Cela fait maintenant quelques années que Murat se réinvente à chaque disque, laissant de côté son folk rock poétique et chaleureux pour embrasser d’autres styles. Ici, il est parfait dans le rôle du vieux beau sur le retour, bien décidé à dynamiter le bal du village et embarquer la jeunesse dans son sillage.

François Corda

Jean-Louis Murat / baby love (France | 6 mars 2020)

 

LA COVER EN PLUS

Une cover par Sinaïve, groupe alsacien, qui a eu l'honneur d'être partagé par Section26 sur twitter. Ah, parce que je vois qu'ils sont en contact avec un de leur collaborateur: Premier extrait vidéo de Reprise Party, K7 de covers (& adaptations à la SLC) qui sortira en collaboration avec l’inénarrable Renaud Sachet et son fanzine Langue Pendue!
Vidéo virale ou rodéo rural présentant des traces minimales de notre confinement. Ici, l'Auvergne de Murat se change donc en mighty Haut-Rhin.     
On pourrait donc peut-être se procurer sur un support physique cette cover.

C'est filmé à Ste-Marie aux mines, au pays de R. Burger. On aperçoit une chapelle mais ce n'est pas celle où joua Murat il me semble (car je crois qu'elle était plus excentrée du centre-bourg)

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #Baby Love, #le goût de qui vous savez

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Publié le 13 Mars 2020

 

 

-  Jean-Louis MURAT était avec Antoine DE CAUNES ce vendredi 13/03 sur FRANCE INTER. Antoine n'est plus que l'ombre de la figure rock qu'il a été, et que Murat avait peut-être un peu fréquenté avec Manoeuvre, et Jean-Louis semble le constater de manière polie... dans une émission où il est très peu invité à parler... Au moins au début. On peut revoir une précédente rencontre entre les deux, en 1989 sur le plateau de Nulle Part ailleurs.

Son choix culturel:   

- LIVRE:  Comment chier dans les bois : Pour une approche environnementale d'un art perdu de Kathleen Meyer     Une occasion de reparler des touristes

- FILM:  CALMOS de Bertrand Blier, un choix "polémique" en cette période ("éloge de la testostérone" selon le quotidien du cinéma)... mais il n'en rajoute pas!

- Série : "bonne nuit les petits"...  "c'est très étrange, tous ces gens qui regardent des séries"....

- Chanson culte:  Mustang sally, de Wilson Pickett.

 

On écoute... et je prends quelques notes en même temps:

Bon, pas si inintéressant que ça... Murat est prolixe, et de bonne humeur!

 

A une question sur la conception de l'album (Murat aurait dit à Denis qu'il fallait faire comme si on était en 85, et qu'il fallait faire une K7 pour plaire à une maison de disque)....   Murat avoue ses arrangements avec le storytelling:  "pour venir devant vous, il faut avoir ce qu'il appelle dans les maisons de disque, du storytelling, alors il faut réfléchir à 3 ou 4 petites formules, du coup, ils sont contents. Alors bien-sûr, c'est complètement idiot de dire : on est en 85, [Rires] Denis m'aurait dit "ça va pas la tête?", Donc ça fait partie de notre job, il y a une sorte de  "halo de mensonges pour donner un peu de sens à ce qu'on fait, et les gens [journalistes] sont près à dire à peu près n'importe quoi pour se donner une profondeur à leur boulot qui est plat comme une limande et qui de toute façon ne mérite pas la profondeur".   On imagine la tête de la fille plate en face de lui... qui relance malgré tout... "pourquoi cette phrase alors?" Et JLM, refusant de parler du fil conducteur de l'album,  de rester sur le même registre: "pour que vous ne soyez pas SECHE, et que vous sachiez quoi me dire".  "ça a marché à fond".

Il revient sur l'anecdote de l'ambianceur. "j'emballais à mort".

Antoine lui parle de la pistachio... et Murat confirme qu'il s'agit d'une fender (et s'amuse des fans qui ont cherché à l'identifier!). 

Ce jour, il indique que la cohabitation entre ses personnalités se passe bien, même si "il s'ennuie tellement avec lui-même"...

"Volvic, c'est earth, wind, and Fire, aussi".

Séquence ensuite sur JJ CALE ET Tony Joe, dont il se sentait proche à la Bourboule (du fait de leur peau, et de la ruralité qu'ils chantaient).

"Si les gens m'aiment bien, c'est que je les aide à se bouger le cul" [je retranscris en gros].

Malgré ses intérêts pour le rap, il indique que c'est globalement désespérant du fait du "rond rond poétique".

Encore une fois ensuite, il avoue qu'il cède au show business, sinon il ne serait pas invité... "ça fait partie du job" "je ne vais pas arriver ici avec la sagesse d'un tenancier du shopi"!...  avec le refus du "robinet d'eau tiède".  "J'aime la joute" (dans la tradition du rock anglais).

Et la question rituelle: qu'est-ce que la pop? "Un trou noir dont nous sortons, ça n'a pas vraiment de consistance, qu'est-ce qu'on peut y trouver, un vieux mouchoir de Sheila...".

 

LE LIEN EN PLUS EST PARTI  FAIRE LA CUISINE.

Allez :  à demain! Avec encore de la radio, de la chronique, et tout le toutim!

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #Baby Love, #le goût de qui vous savez

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Publié le 22 Février 2020

On part pour un petit article vite fait... et en tirant le fil de l'actualité et de la mémoire... on se retrouve en 1981, 1898

 

- Voilà le texte "promo" de BABY LOVE, et curieusement, c'est plus une disco qu'un discours sur le dernier album... Un paragraphe parle quand même du disque imprégné des Earth, wind and Fire... et de la guitare "pistachio" (Murat en parlait en avril 2019 dans les inrocks)

Plus les années passent, plus Jean-Louis Murat accélère son rythme discographique. Relativement économe de ses efforts au début de sa carrière (seulement trois albums dans la décennie 1980, quatre pour la suivante), l’Auvergnat a considérablement augmenté sa vitesse de publication au tournant des années 1990/2000, avec six disques parus par décennie (sans compter les projets parallèles, littéraires, ni les enregistrements publics).

Car il « écrit des chansons comme on purgerait des vipères ».

Au sortir d’une année 2019 passée en studio et sur les routes de France, Murat a notamment réédité deux authentiques chefs-d’œuvre. D’abord, son troisième album Cheyenne Autumn (1989), disque majeur et inusable qui a durablement marqué la chanson française et influencé nombre d’artistes hexagonaux à travers des ballades spleenétiques faisant le grand pont entre Leonard Cohen et Léo Ferré, Robert Wyatt et The Pale Fountains.
Autre réédition anniversaire, Mustango (1999), le septième album de Murat et le premier disque américain de sa carrière, enregistré entre New York et Tucson, aux côtés de Calexico, d’Elysian Fields et du guitariste inventif Marc Ribot.

Avec le transatlantique Mustango, l’homme privilégie l’immédiateté mélodique et retrouve son instrument de prédilection, la guitare, qu’il avait délaissée le temps de l’immense Dolorès (1996), œuvre de rupture sentimentale et artistique principalement composée au clavier.
Dans les années 2000, donc, Murat tient une cadence infernale, alternant albums studio (dont le classique Le Moujik et sa femme en 2002, le triple Lilith l’année suivante et l’atmosphérique Taormina en 2006), collaborations multiples (Isabelle Huppert avec Madame Deshoulières en 2001, Jennifer Charles et Fred Jimenez pour A Bird On A Poire en 2004) et adaptations musicales (Jean de Béranger, Baudelaire et Ferré).
Dix ans après Mustango, l’Auvergnat repart outre-Atlantique pour enregistrer à Nashville, le temple de la country. Le Cours ordinaire des choses (2009) résume bien cette décennie pour son insatiable auteur-compositeur-interprète.

“Chanter est ma façon d’errer”, comme il le dit lui-même.

S’ouvre alors une nouvelle décennie avec Grand lièvre (2011), avant que Murat ne tourne définitivement le dos aux majors et rejoigne le label indépendant [PIAS].
Cet artisan de la chanson française enchaîne les disques en solo (Toboggan, 2013) ou en groupe (le mirifique Babel en 2014 avec The Delano Orchestra, l’endeuillé Morituri en 2016).
En 2017, Jean-Louis Murat échafaude une fusée à trois étages, dont le premier volet volontiers électronique et expérimental, Travaux sur la N89, surprend son monde, avant que le superbe Il Francese (2018), marqué par le deuil (la mort de son batteur historique Christophe Pie) et les aspirations napolitaines, ne vienne couronner des années 2010 décidément prolifiques pour son auteur.

Et comme le chanteur sexagénaire n’en fait qu’à sa tête depuis le mythique 45 tours Suicidez-vous le peuple est mort (1981), il revient en mars 2020 avec un vingtième album, qui n’est pas la fin espérée du triptyque. Comme son titre l’indique, Baby Love est l’œuvre magistrale d’un homme amoureux – comme le miroir inversé de Dolorès un quart de siècle après.
C’est un disque qui groove. “J’en avais marre de réfléchir aux chansons, je voulais d’abord m’amuser et me mettre hors contrôle”, explique l’intéressé. “Cet album concentre toute la musique que j’aime, en particulier celle qui me donne envie de danser, comme le disco. Car je suis un danseur invétéré.”

En plein chamboulement personnel et écoutant en boucle le groupe Earth, Wind & Fire, Murat a composé et écrit ces onze chansons ramassées en quarante minutes, jouant tous les instruments avec son vieux complice Denis Clavaizolle. “Dans le studio de Denis, mon mot d’ordre était de lui dire que nous étions en 1985, comme des débutants en quête d’un premier contrat discographique. Nous avons recherché la simplicité, avec des chansons au format 3’30.”
Tombé sous le charme d’une guitare Pistachio, Jean-Louis Bergheaud s’en donne à cœur joie et s’éclate comme rarement. “C’est la nouvelle guitare de ma vie”, s’enthousiasme-t-il. “En studio, je pensais d’ailleurs à la musique plutôt qu’aux paroles. J’ai presque découvert les textes au moment du mixage de l’album, un peu comme si leur sens m’avait échappé. Je constate que c’est de la chair à psychanalyse. Comme toujours dans mes disques, il est question d’amour finissant et d’amour débutant. J’ai souvent écrit dans cet état de suspension.” Baby Love balance ainsi entre amour nouveau (La Princesse of the Cool, Le Reason Why, Si je m’attendais) et désamour (le single Troie, Réparer la maison, Ça s’est fait). Derrière sa pochette typographique d’un rose disco, se cache le vingtième album studio de Jean-Louis Murat – déjà l’un des grands disques de 2020.

Crédits :

Réalisé par JL Murat
Tous instruments : JL Murat - Denis Clavaizolle
Arrangements : Denis Clavaizolle - JL Murat
Mixé par Aymeric Létoquart au studio de la Seine à Paris
Masterisé par Jean-Pierre Chalbos à La Source Mastering
Artwork et photos : Frank Loriou
Production exécutive : Laure Bergheaud
Management : Guillaume Depagne, gd@aimegmt.com
Paroles et musiques : JL Bergheaud Murat
Editions : Scarlett Productions Editions

 

- En plus de l'article paru dans la semaine, les inrocks.fr nous proposent une playlist de Jean-Louis Murat

https://www.lesinrocks.com/2020/02/21/musique/musique/en-couv-des-inrocks-cette-semaine-jean-louis-murat-devoile-sa-playlist/

Après avoir dit qu'il ne comprenait plus son intérêt pour Neil Young, voilà tout de même qu'il le choisit dans sa sélection...  avec Celentano, et Earth, Wind and Fire dont il a nous a parlé également. On retrouve également Talk Talk (à lire ici), Badu et GS Heron (figurant tous les deux déjà dans une playlist de 2008) avec les mêmes chansons. Plus rare:  du Prince, la californienne Khadja Bonet (extraterrestre) et un choix que je crois vraiment inédit : Tom Waits... dont Marc Ribot (Mustango) fut le guitariste.

Et c'est accompagné d'un nouveau cliché de DENIS POURCHER:  il fait un peu peur, non?

 

LE LIEN EN PLUS
 

Morgane Imbeaud, toujours grignette, connait Jean-Louis Murat depuis toute petite:

http://www.baz-art.org/archives/2020/02/14/37951226.html

"Jean Louis (Murat), je le connais depuis que je suis toute petite, il a travaillé avec mes parents et c'est vrai qu'on a commencé à collaborer ensemble depuis 2007 et Babel et depuis j'ai souvent eu l'honneur de collaborer avec lui sur certains de ses albums. Là il m'a écrit un morceau " si l'amour est un sport" que j'aime beaucoup et qui est totalement dans son esprit.  Jean Louis a su me faire confiance, il m' a permis de me libérer notamment sur scène où j'ose plus et ses conseils m'ont vraiment beaucoup aidé en cela. "

LE CLICHE EN PLUS

Un petit clin d'oeil au lecture actuel de Monsieur Bergheaud (cf article précédent).  Merci à Manu (pas Macron bien sûr) pour l'envoi qui aurait ravi Matthieu (...), l'auteur de l'article "au commencement était un graff" qui renvoyait déjà Murat au mouvement libertaire et anar, bien avant les gilets jaunes.

« Je passe plus de temps avec mes bouquins qu’avec la musique. Je suis un peu timbré des livres », glisse-t-il. Et de nous expliquer que l’ouvrage qui l’a le plus influencé s’appelle Histoire d’un ruisseau, écrit à la fin du XIXe siècle par Élisée Reclus, un géographe et anarchiste français. Une contemplation poétique de la nature, mais pas que…    ouest france en10/ 2018

 

On termine du coup par "l'idée", texte de Charles D'Avray (vers 1898), autre libertaire... alors, n'hésitez pas "suicidez-vous... le peuple est mort", même s'il faut mourir pour ses idées, mais de mort lente comme de bien entendu. Matthieu :

"J'ai contacté Claude Guillon, l'auteur de Suicide mode d'emploi (tu as sans doute entendu parler de ce bouquin qui fit du bruit dans les 80's) et très bon connaisseur de l’anarchisme. Il m'a dit que le suicide était rarement une solution proposée par les anars, ceux-ci le condamnant plutôt comme une forme de désertion... Pour ma part, cette partie-là du tag me fait davantage penser à l'esprit punk de l'époque (No Futur, etc.). En revanche, l'idée de peuple mort fait selon lui écho à une vieille thématique anarchiste, celle d'un peuple trop passif. De fait, Charles d'Avray (l'auteur de "L'idée")  a ainsi écrit un "Le peuple est vieux" et dans "Ni Dieu ni maître", tu trouves le vers "le peuple sommeille"...
 Donc, selon Guillon et moi, ce slogan porte les empreintes de l'anarchisme et du punk. L'humour de l'autre tag ("C'est plus propre") me paraît également le rapprocher du punk, voire d'un certain situationnisme.. Mais j'ai préféré résumer ces diverses conjectures, plutôt que d'ajouter une mini-thèse à l'album photos...[à propos de l'article Au commencement était un graff]

[Février... le moment de la chanson qu'il appréciait: peu me chaut... "S'il faut partir un jour, peu me chaut"]

Bon, ceci dit:

En parlant d’URSS et d’esprit de révolte, tu cites Kropotkine (ndlr. écrivain russe anarchiste, auteur de L’Esprit De Révolte, 1881) dans la chanson Voodoo Simple.
Oui, je lisais ça. C’est nul d’ailleurs, juste un joli nom : Pierre Kropotkine. Sur mon bureau, j’ai aussi son livre La Morale Anarchiste (1889), qui est terrifiant de connerie. L’anarchie s’est pourtant beaucoup appuyée là-dessus. Kropotkine s’essaie parfois à démontrer les preuves scientifiques de l’existence d’un comportement anarchiste, mais il n’y a pas un truc qui tient, c’est archinul.

http://www.magicrpm.com/entrevue-29-04-13/

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #le goût de qui vous savez, #Baby Love

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Publié le 6 Mars 2019

Déjà une archive: Interview dans Rock and Folk et l'influence Talk Talk

Bon, désolé, je ne suis pas assidu en ce moment dans cette période de désert affec.... euh... d'actualités.  Pour rappel, pour ceux qui ne suivraient pas, ceux qui sont au fond près du radiateur:  1) on sait que la 3e étape de la fusée (travaux / Francese/ ?)  est en cours de fabrication    2) Pour patienter, il y a  des rééditions en vinyle (avec Vénus et Passions privées bientôt)     3) Murat est programmé au printemps de Bourges... mais c'est la seule date 2019 pour l'instant... mais bien-sûr il suffit de cliquer sur les articles précédents pour savoir tout ça et un peu plus.

Pour affronter cette disette de nouvelles fraîches, j'avais gardé quelques articles de presse non encore partagés (pour vous laisser la chance d'en profiter en kiosque). Alors voici l'interview de Rock and Folk paru en novembre 2018 (n°615 avec Bowie en couv). J'ai fait bien-sûr mon possible pour faire des photos pourries… mais c'est lisible sur PC.

On y retrouve un Murat délié avec quelques petites phrases,  se plaignant par exemple d'avoir filé son disque à un pote musicien et que celui-ci ne lui ai fait aucun retour par exemple. [Ah, Jean-Louis, ils ont été nombreux à en parler de ton disque, et récemment Charlélie Couture)

A part ça, une petite info en passant sur "suicidez-vous le peuple est mort" et son aversion pour Mitterrand en 81: son père lui a dit que Mitterrand aurait donné l'ordre de tirer sur les mineurs en grève à St-Etienne. (les infos ici: https://www.forez-info.com/actualite/culture/1798-mineurs-en-greve.html  et aussi dans l'humanité)

 

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PS: J'ai beaucoup alimenté ce blog durant les premières années avec les "en direct des tuyaux ouverts", l'actualité youtubesque souvent constituée des archives de M. Five'R.  Je rappelle que mon blog et celui de Didier lui doivent beaucoup (il nous a permis d'accéder aux archives que l'on a exploitées… Didier  a tous lu, moi pas).  En ce moment, Five distribue quelques archives télé en "privé" dans le groupe facebook "Jean-Louis murat". Vu que c'est privé, je ne peux les partager ici, mais je vous informe. Elles peuvent réjouir les amateurs de playback et du Murat minet (on peut l'apercevoir en costume et pantalon à pince…)… mais il y a a aussi un live de 84 écoutable sur Dailymotion (en fin d'article).

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Déjà une archive: Interview dans Rock and Folk et l'influence Talk Talk
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LE LIEN EN PLUS POUR CAUSER CAUSER

Murat n'a pas toujours été celui qui ne jurait que la production américaine (de Lamar en passant par Dylan, et le blues et la soul). Durant un moment, il évoquait les Pale Fountains, Prefab Sprout (jusqu'à en prendre le batteur Neil Conti). Un grand nom de ce courant musical est décédé ces jours-ci, je veux bien sûr parler de Mark Hollis, de Talk Talk qui avait acquis un statut d' "artiste culte" puisque son retour était une des arlésiennes les plus fameuses de la pop. Murat avait envisagé (avec la maison de disque) de travailler avec leur producteur: Tim Friese-Greene.   Ici dans Rock and Folk (1992):

Dans le fameux article de Libération "au pays de Murat" d'oct 91 qui relate la fabrication compliquée de l'album du Manteau:

- Prefab Sprout, écouté en boucle durant l'été par Murat ("Pour nous, auteurs de chansons, Paddy McAloon, c'est l'horloger ...") ; Virgin propose aussi Brian Eno (option atmosphérique). Indisponible, celui-ci répondra par voie de courrier. Murat n'est en tous cas pas si chaud pour Dolby. "Peur de faire chic. De sonner comme un Brian Ferry à la française."
Il pencherait, lui, pour Tim Friese-Greene, qui givre élégamment les disques de Talk Talk ... Et après tout, il ne penche pour personne -- que lui-même.

- Toujours pas question de producteur. Sans doute pour plus tard. Pour le mix final. Friese-Greene, qui traverse l'Afrique à pied, a envoyé une lettre ("Si vous avez fait Cheyenne Autumn tout seul, vous pouvez vous démerder tout seul !").
Murat se remet au travail.

AVRIL. Après hésitation et négociations du côté de Ian Broudie, François Kevorkian, Stephen Hague, c'est finalement Julian Mendelsohn, producteur, entre autres, des Pet Shop Boys, qui apporte sa touche (discrète) à l'album. L'Australien n'en rajoutant pas, les deux hommes s'entendent et passent une dizaine de jours à peaufiner l'ensemble dans les studios ZTT. Au passage, le producteur, plutôt sollicité ces temps-ci du côté "dance", se laisse aller à une opinion sur le travail du frenchy : "En Angleterre, c'est le genre de musique que tout le monde voudrait entendre mais que personne n'achète."

 

Dans la non moins célèbre (si quand même un peu moins) interview dans les Inrocks de 91 (par C. Fevret), Murat évoque Talk Talk comme une influence majeure du manteau de pluie.

L'impression de faux plat tient au rythme, en l'occurrence ce mid-tempo insistant et confortable, qui domine tout l'album.

J'aime bien les chansons qui sont menées sur le ton de la conversation, ou d'un échange amoureux. Dès que le tempo est un peu élevé, les chansons te stressent. Le beat parfait, c'est le battement du cœur. Sorti du battement du cœur, je me sens gêné : j'ai l'impression d'avoir une démarche strictement commerciale lorsque j'accélère le tempo. Je pourrais dire tous les textes de l'album tranquillement, sans chanter. Ce tempo lent se trouve sur beaucoup de ballades de rhythm'n'blues. Tous les gens que j'aime bien, les Otis et les Sam Cooke, travaillaient dans ces eaux-là. C'est le tempo de l'amour. Moi, je ne fais que des chansons d'amour et on ne peut pas parler d'amour sur un rythme de lapin mécanique. Ce que j'aime bien chez Neil Conti (le batteur de Prefab Sprout jouant sur Le Manteau), c'est qu'il a le son de caisse claire du batteur d'Otis Redding, Al Jackson. Dans mon biberon, j'avais cette musique et cette sonorité. Ces trucs de rhythm'n'blues mais aussi Wyatt, Cohen : j'aime ce qui n'a jamais été à la mode. J'en reste aux mots, aux mélodies, aux arrangements qui vont toujours dans le sens des mots et à l'efficacité de la rythmique, sans qu'elle soit omniprésente. Mais pour moi, le grand exemple, c'est Prefab Sprout et Talk Talk. A Pessade, pour le travail sur Le Manteau, je n'avais que leurs disques, je voulais viser entre les deux. Je trouve que les mots français vont très bien sur ce genre de choses.

Fais-tu un complexe vis-à-vis des Anglo-Saxons ?

Dans Johnny Frenchman, sur Passions privées, je dis "Attends que la crinière pousse au lionceau", je parlais pour moi. Cette chanson était au départ une lettre ouverte à Costello, car j'avais lu une interview où il nous traitait de minables. C'était à l'époque des Pale Fountains : d'un seul coup, je sentais quelque chose de neuf, que je pourrais aller dans cette direction. Je voyais les Anglais comme des voyageurs modernes, avec une langue invincible mais je leur disais "Attends que la crinière pousse au lionceau", je sentais qu'il faudrait du temps. Ça peut s'apprendre, il faut avoir des connaissances en art poétique, aimer la grammaire, le vocabulaire, écouter beaucoup de musique, trouver son rythme à soi, ne pas se précipiter. J'avais conscience de partir de très loin. Un peu comme le retard de la renaissance française sur la renaissance italienne.

Dans Purjus.net en 1992: 

Talk Talk - "Laughing Stock"
Un disque de base, quoi. Y'a tout dedans. Ca m'a beaucoup changé ce disque-là. J'ai envie de faire des trucs comme ça après. j'avais contacté Tim Freezegreen, marc Hollis ça me disais rien, mais Feltam, et Harris le batteur. J'aurais aimé travailler comme ça.

Certains continueront de parler de Talk Talk même pour Mustango:

Dans le Temps (Suisse): Pourtant, malgré ce goût pour les caresses un peu rudes de la musique américaine, les ballades de Murat évoquent plus souvent l'univers éthéré d'artistes tels Talk Talk, Blue Nile ou David Sylvian.

Murat en 2016 dans une playlist pour RTL avait choisi de nous faire écouter : living in another world. 

Pour la petite histoire, Murat a peut-être joué du Talk Talk lors d'un concert caritatif (pour la Roumanie): il a joué en effet avec le groupe Steve Mac Queen constitué notamment des copains Alain, Jérôme et Stéphane (les mêmes qui accompagnent Murat dans la vidéo de 84 visionnable ci-dessous).  C'est Matthieu qui nous en causait avec des archives inédites: 

En la circonstance, ce nom doit nous évoquer autant le célèbre acteur américain que l'album éponyme de Prefab Sprout sorti en 85. En effet, le groupe clermontois, monté en septembre 89, compte notamment à son répertoire, en plus de ses propres compositions, des morceaux de Prince, Simply Red, Talk Talk, Joe Jackson ou, justement, Prefab Sprout  [  …] On ne connaît pas la setlist du groupe ce soir-là, mais on peut supposer que Murat préféra jouer des reprises plutôt que ses propres morceaux et qu'il puisa dans le répertoire habituel de Steve McQueen. On sait par exemple qu'il interpréta, les mains enfouies dans les poches de son grand manteau, "It's only love", dans une version plus proche de la reprise des Simply Red que de l'original de Barry White.

http://www.surjeanlouismurat.com/2016/05/article-concerts-caritatifs-en-cours.html

Merci mon Matthieu, et salut Hollis pour nous. Et je vous invite à écouter le live magnifique de Talk Talk à Montreux :

Allez, on termine par  Murat en live in Lyon en 84

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #il francese, #le goût de qui vous savez

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Publié le 25 Novembre 2018

Non, ce n'était pas au Ciné Vox, ni même au Roxy, le bar-ciné de la Bourboule, pas non plus près du quartier des abesses, au studio 28 (et pas, mais alors pas) à l'Atlas, ni dans un quelconque multiplex,  et pas non plus à Clermont un dimanche après midi où on s'ennuie... mais Jean-Louis Murat était invité de la salle du Toboggan pour nous parler cinéma le vendredi 23/11 peu de temps avant son concert au même endroit. Il a choisi dans une carte blanche, que soient diffusés "L'or de Naples" et "Accatone". 

                                              Teresa De Vita dans L'or de Naples

J'étais loin d'être certain qu'il soit effectivement présent, malgré ce qui était annoncé (du côté de Nantes ou de Bourgoin, sur les "à côtés" des concerts, il s'était parfois défilé)... et effectivement, jusqu'à 17 heures, c'est resté très incertain. ET malgré tout, devant une assistance un peu clairsemée, dont beaucoup de retraités (3/4 personnes du toboggan sont réquisitionnés comme figurants), voilà que se présente Vincent Raymond du "petit bulletin" (gratuit lyonnais) avec Jean-Louis... souriant et tranquille.  Vincent Raymond nous le connaissions déjà pour avoir livré le même exercice lors de deux rencontres FNAC, il y a bien dix ans pour la première. Je suis surpris que d'autres fans ne se soient pas mobilisés pour ce moment sympathique. 

Je me décide de filmer avec mon téléphone, avant de me rendre compte que la mémoire est pleine... puis passe à l'appareil photo qui est dans le même cas (ah, je n'ai pas anticipé...). J'efface ce que je peux pour libérer d'un côté en filmant de l'autre... mais il manque donc une partie des propos.

Murat se décoince petit à petit, restant timide, s'adressant surtout à l'intervieweur, mais une très bonne impression se dégage et je pense que le public gardera une très bonne image de Jean-Louis (c'est moins certain des spectateurs du concert qui suivra).  Bien-sûr Murat se délecte à parler culture: référence mythologique et philosophique (extrait manquant), lien que constitue l'Italie du Sud avec la civilisation grecque,  "l'or de Naples" et sa séquence la plus dramatique... Puisque personne connaissait   le film, à leur grand étonnement, ils ne nous en disent pas plus.

 

Jean-Louis Murat parle cinéma (Carte blanche au Ciné Toboggan à Décines)
Jean-Louis Murat parle cinéma (Carte blanche au Ciné Toboggan à Décines)
Jean-Louis Murat parle cinéma (Carte blanche au Ciné Toboggan à Décines)
Jean-Louis Murat parle cinéma (Carte blanche au Ciné Toboggan à Décines)

En fait, dans ce "sketch" dramatique, on suit une mère dans une longue procession mortuaire de son jeune enfant. Elle offre le visage d'une extrême gravité, mais elle souhaite que tout soit parfait, ajustant fleurs et bouquets, choisissant les rues les plus passantes... Le masque va s’effondrer. Murat résume en une interrogation "que faire d'un enfant mort?".  Le "court métrage" laisse la place à plusieurs interprétations... mais Murat raconte qu'il a déjà quitté une fille parce qu'elle n'avait pas ressenti la même chose que lui au cinéma... alors chut... et lui d’enchaîner sur Toy Story 3 d'où viendrait le titre "toboggan" et qui le ferait pleurer (j'ai retrouvé un bout de séquence du film, à voir ci-dessous).

J'ai passé un excellent moment en tout cas, sur la présentation et durant le film, qui donne à voir Naples... si inspiratrice pour Murat, des ruelles à des bâtiments évoquant des temples grecs... Quant à Silvana Mangano, elle est magnifique...

Petit regret: j'ai quitté la salle avant la fin du film, il était 20h30 et j'avais besoin de respirer avant le début du concert... Je ne sais pas du coup comment se termine le dernier sketch: le petit peuple d'une rue, les gens de peu, les gens de rien (qui l'occupe en permanence car ils n'ont pas la place chez eux pour vivre, ni même pour manger) se plaint du riche noble qui souhaite passer en voiture dans celle-ci, les obligeant à se retirer lors de son passage.

(Je crois l'avoir déjà indiqué, mais à propos de Naples, il écrivait déjà beaucoup de choses, en 1990, même si la dépression guettait, et que l'amour du foot disparaissait: à retrouver ici, notamment le lien avec le patois auvergnat). Jean-Louis indiquait (cf article précédent) qu'il se "renouvelle"... mais Murat, l'Italie, le cinéma, la mort, traversent toute son œuvre. On comprend également et de plus en plus qu'il trouve son inspiration chez des auteurs ou des cinéastes (par exemple, il a ainsi dit récemment J’ai écrit beaucoup de chansons tirées de son livre sur la Jamaïque - à propos de VS Naipol).

Les spectateurs sont invités à rester pour le concert, et Murat en remontant l'escalier répond :"m'ouais, il y a le match de foot, allez-y"... En effet, le derby OL-ASSE va se dérouler 2 km plus loin...

Il avait déjà parlé à plusieurs occasions de Toy Story 3, voici le Toboggan:

On se quitte avec "Silvana", et n'oubliez pas en ce dimanche, vos prières:

Que Dieu me garde d'être un triste sujet du temps

Que Dieu vienne choyer son enfant

Que Dieu veuille agréer je dis pour ma fille aimée

Que Dieu vienne choyer mon enfant

Par la volonté de l'Homme

Toute grâce toute beauté

Je veux qu'un feu embrase son âme

Dieu veuille nous garder

Que Dieu me garde d'être un triste sujet du temps

Que Dieu vienne choyer son enfant

Que Dieu veuille agréer je dis pour mon fils aimé

Que Dieu vienne choyer cet enfant

Par la volonté de l'Homme

Toute grâce toute beauté

Je veux qu'un feu embrase son âme

Dieu veuille nous garder

 

Prière pour M...

Dieu des fleurs des ponts-levis
Dieu du rêve Dieu de l'ortie
Dieu des jeunes gens fugueurs
Amateur

Dieu de Sibérie
Dieu de la mélancolie
Dieu des peines de cœur
Laboureur

Dieu du jour Dieu de la peau
Dieu du masque Dieu du tombeau
Dieu des signes avant-coureurs
Dieu vengeur

Dieu des amants désunis
Dieu des larmes Dieu de l'oubli
Dieu du pigeon voyageur

 

Jean-Louis Murat parle cinéma (Carte blanche au Ciné Toboggan à Décines)

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Rédigé par Pierrot

Publié dans #cinéma, #le goût de qui vous savez, #il francese

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